Chapitre 20 : Le temps passe

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[Musique : Faith Marie - Antidote]

Assez régulièrement, des compétitions sportives étaient organisées entre les lycées de la ville. Le lieu de la rencontre changeait à chaque fois et ce samedi, c'était dans notre lycée.

Lucine, curieuse par cet événement, avait prévu de venir et ainsi, nous pourrions nous croiser à cette occasion. Je me réjouissais déjà rien qu'à l'idée de la croiser. C'était peut-être même l'unique raison pour laquelle je prenais la peine de me déplacer. Après tout, je ne venais certainement pas pour Damon ni Carter ou un quelconque mec de l'équipe.

Encore une fois, Maria s'était inquiétée de mon départ et je n'avais pas hésité à lui mentir. Parfois, ça me brisait le cœur de ne pas être honnête avec une des rares personnes qui se préoccupait de ma vie. Mais il était hors de question qu'elle soit au courant que j'avais volé une bouteille d'alcool du minibar.

Après quelques mensonges, j'avais quitté ma maison alors que le soleil était en train de se coucher. Mon regard s'était perdu plusieurs fois dans l'horizon. Jamais je n'avais fait attention à ces couleurs chaudes qui annonçaient un été imminent. Et étrangement... Je souris.

En arrivant sur les lieux, plusieurs sentiments me traversèrent et se bousculèrent suffisamment pour que je sois incapable de les nommer ni de les décrire. Tout ce que je pouvais dire, c'était que j'avais l'impression de ne pas être à ma place, de découvrir le stade alors que j'y étais venue en début de semaine. Mais cette fois-ci, une grande partie du lycée était présent ainsi que les élèves d'autres lycées.

Je jetai un bref coup d'œil à mon portable en espérant avoir reçu un message de Lucine. En fait, j'espérais surtout la croiser rapidement. Mais rien. Au lieu de ça, je dus supporter les lourds regards et sifflements de Damon, Carter et le reste de leur bande.

Quels connards...

Vraiment, si je pouvais les éviter, je n'hésitais plus à le faire. Et plus jamais je n'avais qu'ils me touchent ou... abusent de moi. À cette simple pensée, j'eus envie de pleurer et je fermai les yeux un instant.

Non, je ne devais pas pleurer. Pas ici. Pas maintenant. Bordel Diana ! Ce n'est pas toi ça !

En rouvrant les yeux, j'aperçus un visage familier qui s'approchait de moi. Malgré les années, j'étais incapable d'oublier ces cheveux ébouriffés et son teint mat qui lui avait valu bien trop de jugements. Son regard m'apaisa immédiatement. Après tout, Sani et moi, nous nous étions plus parlé depuis la fin du collège, quand ses parents avaient décidé de l'envoyer dans un lycée privé.

— Sani ! m'écriai-je.

Alors, je me jetai dans ses bras, le serrant contre moi, en espérant que ce ne soit pas juste un souvenir. Parce qu'un ami comme Sani, j'en avais croisé si peu... En même temps, je n'avais que trop peu d'amis et ça n'allait pas en s'arrangeant.

En le relâchant, j'aperçus son sourire et surtout, les petites fossettes qui s'étaient creusées de par et d'autres de sa bouche.

— Mais tu fais quoi ici ? m'étonnai-je. Ne me dis pas que tu as rejoint l'équipe de ton lycée !

— Non. Ce n'est pas mon genre... Je voulais juste profiter de cette sortie... Et je pensais pas te voir. Encore moins avec une couleur de cheveux aussi extravagante.

Je louchai brièvement vers ma chevelure. Parfois, j'en venais à oublier que j'avais du rose sur tous mes cheveux et que, apparemment, on ne pouvait pas passer à côté.

— J'avais besoin de changer, rétorquai-je en baissant brièvement mon regard.

Il y avait quelque chose d'étrange entre nous. Enfin, nos sentiments n'avaient jamais été ambigus. Aucune d'entre nous ne voulait plus qu'une amitié, nous étions chacun très satisfaits ainsi et n'avions jamais cherché à avoir plus. Malheureusement, malgré tous les bons souvenirs que nous partagions, nous avions perdu le contact.

Après le collège, on avait essayé de s'envoyer régulièrement des messages, puis au fil du temps, on avait oublié.

— Je crois que c'est l'avantage d'être dans le public, ajouta-t-il, toujours en rapport avec mes cheveux.

— Plus ou moins... On ne change pas la mentalité des gens, même sans règlement.

Il me proposa de nous installer dans les gradins pour ne pas louper le début du match. J'acceptai tout en le prévenant qu'une amie nous rejoindrait.

Nous trouvâmes un petit coin à nous, évitant la foule tout en gardant une vue correcte. D'habitude, je ne faisais jamais attention aux regards des autres, mais cette fois-ci, je pus constater que Sani en attirait beaucoup d'entre eux, à croire que sa popularité avait littéralement augmenté – ou totalement chuté – en entrant au lycée.

— C'est moi où tu es devenu populaire ? m'enquis-je d'un air malin.

— Les choses ont pas mal changé et étonnamment, on peut dire que c'est le cas.

— Alors comme ça, monsieur est devenu un tombeur ? le taquinai-je.

— Certains deviennent des Don Juan, d'autres deviennent des punks ! renchérit-il.

— Oh ! Tu ne vas pas t'en sortir comme ça !

Notre discussion s'arrêta brusquement lorsque je remarquai l'arrivée de Lucine. Celle-ci venait tout juste de se pointer devant nous et était assez déstabilisée. Après tout, elle ne connaissait pas Sani, alors je fis rapidement les présentations, ce qui sembla la soulager. Elle s'assit timidement à côté de moi et n'osa pas rentrer dans la moindre de nos conversations.

J'avais comme l'impression de la rejeter, de la mettre de côté et je ne savais plus comment agir entre Sani et Lucine. Je ne pouvais pas non plus leur imposer une relation, même si celle-ci n'était qu'amicale.

La brunette prétendit vouloir regarder le match comme pour s'éloigner de nous et je commençais à culpabiliser sans trop comprendre pourquoi. Alors, je me tus et fis de même, c'est-à-dire, regarder le match qui venait tout juste de commencer...


Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant