Chapitre 16 : Une autre réalité

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[Musique : Calvin Harris - Sweet Nothing (ft Florence Welch)]

Après le cours d'anglais, je n'avais toujours pas oublié mon altercation avec Damon et je n'avais surtout pas oublié la frustration que ça avait été de ne pas lui répondre, de lui montrer à quel point seule de la merde sortait de sa bouche. Oui, depuis samedi, ma colère s'était amplifiée et il n'avait plus rien de ce gentil mec à mes yeux.

Évidemment, il avait suivi son groupe d'amis pour se rendre à l'entraînement de foot. Il n'allait certainement pas m'attendre à la fin des cours. De toute manière, je ne représentais rien à ses yeux. Peut-être que je n'avais jamais rien représenté à ses yeux. Je ne devais être que cette fille qu'il assimilait à une pute sans avoir à la payer. Et jusqu'alors, je l'avais accepté parce qu'après tout, il avait un bon fond quand même. Il en avait probablement un, mais ça n'enlevait pas le fait que ça restait un connard.

J'avais quitté le cours précipitamment et m'étais dirigée vers le stade, tandis que Lucine me suivait, assez perdue.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda-t-elle.

— Je dois régler quelque chose avec un connard, rétorquai-je avec un brin d'ironie.

Je n'étais pas douée dans l'ironie, sauf quand j'étais excédée, ce qui était le cas en ce moment. Arrivée sur les lieux, certains avaient déjà commencé l'entraînement, d'autres attendaient dans les gradins. Les cheerleaders étaient également présentes. Visiblement, je ne connaissais pas bien leur emploi du temps... et aussi parce que je m'en fichais totalement.

— Tu vas faire quoi exactement ? s'enquit Lucine, assez essoufflée.

— Justement, je sais pas exactement. Mais parler à Damon, c'est un bon début...

Elle fronça les sourcils un instant mais ne dit rien de plus, comme si elle avait peur de gêner.

Je m'approchai alors de quelques personnes, essayant de trouver Damon. Ma présence sembla en surprendre quelques-uns. Enfin, plus aucun de leurs stupides sifflements ne m'étonnait. Rapidement, je repérai Damon sur le terrain et m'approchai de lui. Il s'arrêta immédiatement pour se tourner vers moi, un sourire en coin.

— Tu crois que j'allais encore me taire et accepter que tu me dises de la merde ? lançai-je d'un air bien plus mesquin que je ne l'aurais prévu.

— Mais de quoi tu parles Diana ?

En jetant un bref regard derrière moi, je pus apercevoir que Lucine m'avait suivie, bien qu'elle ait gardé une distance de sécurité.

— De ta fête, de ton comportement...

— Je te l'ai dit, on était tous bourrés, lâcha-t-il en haussant les épaules.

— Parce que tu crois que ça excuse quoi que ce soit ? Devrais-je te rappeler que tu as prétendu que je n'avais pas bu ce soir-là ? m'emportai-je.

— Pourquoi tu en fais tout un plat ? rit-il.

— Mais je rêve... Ça te fait rire ? Tu crois que c'est drôle ?

— Putain Diana... T'es vraiment coincée maintenant... Avant tu n'étais pas aussi coincée...

Le peu d'estime que j'avais pour ce mec depuis notre rupture venait de s'envoler. À croire que chacun d'entre nous avait évolué de son côté, mais lui, ce n'était pas pour le meilleur. Ou peut-être que je voyais juste les choses différemment et que ma vision du monde ne cessait de s'améliorer de jour en jour.

— Ne m'adresse plus jamais la parole ! lui ordonnai-je sans le moindre détour.

Il n'avait pas l'air de l'accepter et voulut poser sa main sur mon épaule, main que j'interceptai aussitôt.

— Et ne me touche plus jamais non plus ! ajoutai-je face à ce geste on ne peut plus déplacé.

— Tu n'es quand même pas sérieuse ? s'enquit-il en arquant un sourcil.

— Parce que tu crois que je déconne ? Ah ah comme on s'amuse ! Ce qui est sérieux, c'est que tu peux aller te faire foutre et ne compte pas sur moi !

Et avant même qu'il ne puisse rajouter quelque chose, je ne me gênai pour lui foutre une énorme gifle. La violence n'était pas une bonne chose, en effet. Même si mon but n'était pas d'égaler la violence de ses propos, jamais je ne pourrais y arriver.

— Et n'envoie pas tes amis pour venir m'emmerder ! rétorquai-je en tournant les talons.

Je revins auprès de Lucine et toutes deux, nous quittâmes le stade sous les regards interloqués de la plupart. Et parmi la foule, je croisai celui de Rachel. Il n'y avait ni mépris ni haine. Au contraire. Il y avait quelque chose que je n'arrivais pas à percevoir, quelque chose que je comprendrais probablement plus tard.

En quittant le lycée, je proposai à Lucine de faire une partie du trajet avec moi. Bien qu'encore déstabilisée par les derniers événements, elle accepta.

— Est-ce que tu veux me donner des explications ou pas sur ce qu'il s'est passé ? me demanda-t-elle timidement alors que nous avions commencé à marcher. Tu n'es absolument pas obligée...

— J'aurais espéré qu'il comprenne quelque chose... Mais je me faisais des illusions et je n'ai plus envie de perdre mon énergie avec ce con.

— Désolée pour toi, répliqua-t-elle automatiquement.

— C'est pas grave... J'avais bien apprécié notre relation, mais il vaut mieux que certaines choses restent du passé.

Elle n'ajouta rien de plus et m'adressa un regard compatissant, voire triste. Et voilà que je n'arrivais plus à avoir une bonne vision de notre relation. Tout se bousculait dans mes souvenirs et peut-être que j'avais idéalisé tout ça, peut-être que j'avais laissé passer trop de choses. Alors, je me tus pour le reste du trajet et fixai un peu trop le sol...


Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant