Cinquantième Partie

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  « Alors c'est d'accord ! Je passe te prendre dans trois quarts d'heure, s'enthousiasme Fabiola à l'autre bout du fil.

  - Fab, rien n'est d'accord du tout ! Il est hors de question que..., je m'interpose.

  - À plus ! », s'écrie t elle avant de raccrocher.

  Pour ne pas changer,  mon amie est une vraie tête de mûle aujourd'hui. Je devrais plutôt dire que c'est la personne la plus bornée que le monde ait porté. Malgré mes plaintes, implicites comme explicites, de cette dernière semaine, Fabiola a insisté comme une dératée pour me faire accepter une sortie avec elle au SPA aujourd'hui.

  Avec le ton le plus catégorique que je possède, je lui ai dit qu'il n'en était pas question. Pour deux raisons : un, nous sommes jeudi, c' est à dire un jour ouvrable,  et par conséquent, je suis sensée bosser ; deux, j'ai beaucoup de boulot ces derniers jours à cause de l'affaire sur laquelle Francis, Guillaume - un membre de l'agence - et moi travaillons. Sans exagérer, nous bataillons littéralement sur cette affaire pour obtenir de réelles preuves qui ne s'effondreront pas au premier intempérie. Pourtant, je dois avouer que nous galérons à trouver des preuves tout court.

  Cette situation a le fâcheux don de me faire stresser à un point inimaginable. Et le fait que je ne comprenne pas pourquoi c'est ce sentiment qui m'anime n'arrange en rien mon état. Même Willem n'a pas réussit à me détendre malgré nos... Hum... Disons nos distractions. Mais bon, le travail l'a emporté sur le plaisir.

  Exténuée, je soupire gravement et entreprends à me gratter la tête puis je m'affale sur la pile de documents. Il me faut plus d'heures de sommeil, c'est un fait. Et peut-être aussi des heures de détente. Fabiola n'a pas totalement tort... Elle a raison même !

  Finalement je crois qu'accepter son offre est l'une de mes meilleures idées. Même si je n'ai pas accepter.

  Après un instant, je décide de me lever de mon siège et d'aller prendre une tasse de café. C'est mon antidépresseur par excellence. Je pose la tasse sous la machine et regarde le liquide couler lentement, ça a le don de m'apaiser un petit peu. Quand la machine s'arrête, j'avance un pied vers elle mais je me stoppe en sentant un léger vertige me prendre. L'adjectif " léger " se transforme tout d'un coup en " intense " si bien que j'en viens à me rattraper de justesse au bar de la cuisine pour ne pas tomber.

  La sensation est étrange et particulièrement désagréable alors, dans l'intention de la faire se dissiper, je me lance sur ma tasse de café. Malheureusement pour moi, dès que la forte odeur parvient à mes narines, je suis étreinte d'une grosse nausée.

  Sans attendre, je me dirige vers l'évier pour régurgiter tout ce que mon estomac a pu stocker ces vingt-quatre dernières heures. Mais visiblement, je n'ai pas assez mangé pour me mettre à vomir. Je reste là, la tête penchée au-dessus de l'évier et de la bave coulant de ma bouche grande ouverte.

  Je mets un temps fou à m'en remettre, j'essaie de comprendre ce qui vient de se passer. J'essaie, mais je n'y arrive pas, rien ne colle, tout est décousu. Pourquoi j'ai été prise de soudaines nausées ? Pourquoi j'ai failli m'écrouler sur le sol à cause de simples vertiges ? Pourquoi ? Comment c'est possible ?

  Je me pose ses questions en cherchant des réponses bien que je doute que celles-ci me plaisent. Mais c'est bon, il n'y a pas de quoi s'inquiéter, je vais mieux, je n'ai plus envie de vomir. Et j'en suis ravie car mon état me stressait.

  Certaine que tout va pour le mieux, je me redresse doucement après m'être rincer la bouche. Cependant, lorsque je veux aller prendre la tasse, une nouvelle nausée revient à la charge, m'incitant à reprendre ma position d'il y a deux minutes. Mais cette fois, je vomis réellement.

  Je vomis le contenu de mon bide et c'est comme si je vomis toutes mes entrailles jusqu'à me vider de toute énergie. Sincèrement, je n'aurais jamais cru avoir autant manger pour déverser autant de vomi. Pourtant, je me suis visiblement trompée puisque je vomis pendant ce sui me paraît une éternité.

  Quand je m'arrête enfin, je reste longtemps dans ma position. Je me sens faible. Mes yeux sont grands ouverts, mes narines se dilatent, espérant s'approvisionner en air, ma bouche est toujours ouverte, ma gorge est sèche, tous mes membres tremblent, comme si je suis en pleine agonie. Le goût infecte du vomi me reste sur la langue, j'en ai même aussi au coin de mes lèvres. Dégueulasse.

  Vivement, j'active l'eau et me rince tout le visage avec. Je fais mon possible pour m'enlever le goût abominable qui siège contre ma langue même s'il faut avouer que l'eau ne suffira pas. Puis, je fais de mon mieux pour désinfecter l'évier.

  Au même instant, la porte de mon appartement s'ouvre. J'entends immédiatement la voix plus que enjouée de Fabiola retentir dans l'entrée.

  ‹‹ Je suis là !, s'exclame t elle. Désolée pour le retard mais j'ai été retardée par Alexis. Tu sais, quand il me regarde avec ses petits yeux étincelants de marmotte, je n'arrive pas à me détacher de lui. Mais je suis là maintenant et... Layla ? Ça va ? ››

  Il semblerait qu'elle ait enfin remarqué mon état puis qu'elle s'est arrêtée de déblatérer comme une dingue. Je sens son regard inquiet sur moi, mais je tente d'en faire abstraction, me concentrant sur les faits présents.

  Mais putain, qu'est-ce qu'il m'arrive ?

  Fabiola s'approche de moi, ne sachant pas quoi faire. Puis soudain, elle renifle bruyamment et me demande :

  ‹‹ Layla, tu as vomis ? ››

  Je l'imagine directement grimacer à cette pensée mais cette remarque n'a pas le temps de m'amuser alors je hoche simplement la tête, incapable de formuler une phrase tant je suis stupéfaite par les événements.

  ‹‹ Mais... Comment... Et pourquoi ? Tu es malade ?, me questionne mon amie.

  - Putain Fab, j'en sais rien !, je finis par lancer. On devrait... Aller à l'hôpital, c'est vraiment plus sûr !

  - Oui, je t'accompagne. ››, me propose t elle.

  Je n'attends pas plus longtemps pour prendre mon manteau, des bottes et mon sac pour qu'on y aille. J'espère réellement que ce n'est rien de grave. Vraiment.

DISTINCTS (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant