DISTINCTS (En Correction)

Trente-huitième Partie

  Le son apaisant de la machine à café est le seul bruit qui anime mon appartement, je sens même le vide silencieux autour de moi. Les dernières gouttes du liquide se déversent dans la tasse et je suis enfin contente de savoir mon estomac bientôt satisfait.

  Doucement, je descends les longues manches de mon pull gris en laine jusqu'à mes paumes pour les protéger de la chaleur de ma tasse quand je la prendrai. Calmement, en enserrant le bout de mes doigts autour du mug, je me retourne et m'adosse contre le comptoir de la cuisine.

  J'admire le paysage matinal qui m'est offert par la baie vitrée de mon salon.

  C'est juste magnifique.

  Le ciel est d'une teinte rosée tirant légèrement sur l'orange corail, pour cause que le soleil se lève tout juste. Les quelques immeubles qui logent à gauche et à droite de mon champ de vision ont aussi l'occasion de profiter de la douce chaleur du soleil levant, leurs ombres se projetant dans la salle. Même s'ils privent quelque peu mon appart d'être totalement inondé par la lumière du jour, ce spectacle reste magique.

  Un peu plus loin, le lac, par lequel est entouré cette petite ville est tout lisse, comme s'il n'a jamais été tourmenté. Il se reflète à l'intérieur la belle image du soleil. Eau pure et sereine. C'est vraiment beau à voir.

  J'observe ce spectacle avec une certaine admiration : ça fait longtemps que j'ai perdu cette habitude de profiter des choses aussi belles et simples qu'un levé de soleil.

  Je porte ma tasse à mes lèvres pour pouvoir savourer mon café. Il est corsé, juste comme je l'aime. Néanmoins, il ne réussit pas à me faire oublier ce pour quoi j'ai été amenée à voir un si beau paysage aujourd'hui. Mes yeux se fixent sur l'horloge de la pièce et je soupire en lisant l'heure : cinq heures cinquante-neuf du mat.

  Malgré mes efforts, je n'ai pas réussit à fermer l'œil de la nuit.

  Mon cerveau a toujours adoré travailler doublement le soir et cette nuit, il a trouvé de quoi être satisfait pour cogiter inlassablement dans mon crâne.

  Les scènes avec Hillary me sont revenues à chaque fois qu'une autre se terminait. Je les ais revues tellement de fois que maintenant je pourrais en faire un sketch sans oublier un seul des détails. Et même à ce moment encore, je me souviens du regard lourd et pesant que m'accordait ma sœur, de ses mots tranchants et poignants, de son histoire blessante et honteuse. Je me rappelle des coups dans le cœur que j'ai ressentis quand elle m'a dit toute la vérité, de ma haine contre les meurtriers de mes parents qui s'est estompée au moment où elle m'a raconté son histoire.

  Je me souviens de tout. Et ce tout ne fait que dissiper mes doutes sur le fait qu'elle m'ait mentit.

  Durant la nuit, je me suis faite pleins de scénarios.

  Un où Hillary ment, où elle fait tout ça pour se venger des parents à travers moi.

  Un autre où elle se trompe tout simplement de personnes, où elle n'est pas ma sœur mais se fait passer pour elle et me raconte des bêtises, espérant me rendre folle (et je ne sais sincèrement pas pourquoi j'ai songé à ça).

  Et un autre encore où je suis en plein cauchemar et que je vais me réveiller dans l'avion me menant en Angleterre.

  Mais soyons réalistes, aucune de ces options n'est véridique. Le premier scénario est impossible car je sais pertinemment que Hillary ne me ment pas. Pourquoi le ferait elle ? Le second est totalement absurde et m'est venu à la tête après plusieurs options rejetées. Quant au dernier, j'ai l'ai eu lorsque j'en avais marre de réfléchir.