Chapitre 5 : Nouveau plan | Partie 2

627 49 0
                                        

— Mais pourquoi tu as fait ça ? s'enquit Sani lorsqu'on quitta le bâtiment C.

— J'ai bien le droit de vouloir le proviseur adjoint, lâchai-je, ne m'arrêtant pas dans ma marche.

Il posa sa main sur mon épaule pour m'arrêter et à en voir son regard lourd, ce n'était pas suffisant comme réponse.

— Tu crois que je peux me faire virer de ce lycée ? demandai-je, presque amusée.

— Diana ! C'est vraiment ça que tu veux ?

— Bien sûr. Mes parents  m'ont inscrit de force, je ne vais certainement pas rester ici bien plus  longtemps. C'est le seul moyen où mes parents ne pourront pas y faire  quoi que ce soit.

— Tes parents riches et influents ? rectifia-t-il.

En effet, il marquait un  point. Mes parents avaient l'argent de convaincre quiconque de me  garder, peu importe mon comportement. S'ils voulaient que je reste dans  ce lycée, ils le pouvaient.

— Ça vaut quand même la peine d'essayer.

— Je pense que tu perds ton temps...

Sa mine contrite me  montrait qu'il ne disait clairement pas ça pour me faire plaisir, mais  juste pour que je prenne conscience de la situation.

— J'aimais bien mon  ancien lycée, admis-je dans un soupir. Non, il n'était pas super et oui,  il avait des tas de défauts. Mais... je sais pas pourquoi, j'ai  commencé à l'apprécier.

— Parce qu'il y a Lucine ? demanda-t-il, un sourire en coin.

Je lui rendis son  sourire. Bien sûr que Lucine était un facteur primordial dans chacune de  mes décisions. Bien sûr que je ne pensais qu'à elle. Et même être  amoureuse n'avait jamais été aussi contraignant dans ma vie, je ne  pouvais pas l'abandonner.

— Ouais... Parce qu'il y a Lucine.

— Ça a beau être très  mignon... Mais ne bousille pas ta scolarité non plus. T'auras pas à te  battre continuellement pour avoir une vie facile, avoir un travail...

Malheureusement, je  devais reconnaître qu'il avait raison et que je devais calmer mes  ardeurs. Je détestais qu'on décide de ma vie à ma place, mais, pour  l'instant, j'allais devoir m'y faire. Parce que je n'avais qu'un an à  subir avant d'avoir une vie assez tranquille, ou du moins en apparence.  Oui, je pouvais travailler dans la même entreprise que mon père,  engranger suffisamment d'argent pour vivre sainement de longues années  puis me lancer dans quelques choses qui me passionneraient vraiment.

— Pourquoi je n'arrive pas à réfléchir à tout comme toi ? soupirai-je.

— Je trouve que, au  contraire, on peut faire un bon duo. Tu agis et je réfléchis. Si on  était tous les deux à agir ou à réfléchir, on n'en finirait jamais.

Après un rapide sourire,  je me jetai dans ses bras pour le serrer contre moi. J'aurais pu rester  ainsi des heures, mais je n'avais pas le temps. Néanmoins, j'étais  vraiment heureuse et reconnaissante de l'avoir à mes côtés. Heureusement  que nous avions fini par nous retrouver, il m'aurait vraiment notamment  pour cette raison, en plus que Sani soit vraiment un ami incroyable.  Mais jamais je ne lui dirais en face, je n'avais pas envie de gonfler  son ego.

— Alors, que vas-tu dire devant le principal adjoint ? s'enquit-il quand je le relâchai.

— Aucune idée. J'improviserai.

— Je doute que ce soit  le bon moment pour improviser. Parce qu'improviser avec toi, ça finit  souvent très mal. Je te rappelle que tu as provoqué volontairement une  prof pour être virée de cours.

— Une prof bien plus intelligente que la majorité des profs que j'ai eu dans ma vie, lui fis-je remarquer.

— Les profs ici sont doués.

— J'avais commencé à le remarquer... Ça change de l'administration.

En même temps,  Vanderburg avait les moyens de se payer de bons professeurs, surtout  quand il s'agissait d'éduquer la future élite selon leurs critères.  Pourtant, je n'allais jamais céder à leur politique, que je le veuille  ou non, mon côté rebelle prendrait toujours le dessus d'une manière ou  d'une autre.

— On ferait mieux de se dépêcher avant qu'on ait tous les deux des problèmes, lança-t-il, assez inquiet.

— En effet. Ça ne donnerait vraiment pas une bonne impression dès le premier jour.

On s'échangea un bref  sourire et on se dirigea vers le bâtiment A. Sani m'expliqua rapidement  que tous les bureaux se trouvaient ici et notamment que les plus hauts  postes étaient au dernier étage. Bien évidemment, ils avaient le droit à  l'ascenseur, mais pas nous. On devait vraiment se taper ces  interminables marches partout. Mon ancien lycée me manquait pour ça,  parce qu'il était petit, quitte à ce qu'on se marche tous dessus.

En arrivant devant la porte du principal adjoint, on s'arrêta et Sani tenta de me rassurer du mieux qu'il pouvait :

— Alors, comment tu vas t'y prendre concrètement ?

— Je pense que je vais  utiliser une méthode qui fait souvent ses preuves. Je vais m'excuser,  dire que je ne le referais pas et demander ce que je peux faire pour  améliorer mon cas.

— Mais... Tu es sûre ? Et d'où tu sors ça ? s'étonna-t-il.

— D'internet bien sûr. Tu me prends pour qui ?

Il leva les yeux un  instant, amusé. Après tout, j'aurais pu lui dire que c'était mes  nombreuses recherches sur le féminisme et l'intersectionnalité qui  m'avaient beaucoup appris dernièrement, mais j'avais préféré lâcher  quelque chose de plus léger. Je n'avais pas envie de me lancer dans une  longue discussion avec lui, j'allais bientôt en subir une à cause de mes  conneries.

— Bonne chance.

Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant