"Rédemption"

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MISE À JOUR 5.1 - MIKE

Au cœur de la nuit


Inspirant une profonde goulée d'air, Mike plongea la tête sous le jet d'eau. La fraîcheur du liquide diluait la sueur imprégnant les pores de sa peau.

Il passa une main sur son front et souffla lentement l'air en surplus de ses poumons. Des gouttes sillonnant sur ses joues et s'accrochant à ces cils se détachèrent. Éclatant contre sa lèvre inférieure.

Embarrassant sa respiration.

Cillant, il releva prestement la tête. Dans son mouvement ample durant lequel sa nuque ploya, son cou musculeux se tendant, son regard mouillé croisa celui de son reflet.

La glace en face de lui affichait son visage, pâle à en être translucide, une expression de résignation abattant ses traits droits et hachés.

Brimant son souffle, il approcha sa figure encore luisante d'eau sous les néons de sa salle de bains. Ses doigts glissèrent sur le froid lisse de la vitre, son reflet et son enveloppe charnelle se rejoignant à un même point. Une concentration d'essence de son être, pulsant dans le bout de ses doigts.

Ce battement saccadé, emplissant et désemplissant ses veines, se répercutait dans l'ensemble de son corps. Ce son lancinant tournait la moindre de ses molécules en un engrenage métallique d'une horloge organique. Lui rappelait que chaque seconde le rapprochait un peu plus de la mort.

La mort...

Il ferma les yeux un instant, se coupant du monde. Laissant les souvenirs s'éclater sur l'armure qu'avait enfilé sa carapace émotionnelle. Un continuel ressac, l'harcelant, le narguant, le menaçant. Fouillant la moindre issue, tentant d'exploiter la moindre faille.

« Elle s'appelait Anna. »

Drôle comment une simple conjugaison pouvait afficher à travers les lignes le drame qui l'avait secoué. Comment le passé pouvait signifier une si brute et inattendue finalité.

« Je t'en prie, Anna, recule ! »

Mike ouvrit brusquement les yeux.

L'obscurité n'aidait pas. La lumière n'aidait pas. Rien n'aidait.

À l'exception de...

Il sut aussitôt que cela était une mauvaise idée. Que Callum refuserait.

À moins que...

Le plan germa dans son esprit. Il n'avait qu'un seul moyen pour se faire pardonner de la stupidité dont il avait fait preuve dans la matinée. Afin qu'ensuite, son instinct protecteur reprenne le dessus sur sa rancœur et le fasse accepter.

Il allait le regretter, il le sentait. Mais ses choix étaient limités. Outre le fait qu'il avait besoin du soutien de son acolyte tout de suite, un différent resterait entre eux durant le lancement de Replay s'il ne réglait pas les choses.

Lancement qui commencerait demain à la première heure.

Il jeta un coup d'œil à l'affichage digitale en bas de son miroir. Vingt-trois heures luisaient faiblement sur la surface lisse. Il manquait de temps. Il ne pouvait plus tergiverser.

Saisissant un sweat-shirt traînant à terre, il l'enfila à l'envers afin de dissimuler le numéro dans son dos qui lui était attribué, et sortit en trombe de sa salle de bain. Se chaussant d'une paire de baskets abandonnée parmi tant d'autres sur le seuil de sa chambre, il quitta son quartier individuel pour la pénombre du couloir.

Le siège d'Unreal était séparé en de nombreuses sections, s'empilant telles des cubes. La seule chose qu'il savait, c'était que le six cent soixante-sixième étage logeait les participants et chaque infrastructures leur étant dédié, à l'exception de la scène de Titus. L'aile droite attribuée aux participants de genre masculin les séparait des participants de genre féminin installés dans l'aile gauche. Entre les deux, se trouvait la partie commune dans laquelle les deux sexes se mêlaient et où les plus grosses infrastructures étaient disposées, tels que le réfectoire, la salle de rassemblement ou les cellules d'entraînements.

Pour réussir son plan, Mike se devait de traverser cette zone interdite de nuit. Mais bien que ses connaissances sur l'ensemble du bâtiment étaient floues, il savait où étaient localisées les caméras de surveillance dans cette étage. À la perfection.

Laissant ses yeux s'habituer à l'obscurité, il releva la capuche de son sweat-shirt puis prit soin de s'éloigner de sa chambre avant de se confronter à l'œil des caméras.

Malgré ses acquis sur leur emplacement et leur champ de vision, certaines restaient inévitables.

Il traversa l'allée menant à la partie commune d'une démarche forcée, afin de ne pas indiquer son identité par sa gestuelle.

La menace de son Grand-Paternel lui restait en mémoire. Les sanctions dans l'émission n'étaient pas à prendre à la légère. Autant ne pas commencer en se tirant une balle dans le pied.

Il franchit le seuil de l'aile droite en pressant le pas. Il évita alors le couloir principal large de trois mètres comme la peste, pour profiter des recoins sombres et des couloirs doublés.

Son e-brain lui murmurait sans cesse l'heure qui filait. Rendant sa marche plus nerveuse encore.

Pour s'occuper l'esprit, il se demanda ce qu'il pourrait bien lui dire. Ses pensées étaient vides toutefois. Aucune idée ne lui venait en tête. Il s'agirait d'improviser. Encore une fois. Comme toujours.

Après quelques détours chronophages, il parvint enfin à franchir le seuil de l'aile gauche. Cette partie lui était méconnue. Se référant toutefois au plan qu'il avait pris plaisir à examiner en attendant l'arrivé de Mikaelus Senior dans son bureau, il démasqua les globes translucides se fondant dans le décor.

Jouant sur la fine limite des champs de vision, il se faufila jusqu'à la chambre 12B.

Il s'immobilisa un instant, un pressentiment le prenant à la gorge.

La sienne était 12A.

Hésitant, il jeta un coup d'œil sur l'écran plat longeant la porte. Les informations concordaient. Ceci était bien sa chambre.

Il sentait déjà le remord s'infiltrer à travers tous ses pores. Quelle idée avait-il eu !

L'image de Callum, renfermé sur sa chaise, lui revint avec brutalité, coupant court à tous doutes naissants. Il faisait cela pour lui.

Alors, il porta deux doigts sur le pavé de reconnaissance tactile.

Étant le petit-fils du patron, il avait accès à beaucoup d'avantages. Avantages dont son Grand-Paternel croyait ignorés de son héritier.

La porte, validant son identité, s'ouvrit silencieusement, dévoilant une chambre plongée dans l'obscurité.

Il s'y glissa, veillant à ne pas marcher sur quelconque objet traître au sol. Mais celui-ci était propre comme un sous-neuf. Laissant un échapper un soupir, il se détendit.

C'est à cet instant précis qu'il l'entendit. Elle murmurait. Un enchaînement sans fin de mots décousus. Une litanie à glacer le sang.

Il distingua ensuite une Veilleuse. Nuage fluorescent contenu dans une sphère de champ magnétique, elle luisait dans le noir. Éclairant un corps fluet et pâle emmêlé dans ses draps.

Curieux, il se rapprocha. Il discerna la sueur huilant son front, collant ses mèches bleutées entre elles. Des sons pâteux sortaient de sa bouche.

Puis un silence. Un soupir.

Un sanglot.

Elle était en plein cauchemar.

Agissant par pure impulsion, il se pencha au-dessus d'elle et secoua son épaule.

— Ia, réveille-toi !

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