MISE À JOUR 3.1 - MIKE
Premier pas
« Recule, Anna. Recule, je t'en prie ! »
Une slave d'images et de son assaillit sa mémoire. Rires, pleurs, sourires, cris.
Des mains glacées et trempées entourèrent son visage. Les ongles se plantèrent dans sa peau et tracèrent des lignes écarlates le long de ses joues. La souffrance embrasait son cerveau. Les mains remontèrent, dessinant des volutes ensanglantés autour de ses yeux, puis descendirent, soulignant la courbe de ses lèvres. Un cou s'offrit à sa vue, d'où émanait une odeur entêtante de rose et de jasmin.
Un souffle vibra contre son tympan, des lèvres fleurirent contre le creux de son oreille.
« Je t'aime, Mike. Je pourrais m'arracher le cœur pour toi. »
Peur. Faisant battre le sien plus fort.
Puisant dans ces dernières forces, il la repoussa. Et il put enfin la voir. Un sourire mutin plissait ses yeux aux iris délavés.
« Zaya ? »
Elle émit un long sifflement réconfortant, ses yeux bleu glacier s'ancrant aux siens. Un de ses longs doigts fins se balada sur sa lèvre supérieure puis se glissa entre elles, sans cesser de l'observer. Sa bouche se rapprochait dangereusement, son haleine fraîche balayant sa joue.
Une tension les maintenait liés dans cette instant suspendu, dans cette fugacité de l'avant basculant dans l'après.
Mike ne pouvait s'empêcher de ressentir un élan étrange dans sa poitrine. Une pointe de désir qu'il se devait de renier.
Il était conscient que tout ceci n'était pas réel. Et pourtant, son souffle était si envoûtant, d'une régularité et d'une profondeur qui l'animait de l'intérieur.
« Zaya, arrête. »
Il sentit son sourire s'étendre sur son visage alors que son index jouait avec sa lèvre inférieure.
« Je sais que tu ne m'aimes pas. Tu ne peux pas t'arrêter de penser à elle, n'est-ce pas ? »
Il souleva délicatement son doigt et l'observa droit dans les yeux.
« Tu n'es pas réel. »
Elle eut un rire frais, sa chevelure presque blanche dans l'obscurité cascadant sur son visage, chatouillant sa joue. Elle sentait bon jusqu'aux pointes.
« Mais qu'est-ce qui est réel, Mikaelus ? »
Ses traits se modifièrent, se durcissant, s'épaississant. Ses cheveux se raccourcirent, ses yeux se rétrécirent, ses joues se creusèrent et sa mâchoire s'élargit. Le regard sévère de son Grand-Paternel se posa sur lui, froid et distant.
« Tu ressembles bien trop à ton bâtard de père. Heureusement que j'ai repris ton éducation en main. »
Sa main rêche agrippa le col de Mike. Un sanglot secoua silencieusement la cage thoracique de celui-ci.
« Tu as intérêt à ne pas à me décevoir, tu as bien compris ? »
Voix dure, sans appel. Aucune faille, rien qui ne puisse l'aider à garder pied. Pourtant, il le savait tout au fond de lui : tout ceci n'était pas réel.
« Ou sinon, je crois que je passerai dire un charmant bonjour à ton père ! Crois-tu qu'il aime le goût du cyanure ? »
Une larme s'échappant de ses paupières closes. Ses narines frémirent, sa respiration s'alourdissant d'une colère indescriptible. Il était plus fort que lui à présent. Il pouvait l'affronter.
« Arrêtez, arrêtez, A-RRÊ-TEZ ! »
Et son rêve explosa.
Il émergea de son sommeil pantelant, les yeux grands ouverts et transpirant à grosses gouttes sur le lit suspendu de sa chambre personnelle. Fixant le plafond parcouru de nervures géométriques fluorescentes, Mike passa une main tremblante sur son visage chiffonné.
Apaisant sa respiration, il frotta ses côtes. Depuis la projection, il ressentait comme un froid dans cette zone d'où pulsait des piques de douleurs sans fondement. L'image de la doctoresse palpant son torse à la recherche d'hématomes naissant lui revint en mémoire. Selon elle, ce n'était qu'un choc post-traumatique de la projection. Si on l'avait sorti à temps de celle-ci avant que son personnage ne meurt, entraînant sa propre mort, son esprit était encore persuadé qu'une balle déchirait sa peau et sa chair entre ses côtes.
Les projections n'étaient pas des jeux. Depuis tout petit, son Grand-Paternel lui apprenait à faire la distinction entre réalité et irréalité. Or, pour un joueur, cette différence était nécessaire pour leur survie.
L'esprit dictait au corps ce qu'il devait ressentir. Si dans la projection, celui-ci était persuadé que tout était réel, les conséquences, elles, le seraient. Callum avait failli y passer à cause de cela. Mais bien heureusement, son esprit était suffisamment en dehors de l'emprise de la projection lors de sa mort virtuelle.
Il jeta un coup d'œil anxieux à son réveil. Quatre heure du matin. Il ne lui en restait plus que trois avant que la torture commence. Aujourd'hui, c'étaient au tour des interviews avec Titus. Il savait déjà sur quoi les questions allaient tourner pour sa personne. Il n'y aurait que pour Mikaelus Senior de Marchand de Guy. Lui, le petit-fils indigne d'une mère frayant avec les Crasseux, Mikaelus Junior Eastawn, ne pouvait être intéressant.
Toutefois, il ne trouverait plus le sommeil. Pas après ce cauchemar dès plus perturbants. Zaya, l'aguichant ? Quelle idée ! Elle était sa sœur de cœur. L'unique femme au monde l'ayant cerné. Mais cela ne faisait pas d'elle sa future conjointe, au contraire !
Il était trop nerveux, voilà tout. D'autant plus que la gosse des Crasseux l'avait bien humilié durant l'entraînement. Lui, qui s'attendait à la voir échouer lamentablement, il avait été surpris. Puis lorsqu'elle avait fondue en larmes, il n'avait pu que ressentir du mépris. Il ne supportait pas ceux qui jouaient des numéros émotionnels pour attirer de l'attention et de l'affection. Qu'elle se procure un nounours, plutôt !
Il eut un petit rire en imaginant la petite fille frêle entourant de ses bras maigres une peluche ourson démesurée. Il n'arrivait pas à la voir autrement qu'ainsi. À ses yeux, elle n'était pas une adversaire. Douée, peut-être, mais immature.
Unreal n'était pas qu'une démonstration d'habileté. C'était aussi une épreuve poussant en dehors des limites du concevable, relevant parfois à de la torture psychologique. Et elle, elle s'était effondrée à la simple idée d'être enceinte !
Soupirant, il glissa hors de son lit et se réfugia dans la salle de bain. Il ouvrit le robinet de la douche, se débarrassa vivement de son shorty et se faufila sous la cascade brûlante.
L'eau ruisselait sur ses muscles contractés par l'adrénaline et les délassait par sa chaleur. Poussant un soupir d'appréciation, il s'adossa contre un mur et glissa jusqu'au sol. Ses cheveux mouillés retombaient devant son front, brouillant sa vision. Le son des gouttes percutant les dalles occupaient son esprit, écartant toute autre pensée. Plus de soucis, plus rien.
Seulement son visage. Son sourire et ses rires. Cela lui réchauffa légèrement la poitrine, chassant le froid constant qui l'emprisonnait.
Il sourit. Un sourire mouillé mais chaleureux. Un sourire timide mais exubérant.
Un véritable sourire. Un sourire qu'il ne montrait à personne. Même pas à elle.
Il était bien, là. Sous l'eau qui brûlait sa peau. Sans un seul regard sur lui.
Si seulement il pouvait y rester pour toujours...
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Replay
Science Fiction3666. Entre projections et une humanité surpeuplée, Iria-Alessys, ou plutôt Ia, n'a qu'une seule possibilité pour échapper à sa destinée de miséreuse : participer à Replay, l'édition spéciale des cents ans d'Unreal, une émission mêlant jeu vidéo et...