— Si tu veux prendre un petit-déjeuner, y a de quoi faire à la cafétéria, m'annonça Hikaru alors que j'étais sur le point de quitter notre mini-prison.
— Je dois d'abord chercher ma nouvelle carte à l'administration, je ne pense pas avoir le temps, rétorquai-je en mettant mon sac à dos.
De toute manière, nous nous reverrions en cours, ayant le même emploi du temps. D'ailleurs, Sani était dans notre classe pour les cours de la prérentrée. Une chance vu le nombre d'étudiants. Mais j'étais persuadée que nous aurions beaucoup moins de chance lors de la rentrée.
Assez rapidement, je rejoignis le bureau de l'administration et pus récupérer facilement ma carte étant donné qu'il n'y avait presque pas de queue. Néanmoins « Monsieur le relou » ne s'était pas gêné pour faire quelques remarques désobligeantes. Visiblement, j'étais déjà dans son viseur pour pas grand-chose. Je n'osais imaginer sa réaction avec des personnes ayant plus de difficultés.
Désormais, il fallait juste que je trouve la salle de mon premier cours. Une matinée entière consacrée aux mathématiques, autant dire que je n'allais pas vraiment m'y plaire. Au moins, je n'allais pas vraiment me tracasser à trouver la salle. Chaque bâtiment avait une lettre et le nombre permettait de facilement en déduire l'étage. Bien plus pratique que mon ancien lycée où toutes les salles étaient rangées n'importe comment.
En entrant dans la salle de cours, mon regard croisa rapidement celui de Sani et Hikaru, tous les deux déjà installés au fond de la pièce. Immédiatement, je m'assis à leurs côtés. J'eus à peine le temps de vraiment entamer une discussion que je reçus un message de Lucine. C'était un simple « Coucou », un message peut-être sans grand intérêt pour beaucoup, mais maintenant que nous aurions peu d'occasions de nous voir, on faisait comme on pouvait.
Vivement la fin de cette année déjà interminable...
— S'il vous plaît, les téléphones sont interdits dans l'enceinte de l'école.
En levant la tête de mon portable, je remarquai que notre professeure de maths venait tout juste d'entrer dans la pièce. Immédiatement, je rangeai mon portable, sans arguer.
— Merci bien.
Elle jeta un bref regard dans la salle, s'assurant que nous étions tous présents, puis elle ferma la porte et enleva son blouson en cuir.
— Je vais faire simple, parce que nous n'avons que deux semaines pour revoir tout un an de programme. Je suis Madame Baden, annonça-t-elle en écrivant son nom sur le tableau, et pendant ces deux semaines, je serai votre professeure de mathématiques.
Elle croisa ses bras et il y avait quelque chose dans son attitude qui pouvait pousser quiconque à la respecter... Enfin, plutôt à la craindre. J'ignorais si c'était sa grande taille, accentuée par ses hauts talons aiguilles de ses cuissardes, ou encore son intimidant regard vert-émeraude. Son look n'avait vraiment rien à voir avec celui d'une prof, la plupart la jugeraient même probablement bien trop provocante pour enseigner à des ados que ce soit à cause de sa robe moulante qui s'arrêtait au-dessus des genoux ou encore cette longue chevelure attachée en une gracieuse et haute queue de cheval. D'autres jugeraient encore son maquillage bien trop chargé. Mais, au contraire, je la trouvais très classe et je ne pouvais douter de sa personnalité.
— Avez-vous reçu votre manuel ? demanda-t-elle.
Immédiatement, la réponse générale de la classe fut négative. Elle leva les yeux un bref instant mais reprit son cours, faisant totalement abstraction de ce problème en se lançant dans l'écriture de l'énoncé au tableau, n'ayant pas d'autres options.
Me rappelant du message de Lucine, je m'emparai de mon portable pour lui répondre rapidement tout en me plaignant déjà de ce nouveau lycée, et en particulier de « Monsieur le relou ». Je ne pus m'empêcher de sourire en lui envoyant ce message et Sani avait probablement compris à qui je parlais.
— Madame, je vous ai déjà rappelé que les téléphones sont interdits en cours.
Encore une fois, je rangeai mon portable et adressai un sourire à la prof qui s'était visiblement arrêté dans l'écriture de son énoncé.
— Excusez-moi, lâchai-je d'un air plus que faux.
À en voir l'expression sur sa tête, elle n'avait pas l'air de me croire, mais après tout, je n'étais pas du genre à m'excuser auprès des profs, surtout quand je m'engueulais avec eux les trois quarts du temps.
— À ta place, j'éviterais de la provoquer, me conseilla Hikaru dans en murmure en se penchant vers moi.
— Ne t'en fais pas pour moi.
Mon regard se posa longuement sur Madame Baden et soudainement, j'y voyais un moyen de peut-être m'échapper ici : le renvoi. Mon ancien lycée pourrait me reprendre quoi qu'il arrive et ce lycée ne me garderait pas longtemps si je lui donnais mauvaise réputation.
Alors, prête à lancer les hostilités, je ressortis mon portable, traînant sur les réseaux sociaux. Brièvement, je pus voir quelques messages sur Facebook, toujours les mêmes relous qui essayaient de me contacter. Au moins, ils me rappelaient que je ne les avais pas bloqués et qu'il n'était jamais trop tard pour le faire.
— Madame, vous ne m'écoutez donc pas ?
Je levai les yeux de mon portable, un sourire fier sur mon visage, tandis que Madame Baden semblait plus que furieuse.
— Non, pas vraiment, répondis-je avec désinvolture.
— Vous voulez que je vous envoie chez le proviseur adjoint ? me demanda-t-elle, voulant me faire peur.
— N'est-ce pas ce que vous devriez faire ?
Elle soupira un bref instant puis reprit immédiatement son sérieux, comme si je ne la dérangeais absolument pas dans ses habitudes.
— Si vous souhaitiez sortir de cours, vous auriez pu le demander avec plus de politesse et de tact au lieu d'utiliser des moyens détournés la prochaine. Néanmoins, je vous envoie quand même chez le proviseur adjoint... et accompagnée.
— Vous avez peur que je m'échappe ? Classique, mais ce n'est pas dans mes intentions.
— Peu importe vos intentions, c'est le règlement.
Sani n'hésita pas à se désigner responsable pour m'emmener chez le proviseur adjoint et Madame Baden accepta, malgré l'expression exaspérée sur son visage.
— Faites vite s'il vous plaît.
VOUS LISEZ
Le Spleen du Cygne
Dla nastolatkówLe quotidien de Diana Kane alterne entre les querelles avec les professeurs - pour lesquelles elle n'est jamais punies - et les autres élèves du lycée qui ne se gênent pas pour juger le moindre de ses faits et gestes. Pour la plupart, Diana est une...