Chapitre 4 : Nouveau plan | Partie 1

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— Si tu veux prendre un  petit-déjeuner, y a de quoi faire à la cafétéria, m'annonça Hikaru alors  que j'étais sur le point de quitter notre mini-prison.

— Je dois d'abord  chercher ma nouvelle carte à l'administration, je ne pense pas avoir le  temps, rétorquai-je en mettant mon sac à dos.

De toute manière, nous  nous reverrions en cours, ayant le même emploi du temps. D'ailleurs,  Sani était dans notre classe pour les cours de la prérentrée. Une chance  vu le nombre d'étudiants. Mais j'étais persuadée que nous aurions  beaucoup moins de chance lors de la rentrée.

Assez rapidement, je  rejoignis le bureau de l'administration et pus récupérer facilement ma  carte étant donné qu'il n'y avait presque pas de queue. Néanmoins «  Monsieur le relou » ne s'était pas gêné pour faire quelques remarques  désobligeantes. Visiblement, j'étais déjà dans son viseur pour pas  grand-chose. Je n'osais imaginer sa réaction avec des personnes ayant  plus de difficultés.

Désormais, il fallait  juste que je trouve la salle de mon premier cours. Une matinée entière  consacrée aux mathématiques, autant dire que je n'allais pas vraiment  m'y plaire. Au moins, je n'allais pas vraiment me tracasser à trouver la  salle. Chaque bâtiment avait une lettre et le nombre permettait de  facilement en déduire l'étage. Bien plus pratique que mon ancien lycée  où toutes les salles étaient rangées n'importe comment.

En entrant dans la salle  de cours, mon regard croisa rapidement celui de Sani et Hikaru, tous  les deux déjà installés au fond de la pièce. Immédiatement, je m'assis à  leurs côtés. J'eus à peine le temps de vraiment entamer une discussion  que je reçus un message de Lucine. C'était un simple « Coucou », un  message peut-être sans grand intérêt pour beaucoup, mais maintenant que  nous aurions peu d'occasions de nous voir, on faisait comme on pouvait.

Vivement la fin de cette année déjà interminable...

— S'il vous plaît, les téléphones sont interdits dans l'enceinte de l'école.

En levant la tête de mon  portable, je remarquai que notre professeure de maths venait tout juste  d'entrer dans la pièce. Immédiatement, je rangeai mon portable, sans  arguer.

— Merci bien.

Elle jeta un bref regard  dans la salle, s'assurant que nous étions tous présents, puis elle  ferma la porte et enleva son blouson en cuir.

— Je vais faire simple,  parce que nous n'avons que deux semaines pour revoir tout un an de  programme. Je suis Madame Baden, annonça-t-elle en écrivant son nom sur  le tableau, et pendant ces deux semaines, je serai votre professeure de  mathématiques.

Elle croisa ses bras et  il y avait quelque chose dans son attitude qui pouvait pousser quiconque  à la respecter... Enfin, plutôt à la craindre. J'ignorais si c'était sa  grande taille, accentuée par ses hauts talons aiguilles de ses  cuissardes, ou encore son intimidant regard vert-émeraude. Son look  n'avait vraiment rien à voir avec celui d'une prof, la plupart la  jugeraient même probablement bien trop provocante pour enseigner à des  ados que ce soit à cause de sa robe moulante qui s'arrêtait au-dessus  des genoux ou encore cette longue chevelure attachée en une gracieuse et  haute queue de cheval. D'autres jugeraient encore son maquillage bien  trop chargé. Mais, au contraire, je la trouvais très classe et je ne  pouvais douter de sa personnalité.

— Avez-vous reçu votre manuel ? demanda-t-elle.

Immédiatement, la  réponse générale de la classe fut négative. Elle leva les yeux un bref  instant mais reprit son cours, faisant totalement abstraction de ce  problème en se lançant dans l'écriture de l'énoncé au tableau, n'ayant  pas d'autres options.

Me rappelant du message  de Lucine, je m'emparai de mon portable pour lui répondre rapidement  tout en me plaignant déjà de ce nouveau lycée, et en particulier de  « Monsieur le relou ». Je ne pus m'empêcher de sourire en lui envoyant  ce message et Sani avait probablement compris à qui je parlais.

— Madame, je vous ai déjà rappelé que les téléphones sont interdits en cours.

Encore une fois, je  rangeai mon portable et adressai un sourire à la prof qui s'était  visiblement arrêté dans l'écriture de son énoncé.

— Excusez-moi, lâchai-je d'un air plus que faux.

À en voir l'expression  sur sa tête, elle n'avait pas l'air de me croire, mais après tout, je  n'étais pas du genre à m'excuser auprès des profs, surtout quand je  m'engueulais avec eux les trois quarts du temps.

— À ta place, j'éviterais de la provoquer, me conseilla Hikaru dans en murmure en se penchant vers moi.

— Ne t'en fais pas pour moi.

Mon regard se posa  longuement sur Madame Baden et soudainement, j'y voyais un moyen de  peut-être m'échapper ici : le renvoi. Mon ancien lycée pourrait me  reprendre quoi qu'il arrive et ce lycée ne me garderait pas longtemps si  je lui donnais mauvaise réputation.

Alors, prête à lancer  les hostilités, je ressortis mon portable, traînant sur les réseaux  sociaux. Brièvement, je pus voir quelques messages sur Facebook,  toujours les mêmes relous qui essayaient de me contacter. Au moins, ils  me rappelaient que je ne les avais pas bloqués et qu'il n'était jamais  trop tard pour le faire.

— Madame, vous ne m'écoutez donc pas ?

Je levai les yeux de mon portable, un sourire fier sur mon visage, tandis que Madame Baden semblait plus que furieuse.

— Non, pas vraiment, répondis-je avec désinvolture.

— Vous voulez que je vous envoie chez le proviseur adjoint ? me demanda-t-elle, voulant me faire peur.

— N'est-ce pas ce que vous devriez faire ?

Elle soupira un bref  instant puis reprit immédiatement son sérieux, comme si je ne la  dérangeais absolument pas dans ses habitudes.

— Si vous souhaitiez  sortir de cours, vous auriez pu le demander avec plus de politesse et de  tact au lieu d'utiliser des moyens détournés la prochaine. Néanmoins,  je vous envoie quand même chez le proviseur adjoint... et accompagnée.

— Vous avez peur que je m'échappe ? Classique, mais ce n'est pas dans mes intentions.

— Peu importe vos intentions, c'est le règlement.

Sani n'hésita pas à se  désigner responsable pour m'emmener chez le proviseur adjoint et Madame  Baden accepta, malgré l'expression exaspérée sur son visage.

— Faites vite s'il vous plaît.

Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant