Vingt-quatrième Partie

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Je me redresse de la chaise en fixant un long moment la main que me tend Alexis. J'hésite à la saisir. Pourquoi le devrais je ? Nous nous connaissons à peine et se serrer la main serait une marque beaucoup trop intime à mon goût. Cependant, je lui prend la main sans le quitter du regard. Il me fait un large sourire que je ne lui rend pas.

‹‹ Que dirais tu de prendre un verre avec moi un de ces quatre, histoire de refaire connaissance ? Enfin, dès que tu seras dans un bien meilleur état. ››, dit il en me détaillant de la tête au pieds.

Je le dévisage. Ai-je bien entendu ? Envisage t il vraiment un rendez-vous ou un quelconque futur avec moi ? J'espère qu'il ne se fait pas des films. Je l'avoue, c'est un très bel homme et je ne nie pas également que j'ai eu le béguin pour lui il y a quelques années. Mais il est hors de questions qu'il se passe quoi que ce soit entre nous.

‹‹ Ne le prends pas mal Alexis mais je ne vois pas l'utilité de prendre un verre, fais je. Je n'ai aucune envie de mélanger vie personnelle et vie professionnelle. Par contre, je suis sûre que mon amie Fabiola sera contente de te revoir. ››

Il me fixe un moment avant de hocher la tête et de rire.

‹‹ J'ai bien compris le message, commence t il, tu ne veux rien tenter avec moi. Je suppose que tu es déjà prise.

- Je ne vois pas en quoi ça te regarde !, réponds je assez sèchement.

- Donc, tu es célibataire !, conclut il tout seul. Ce qui signifie que j'ai le champ libre. Allez, accepte mon verre. ››

Je le regarde en arquant un sourcil. Comment ça '' le champ libre '' ? Non mais je rêve ? Tu n'as aucun champ de libre mon pauvre vieux.

‹‹ Ce n'est pas parce que je n'ai personne que tu peux avoir le champ libre !, rétorque je en roulant des yeux.

- Hum..., fait il en haussant les épaules. Reste à voir, effectivement. Je vois que ma proposition ne t'intéresse pas...

- En effet !, le coupe je.

- Mais tiens, garde mon numéro au cas où tu changes d'avis. ››, dit il en écrivant sur un bout de papier qu'il me tend ensuite.

Je croise les bras sur ma poitrine, trouvant son geste déplacé. Mais j'en ai rien à battre de son numéro ! Il commence vraiment à me taper sur les nerfs là. Je scrute le bout de feuille que Alexis tient en main.

‹‹ Je commence à avoir une crampe là ! ››, ajoute il.

J'ai un instant de réflexion puis je prends finalement le papier. Après tout, s'il veut avoir de faux espoirs, c'est son problème. Je ne le contacterai jamais, bien entendu. Mais j'en connais une qui va être ravie de le faire. Fabiola.

‹‹ Si tu cherches Willem, rajoute il alors que je range ma chaise, il se trouve à l'étage supérieur. Emprunte les escaliers et tu verras une porte au fond du couloir : c'est son bureau. ››

Je lui fais un bref signe de tête, sentant son sourire sur moi, et je prends la direction qu'il m'a indiqué. Face à la large et unique porte de l'étage supérieur, je porte ma main à elle pour toquer. Mais je me stoppe dans mon action quand une voix à peine audible me parvient. Elle semble se maîtriser mais on sent bien l'agacement de la personne à travers elle.

‹‹ Mais je ne peux pas... Bien-sûr que si ! Mais comprends moi, je ne peux pas faire... Tu sais très bien ce que je penses de tout ça... Oui, je suis de ton côté, que crois-tu ? Tu es mon père !... ››

J'ai un tic en entendant ces paroles venant de la bouche de Willem. Son père... Il est vrai qu'il n'a jamais mentionné le sujet de sa famille – tout comme moi – mais j'étais persuadée qu'il n'avait plus aucun lien avec elle. Pourquoi ? Je ne saurais formuler exactement la réponse à cette question. J'en étais tout simplement certaine. Et le ton qu'il vient d'employer en prononçant la phrase : '' Tu es mon père !... '' ne faisait qu'augmenter ma certitude. Il a prit une tonalité pleine de froideur, d'amertume, de regrets et peut-être même de dégoût.

DISTINCTS (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant