Cinquante-troisième Partie

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  ‹‹ Non, c'est pas vrai !, s'écrie t elle, surprise.

  - Et si ! Je suis enceinte de Willem. ››, je confirme en hochant la tête.

  Je fixe Hillary derrière les barreaux, à la recherche d'une quelconque réaction de sa part. Elle ne fait que m'observer. Ses yeux me détaillent lentement sans qu'elle ne dise un mot. Puis finalement, elle arrive à dire :

  ‹‹ Et... C'est ce que tu veux ?

  - Quoi ?! Mais oui, c'est ce que je veux ! ››

  Je fronce les sourcils, toute ma joie redescend dans l'instant.

  J'avais longtemps hésité à tenir Hillary au courant de ma grossesse mais après mûre réflexion, et aussi grâce à l'insistance de Fabiola, j'avais finalement cédé. Mais là, je me dis juste que j'aurais dû m'en tenir à ma première décision.

  ‹‹ Tu pourrais quand même faire semblant d'être heureuse, je m'emporte.

  - Oh euh... Je suis vraiment ravie pour toi. C'est juste qu'il me semblait que tu ne voulais pas d'enfants... Enfin, pas tout de suite...

  - Ne t'inquiète pas pour ça !, dis je en me détendant alors que je comprends sa réaction. Willem m'a rassurée, ça n'empiétera pas sur notre travail. ››

  Je lui fais un grand sourire qu'elle me rend dans l'immédiat. Finalement, elle semble heureuse pour moi comme je l'avais espéré. Je continue alors:

  ‹‹ Tu peux pas savoir à quel point je suis heureuse. Tu t'imagines ? Un mini Willem. Là, dans mon ventre. Oui je suis vraiment contente !

  - Oui je vois ça !, fait elle remarquer. Tu es resplendissante Layla, ça se voit à des kilomètres que Willem te comble de bonheur et que tu en es dingue.

  - C'est si visible que ça ?, je demande avec une grimace.

  - Vraiment plus !, affirme t elle en souriant grandement. Mais ce n'est pas plus mal. Je suis contente pour toi. Pour vous. Vous allez être des parents formidables ! Surtout toi. Et crois moi sur paroles : j'ai été celle qui t'a vu prendre soin de tous tes jouets comme s'ils étaient tes enfants, même cette théière que mamie t'a offerte pour Noël. ››

  Je ris à ce souvenir, tout comme Hillary.

  Après sa fugue, je n'aurais jamais cru qu'elle et moi aurions pu rire ensemble de cette manière. Maintenant, je me rends compte qu'elle est très importante dans ma vie et que je l'aime, malgré ses erreurs. C'est ma grande soeur et ça, c'est une chose qui ne pourra jamais changer.

  Je la regarde un long instant et remarque sa maigreur. Elle a changé depuis la dernière fois que je l'ai vu. Elle est beaucoup moins entretenue, ses joues se sont creusées, ses cheveux sont emmêlés et son regard se vide peu à peu. La prison ne lui va pas du tout. Mon sourire tombe.

  ‹‹ Ma soeur va avoir un bébé, c'est incroyable ! J'arrive pas à le croire. J'aurais tellement aimé être à tes côtés..., dit elle, les larmes aux yeux.

  - Non... Non s'il te plaît, ne pleure pas, sinon je vais pleurer aussi et ça serait pas bon pour le bébé, je dis, au bord de craquer.

  - OK OK, j'arrête !, fait elle en s'essuyant les joues. Désolée... C'est juste que... Je suis heureuse que tu vives ce que je n'ai pas pu vivre. Je te souhaite réellement tout le bonheur du monde.

  - C'est gentil Hillary ! Merci... ››

  Je m'approche d'elle et fais de mon mieux pour la prendre dans mes bras.

  Là tout de suite, je pourrais tout donné pour qu'elle ne soit pas derrière les barreaux, je pourrais tout donné pour qu'on ait eu une enfance normale, sans parents agents secrets. Hillary n'aurait jamais eu à fuguer, mes parents n'auraient jamais été assassinés, je n'aurais jamais cessé de vivre à cause de la vengeance. Tout ça ne serait jamais arrivé et ma soeur et moi aurions pu vivre ensemble, heureuses. Elle aurait pu rencontrer l'amour elle aussi, tomber enceinte, se marier, devenir une mère exceptionnelle du fait de son côté protecteur.

  Je me sens mal que tout se soit passé aussi mal.

  ‹‹ Alors ? Combien de mois ?, me questionne t elle, alors qu'on se sépare.

  - Presque trois !, je m'excite.

  - Et c'est pour quand le mariage ? ››, me demande t elle, sournoise.

  Je feins de m'étouffer avec ma propre salive, ce qui me donne assez mal à la gorge.

  ‹‹ Mariage ?, je m'étonne. On ne va pas se marier, Hillary !

  - Et pourquoi pas ?, questionne t elle à nouveau.

  - On se connait depuis à peine six mois qu'on se connait et ça ne fait  que trois mois qu'on est ensemble.

  - Bah justement !, approuve t elle. C'est le moment, non ?

  - Hillary !, je souris. On s'aime, c'est évident mais là, on est pas encore arrivés au stade du mariage.

  - Mais pourquoi ? Je ne comprends pas...

  - Ne cherche pas à comprendre, c'est juste comme ça ! Je pense qu'on est pas encore prêts pour un engagement pareil. ››

  Hillary se contente de hocher la tête, compréhensive. Puis elle oriente la conversation sur autre chose, sur nos vieux souvenirs minimes mais agréables. Je revis ces moments et je me demande comme j'ai fait pour la haïr. Elle a toujours été une grande soeur formidable, toujours présente, toujours attentionnée et,apparemment, elle n'a pas changé d'un poil. Et je l'aime.

   J'aimerai que tout redevienne comme avant. Je ne veux plus la voir derrière ces barreaux alors je prends une décision drastique :

  ‹‹ À ton procès, je plaiderait en ta faveur, je te le promets !, dis-je en lui prenant la main.

  - Qu-Quoi ?, s'étonne t elle. Tu peux pas faire ça...

  - Si je le peux ! Je peux dire que tu n'as rien fait de mal à part suivre Queckoll qui te menaçait de mort si tu t'en allais vers la police. Ainsi tu auras une peine allégée et tu sortiras plus vite.

  - Mais... Mais ça serait mentir ! Tout ça c'est faut ! Pourquoi Layla ?

  - Je ne supporte plus de te voir derrière ces barreaux ! Je ne le supporte plus, je veux que tu sortes et que tu vives, comme moi. Je ne dois pas être la seule à connaître le bonheur, je le refuse même. ››

  Ma soeur me sourit un instant et je me reconnais bizarrement à cause du bleu de ses yeux.

  ‹‹ Je ne peux pas te laisser faire ça ! Tu as fait ton boulot Layla, ne gâche pas tout juste pour moi. J'ai fait de grave erreurs et maintenant, j'en paie les conséquences. Je ne suis pas forcément fière, mais j'assume le fait d'être punie pour mes actes. Je n'ai pas toujours été un petit ange, tu t'en doute. J'ai tué des hommes Layla, certes des criminels comme moi, mais c'était tout de même des hommes. J'ai des remords, mais je mérite ce qu'il m'arrive. Je ne cherche pas une peine allégée Layla. Ne fais pas ça, s'il te plaît. Vis pleinement en pensant à moi, je t'assure que c'est amplement suffisant pour moi. ››

  Ce qu'elle dit me touche. Je n'ai jamais vu ma soeur aussi sérieuse et aussi confiante à la fois. Elle sait que ce qu'elle a fait est mal, elle le regrette mais elle assume tout de même, elle n'a pas envie de se défiler. Et ça, c'est le meilleur exemple que j'ai à suivre. Toujours assumer ses actes. Toujours.

  Je lui souris et je sens une larme perler sur ma joue. C'est une larme de tristesse mais aussi une larme de fierté. Je suis fière d'avoir une soeur pareille !

DISTINCTS (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant