"Salut, toi..."

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MISE À JOUR 3.2 - IA

Premier pas


Le réfectoire était bondé.

Son regard se porta sur les quelques tables épurées en lévitation. Toutes étaient occupées.

Ia déglutit. Quelle bonne idée qu'elle avait eu de se tartiner de cette crème étrange mise en libre service dans sa salle de bain ! Elle avait cru lire sur le flacon qu'elle assouplissait la peau. Elle avait eu du mal à déchiffrer, d'autant plus que le temps de l'école remontait à loin. Elle devait avoir six ou sept ans à tout casser lorsque ses parents avaient été obligés de la retirer. Ils n'avaient plus assez de moyens pour payer les frais.

Ia était de naturel solitaire. Si elle pouvait éviter de se sociabiliser, elle en était d'autant plus heureuse. Mais aujourd'hui, elle allait devoir faire face à ce dilemme.

Tapotant nerveusement son plateau du bout des doigts, elle navigua prudemment dans l'allée. Du coin de l'œil, elle examinait les visages afin de discerner si elle pouvait s'intégrer. Mais à chaque tablée, un au moins se montrait particulièrement hostile.

Elle crut qu'elle allait mourir de honte, ici, les pieds plantés dans le sol et les mains serrées autour de son plateau, sans savoir où s'asseoir.

— Salut, toi, fit une voix veloutée dans son dos.

Figée, la respiration comprimée, elle se retourna lentement.

L'apollon qui semblait la poursuivre lui adressa un sourire en coin, ses yeux verts splendides plissés par un amusement qu'elle ne saisissait pas.

— Bon-Bonjour, balbutia-t-elle, assommée par tant de beauté réunie dans un seul être.

Cela ne pouvait être naturel, elle en était persuadée.

— Moi c'est Callum, reprit-il joyeusement, passant d'une main à une autre une pomme parfaitement ronde et rouge : le genre de nourriture coûtant plus d'un an de salaire chez elle. Et toi ? ajouta-t-il après un silence embarrassant.

— Iria-Alessys, dit-elle cette fois-ci d'un ton plus assurée, ses mains resserrant nerveusement son plateau.

Mais pourquoi ce Grand venait-il lui parler ? Elle, la misérable ? Il ne pouvait qu'avoir une idée en tête et Ia sentait la panique l'envahir à la simple d'idée d'y penser.

Toutefois, l'apollon souleva un sourcil dans une mine de surprise sincère.

— C'est étrange comme nom, releva-t-il d'un ton ironique mais étonnamment doux.

— Oh, oui, les gens ont plus l'habitude de m'appeler Ia.

Il agrandit son sourire, ses mains cessant son manège.

— J'aime bien.

La nervosité à son comble, Ia se mordilla les lèvres puis lâcha d'un ton glacial :

— Bon, qu'est-ce que tu me veux ?

— Seulement te proposer de t'installer avec nous.

Elle en tomba des nues. S'installer avec eux ? Manger avec eux ? Avec l'orgueilleux petit-fils riche à n'en plus finir ? Elle scruta son regard afin de s'assurer que tout ceci n'était pas un quelconque défi stupide et humiliant. Il semblait sincère mais elle n'arrivait pas à abandonner sa méfiance. Elle était là, lovée dans un recoin de son cerveau, lui murmurant de ne pas faire confiance à un Grand.

Les Grands étaient tous des menteurs, des manipulateurs et des hypocrites.

— Qui ne dit mot consent ? insista-t-il avec une mimique craquante.

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