Encore une fois, les jours s'étaient bien vite écoulés et la prérentrée prenait fin. Avec beaucoup d'étonnement, je constatais que j'étais assez triste de partir.
Beaucoup d'entre nous étaient recueillis par leurs parents ou un proche. Hikaru avait immédiatement rejoint son oncle Hiroshi. Nous avions brièvement discuté puis ils étaient partis, prévoyant d'aller manger ensemble au restaurant.
Sani et Hilary avaient retrouvé leurs parents dans la bonne humeur. Ceux de Sani étaient même très heureux de me revoir et, comme toujours, avaient été adorables. Malheureusement, la plupart des personnes les regardaient d'un mauvais œil à cause du voile qui recouvrait les cheveux de sa mère.
Quant à Elaine, personne n'avait pu se libérer pour la récupérer. Mais malgré son visage a priori neutre, il y avait comme une pointe de tristesse dans sa voix et c'était suffisant pour me persuader que rien n'allait chez elle. Et pourtant, elle semblait être une fille si rayonnante. Enfin, j'étais la mieux placée pour savoir que les masques étaient parfois très utiles pour se protéger.
Puis les minutes s'écoulèrent, peut-être un peu trop avant que ma mère ne daigne pointer le bout de son nez. Elle gara sa grosse berline sur le rebord de la route et ne prit même pas la peine de descendre. Elle m'invita juste à monter d'un signe de main.
Dès que je m'installai dans le véhicule, je compris pourquoi elle était restée à l'intérieur. Elle était en plein appel téléphonique. Ainsi, elle évita toute politesse à mon égard. Je n'eus même pas le droit à un "bonjour, ça a été ?" qu'elle avait déjà repris la route.
Alors, je me contentai de regarder le paysage par la fenêtre. Avec un peu de chance, elle ne resterait pas cette semaine dans les parages et je n'aurais pas à la subir. Ça ne changerait pas de d'habitude... Cette pensée était presque suffisante pour me faire apprécier complètement cette école privée.
En remarquant le décor qui ne défilait plus, je compris que nous étions arrivées à destination. Je me tournai alors vers ma mère, presque avec désinvolture.
— Je te dépose et je vais devoir m'en aller, m'annonça-t-elle froidement.
— Bonjour ? Ça va ?
— Pardon ?
— Ah pardon, maintenant que tu m'as éjectée de la maison avec l'aide de ton ex-mari, je ne mérite plus la politesse.
— Tu ne vas quand même pas faire une scène ! s'écria-t-elle.
— Depuis que je suis gamine, ton ex-mari et toi avez essayé de m'inculquer quelques valeurs. La politesse en faisait partie, comme toute éducation. Mais encore une fois, je vois que c'est "fais ce que je dis, pas ce que je fais".
Je ne lui laissai même pas le temps de répondre, ne voulant certainement pas entendre ses stupides plaidoiries et me dirigeai vers la maison. Enfin, ce serait bien trop facile. Elle quitta sa voiture dans la précipitation et me rattrapa.
— Diana ! Je ne tolérerai pas ces propos bien plus longtemps ! s'emporta-t-elle, persuadée que je me plierais à ses demandes.
— Tu n'as pas un travail ? tentai-je comme simple esquive.
— On a bien fait de t'envoyer dans cet endroit ! Peut-être que tu apprendras enfin les bonnes manières.
Je lui répondis simplement : un sourire provocateur. Et à en voir sa tête, ça avait l'air assez efficace. Néanmoins, elle ne rajouta rien et retourna dans sa voiture. Avant qu'elle parte, je récupérai rapidement ma valise dans le coffre.
Comme je m'y attendais, aucune marque d'affection... Elle n'avait même pas échangé un regard. Elle se fichait totalement de moi. J'aurais pu pleurer. J'aurais toutes les raisons de le faire. Et pourtant, impossible. Au lieu de ça, seul un rire nerveux m'échappa.
Tant pis.
Alors, traînant ma valise à roulettes – qui avait bien diminué de poids depuis –, je rentrai chez moi. Heureusement, Maria m'accueillit avec beaucoup de convivialité et me prit même dans ses bras. Son contact était si chaleureux et si doux que j'avais presque envie de pleurer.
— Comment ça a été là-bas ? Tu t'es fait des amis ? s'empressa-t-elle de demander, tout sourire, en me relâchant.
— Tout va bien et j'ai rencontré quelques personnes sympas.
Son visage rayonnait et la voir ainsi me rassurait. Au moins, je n'étais pas si seule que ça dans cette maison.
Soudainement, ma sœur déboula les escaliers en courant et se jeta sur moi pour me prendre dans ses bras à son tour. Je m'assis sur mes talons pour me mettre à son niveau et elle me serrait fermement comme si mon absence avait été douloureuse. J'aurais tellement voulu rester proche d'elle et continuer de la protéger des horreurs de ce monde du mieux que je pouvais. Mais je savais que c'était impossible. Et cette simple pensée me fendait le cœur à chaque fois.
Maria nous annonça le menu pour ce midi : des lasagnes, ce qui convint totalement à ma sœur et moi.
Après le repas, on avait passé à regarder l'après-midi à regarder des films. Un bref message de Lucine vint tout de même perturber ma séance. Elle espérait juste que je sois bien rentrée et que tout aille bien, avec un petit emoji cœur.
Ma sœur remarqua alors ma joie et se tourna vers moi curieuse.
— C'est de ton amoureuse ? s'enquit-elle.
— Oui. C'est d'elle.
— C'est cool si elle te rend heureuse.
Elle n'ajouta rien de plus et continua de suivre le film. Cette conversation avait beau être si courte et si basique, ça me rappelait pourquoi j'appréciais autant ma sœur. Je savais qu'elle avait un bon fond. Malheureusement, je devrais l'abandonner un jour si je voulais fuir nos parents... et je regrettais déjà ce moment.
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Le Spleen du Cygne
Novela JuvenilLe quotidien de Diana Kane alterne entre les querelles avec les professeurs - pour lesquelles elle n'est jamais punies - et les autres élèves du lycée qui ne se gênent pas pour juger le moindre de ses faits et gestes. Pour la plupart, Diana est une...