Aidan était installé dans un confortable canapé, sur la blancheur immaculé de ses coussins. Il procrastinait devant l'écran plat du salon, qui passait une de ces anciennes séries humoristiques bien connues. Bien qu'en intérieur, une casquette grise était vissée sur le sommet de sa tête. Il ricanait en voyant les joyeuses plaisanteries, les blagues potaches et les personnages burlesques. Autour de lui, l'espace semblait avoir été lavé récemment. Chaque objets, chaque éléments était à sa place sans une trace de poussière. Une canette de soda, dont les pétillements s'échappait de l'embouchure, était posé sur table en verre d'une transparence cristalline, tout comme la belle porte fenêtre qui donnait vue sur le jardin. La bibliothèque, contre laquelle elle était collée, gardait de nombreux livres sans intérêts dans un rangement ordonné et sans défauts. Dans la pièce voisine cuisinait une charmante jeune femme, au corps somptueux et fragile, dégageait un enivrant parfum de fleurs. Les pointes blondes de sa longue chevelure brune était naturelles. Le doux parfum épicé de ses préparations emplissait les pièces voisines et ne manqua pas de faire venir Aidan, qui se glissa derrière elle, les mains au dessus de ses hanches, intrigué par ces mets diversifiés et colorés, étalés sur quelques planches à découpés:
- Qu'est-ce que tu prépare? demanda t-il, curieux.
- Tu verra quand ça sera à table. Répondit-elle dans un sourire radieux. Tu as pensé à sortir la poubelle?
Aidan baissa ses mains, et se dirigea vers la table, où il déballa un chocolat qui traînait là. Il continua, ironiquement:
- Tout à été fait ce matin, chef.
- Et la voiture? Ça en est où?
- Il faudra encore un peu de temps. Le voisin n'a pas vraiment l'air disponible en ce moment. Je crois qu'il est pas mal occupé avec les histoires dans sa maison.
- J'espère qu'il en auras bientôt terminé, on en as vraiment besoin. Tu peux dresser la table? J'en ai bientôt terminé.
Un air amusé, taquin, caractérisa son visage:
- Tu ne veut toujours pas me dire ce que c'est?
Une onde, une pulsion explosa violemment à l'interieur de sa boite crânienne. Ses paupières s'écartèrent. Sa casquette avait disparue. Il voyait autour de lui les gens encore dans une inaction saturnienne, parfois ronflant, loqueteux et puant, calés les uns contre les autres sous des couvertures faisant le festin des mites. Tous avaient les yeux fermés, tête baissé ou allongé, dans un sommeil difficile. Chacun profitait de la lampe a piles qui permettait de regarder le règne de la désolation. Il remarqua l'absence de Jared, à laquelle peu avaient finalement prêté attention. Il jeta un oeil vers Franck, qui sommeillait dans la rangée d'en face, puis vers Lexi, le fusil sous le coude, qui dormait tête reposé contre l'empilement de marchandise à deux personnes de lui.
Il contempla, pendant que les autres dormaient, la photographie qu'il gardait précieusement dans la poche intérieur de sa parka. Son regard était rivé sur le papier haute qualité qui gardait le souvenir impérissable de cette magnifique femme, dont il aimait prendre le temps de regarder. Lexi, qui s'était réveillée, fixait discrètement cet homme, perdu dans ses pensées. Elle avait vaguement interprétée la disparition du vieillard, mais comprit que son intégrité s'était un peu plus envolé et compromise. Mais Il savait depuis longtemps que par la suite, inévitablement, il abandonnerait ce qui lui restait encore d'humanité, dans le but de vouloir simplement survivre. Ce n'était pour lui que le commencement d'un processus inévitable.
Un homme, qui se reposait contre Shanon, se leva sans bruit. Il portait un manteau noir par-dessus ses épaules larges, fait d'une matière synthétique. La capuche de son pull rouge vermillon ressortait derrière sa nuque. Il s'assit devant Aidan, un léger sourire aux lèvres, l'air amical:
- Toi c'est Aidan, c'est ça?
- C'est bien ça.
- On a pas encore eu l'occasion de se connaître. Moi c'est Chester, Chester Cadalso. Enfin, les noms de familles n'ont plus vraiment d'importances. J'espère que vous êtes pas trop à l'étroit ici. Au moins, on manque pas de nourriture.
- Tu est ici depuis longtemps?
- Je suis arrivé ici il y a un petit moment, on était plus nombreux à pouvoir sortir y a encore un moment. Au moins on évite le danger ici, en tout cas plus que dehors.
- Et tu aides aux recherches, à l'extérieur?
- Je les ai aidés plusieurs fois, mais la plupart du temps je reste ici avec Shanon, pour surveiller l'abri. Merci de nous venir en aide, maintenant que vous êtes là, ça va simplifier les choses. Faites attention à vous, c'est tout ce que je vous demande.
Il s'arrêta, et remarqua la photo qu'Aidan tenait entre ses doigts:
- C'est ta belle?
Aidan la tendit à Chester, qui l'examina:
- Elle s'appelait Lauren. On vivait ensemble depuis des années dans une petite ville. On avait une vie tranquille...en tout cas bien plus que maintenant.
Son sourire s'élargit, il gloussa quelque peu:
- Elle est magnifique. J'aurais bien aimé la connaitre. Dit-il en la rendant. Comment vous vous êtes rencontrés?
- Tous les matins, pendant une longue période j'avais l'habitude de prendre mon petit déjeuner dans un petit restaurant avant de me rendre à un petit job que j'avais trouvé. C'était souvent noir de monde, mais comme je venais tôt j'avais toujours ma place. Un beau jour elle est venue et m'a demandé si elle pouvait s'installer à côté de moi, elle a vite fini par avoir une place que je lui attitrait. Alors on se retrouvait chaque jours, dans le fond de la salle ou elle était sûr de pouvoir s'asseoir. Je m'en souviens encore, pour commencer a se connaitre, on a parlé de musique, elle me voyait toujours avec un casque sur les oreilles chaque fois qu'elle arrivait. Souvent, je repense à ce souvenir. C'est impérissable. Peut-être que sans ça, je serais surement devenu fou.
- Qui ne le serais pas. On a tous besoin de quelque chose pour se raccrocher et ne pas perdre les pédales. Ça fait partie du peu de choses qu'il nous reste. Je voudrais vraiment pouvoir écouter un morceau de musique, n'importe quoi. Un petit air de guitare, ou de trompette, pour se souvenir de ce que ça fait de ressentir une mélodie. Je ne parviens pas à me souvenir de la dernière fois que j'ai entendu quelque chose qui y ressemblait. Les gens que je détestait, même ces salauds arrivent à me manquer, et je suppose que c'est la même chose pour la plupart d'entre nous.
Aidan et Chester échangèrent leurs doux souvenir, parfois sous l'écoute de ceux qui les entouraient, intrigués. L'ambiance maussade s'effaça en parti, au profit des sourires et des rires provoqués par leur conversation, oubliant le désert dans lequel ils subsistaient et les carnages hors de ces murs.
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Misérable rédemption
Ciencia FicciónL'existence passagère de l'être humain se clôture. Les sociétés bâties prennent fin. Son évolution se conclue et ses traces disparaîtront. Les derniers hommes se meurent, subsistent, tentant désespérément de survivre dans la crasse, l'affliction, l...