Chapitre 2 : Nouveau départ | Partie 2

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C'était ma chambre. Même  que ça serait ma chambre pendant encore un bon bout de temps.  D'ailleurs, la sorte de boîte aux lettres accrochée au mur m'indiquait  qu'on pouvait recevoir du courrier. Mais bon, je supposais que le papier  n'était pas l'unique moyen de communiquer désormais.

Je remarquai aussi la  serrure sur la porte ce qui me fit rappeler que je n'avais pas reçu la  moindre clé et en tentant d'ouvrir naïvement la porte, il fallait bel et  bien une clé. J'allais encore une fois retourner voir ce mec  désagréable à l'administration. Rien que d'y penser me faisait  soupirer... Mais bon, je n'avais pas le choix.

Alors que j'étais sur le point de partir, une adolescente est-asiatique m'interpella.

— Hé ! On m'a dit qu'une terminale dormirait avec moi, je suppose que c'est toi.

— Je crois bien...

On s'échangea un bref  sourire et immédiatement, elle sortit une clé de son manteau pour ouvrir  la porte. Sans hésiter, elle me montra mon lit et où je pouvais  installer quelques-unes de mes affaires. Nous avions chacune une petite  pièce composée d'un lit, une armoire et un bureau ; ainsi qu'une salle  d'eau commune. Juste le strict minimum pour vivre. Et rien de bien  enthousiasmant.

— Hum... Au fait, je suis Hikaru, se présenta-t-elle simplement.

— Diana.

— Peut-être que je devrais te laisser ranger tes affaires. On pourra faire connaissance après... Enfin, si tu veux.

— Avec plaisir.

Je n'avais certainement  pas envie de m'engueuler avec elle. Déjà, elle n'y était pour rien pour  ma situation, et ensuite, je me verrais mal passer une année avec une  personne que je déteste. Alors, autant bien s'entendre.

Alors qu'elle était sur le point de partir, je la retins :

— Au fait, les dortoirs sont vraiment séparés par genre ? demandai-je, au moins pour mettre les choses au clair.

— Oui, et ça fait des  années. Ils pensent que ça va arrêter certaines personnes de se sauter  dessus, mais d'après ce que j'en entends, ça ne marche pas du tout.

— Et les personnes homo, bi ou pan, ça n'existe pas pour eux ? plaisantai-je plus ou moins sérieusement.

— Oui, leurs règles sont complètement connes... et je crois qu'on va bien s'entendre toutes les deux.

Elle m'adressa un bref  clin d'œil avant de quitter la pièce et me laisser ranger mes quelques  affaires. En effet, il y avait de grandes chances qu'on s'entende bien.  Au moins, on était d'accord sur un point et c'était déjà ça. Peut-être  que tout n'était pas perdu pour cette année....

*

Juste avant le repas, je  venais tout juste d'installer mes principales affaires dans ma chambre.  La plupart resteraient là pour toute une année. À moins que je n'arrive  à fuir cet endroit assez rapidement.

Alors que j'étais sur le point de quitter ma chambre, je m'arrêtai devant celle de Hikaru.

— Ça te dit qu'on mange ensemble ou tu avais déjà prévu quelque chose ? lui demandai-je avec quelques hésitations.

— Pourquoi pas !

Elle écrivit rapidement quelque chose sur son ordi portable, le referma et le posa sur son lit avant de quitter celui-ci.

— D'ailleurs, je ne suis pas censée avoir une clé ? m'enquis-je alors qu'elle enfilait une veste.

— Ah oui c'est vrai ! J'avais oublié ce détail ! Enfin, ce n'est pas un détail... Je te la passe tout de suite.

Elle se dirigea vers son bureau et fouilla brièvement dans un pot pour me tendre un exemplaire.

— Voilà ! Ça te sera toujours utile !

— Merci.

Je rangeai les clés dans  la poche de mon manteau et elle m'invita à quitter les lieux, ou cette  sorte de mini-appartement comme je pourrais l'appeler.

— Pourquoi t'es venue  dans ce lycée ? me demanda-t-elle en fermant la porte derrière nous.  Enfin, si ce n'est pas trop indiscret...

— C'est une longue histoire, mais pour faire simple, c'est à cause de mes parents.

— Les parents... Je connais ça. Pareil pour moi.

Elle m'indiqua alors le  chemin jusqu'à la cafétéria et durant le bref trajet, on en profita pour  faire connaissance, ou du moins, s'apprécier un minimum. En tout cas,  le feeling passait plutôt bien entre nous et j'étais persuadée qu'elle  pourrait rapidement devenir une amie proche. D'ailleurs, j'avais  l'impression qu'elle parlait avec beaucoup d'aisance et n'avait aucune  inquiétude à mon sujet. En fait, je passais vraiment pour une lycéenne  quelconque, ce qui était un étrange sentiment. J'ignorais depuis combien  de temps on ne m'avait pas considérée comme "banale"... Et bizarrement,  ce n'était pas si déplaisant que je l'aurais cru.

Après avoir traversé la  cour extérieure, on arriva devant le bâtiment entièrement consacrée à la  restauration. Une géante cafétéria organisée sur plusieurs étages. Au  moins, c'était un bon point par rapport à Independance où on se  bousculait tous pour ne serait-ce qu'avoir une place, aussi pourrie  soit-elle.

D'ailleurs, en jetant un  coup d'œil aux personnes aux alentours, toutes semblaient très  disciplinées et comme prévu, nous avions tous la même tenue : la même  stupide chemise blanche et le même horrible pantalon noir. Les  uniformes... Sûrement des pires manières de combattre le harcèlement.

Puis, parmi la foule, je  repérai Sani et ses cheveux ébouriffés. Lui aussi me reconnut  immédiatement, bien que j'ai un look très différent de mes habitudes.

Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant