Chapitre 25: La nature reprends toujours ses droits

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Aidan fit son retour en ville, parmi les tristes ruines. Absolument rien n'avait bougé depuis son dernier passage, seulement la nuit qui avait transformé la clarté du ciel pour une cloture sombre entre la terre et les cieux. La pluie commença à s'éveiller et à s'élever à chaque mètre qu'il faisait. C'est rapidement un véritable déluge qui s'abattit dans les rues. Des milliards de gouttes glaciales frappaient toutes les surfaces et tambourinaient un vacarme effrayant. Il était seul au milieu de ce déchainement de la nature. La pluie et la nuit qui arrivait en grande pompe le contraignit à s'abriter. De ce fait, il arriverait tôt le lendemain.

S'abritant dans l'arrière-boutique d'une petite épicerie, il tenta de trouver le sommeil malgré l'agression constante du froid. Sans tissus pour le couvrir, il utilisait son sac en tant qu'oreiller pendant que son corps s'alignait à la température ambiante. Sa lampe torche et son arme lui restaient à portée de main. Le déluge faisait entendre son agitation entre les murs sourds.

L'orage envoyait ses bourrasques s'écraser dans la façade de la maison, la force de l'eau claquait au-dessus de Blake et sa famille. Les corps dormaient accolés ensemble sur leurs couchettes de fortune, fondus sous l'obscurité. Les enfants, cernés entre leurs parents, sommeillaient l'un contre l'autre. Tous les moyens de défense étaient instinctivement à coté de Blake, comme à son habitude. Les retentissements de la foudre et de la frénésie diluvienne enveloppaient tous les moindres bruits...

La double porte de la boutique, face à quelques basses gondoles, s'ouvrit puis se referma rapidement. Les yeux d'Aidan, qui ne dormait pas encore, s'ouvrirent, paniqués. Deux hommes parlèrent:

- La vache quelle pluie! J'suis trempé... T'as faim? Dit une première voix, grasse et grossière.

- Ça va, merci. Faut que je regarde ça, y a quelque chose qui déconne. répondit une seconde plus modérée.

- Il est pété je te dis. Lâche ce truc tu vois bien qu'il sert plus à rien.

- Ferme-la et donne-moi ta lampe.

- Putain tu fais chier... Arrête c'est bon, tu vois bien que c'est foireux ton truc, t'y connait rien. Repris l'homme avec une certaine condescendance.

- Pas autant que ton idée de camion...

- Parcequ'e t'avais mieux peut-être?

- Tu te fais vraiment des idées, faut qu't'arrette. Repris la deuxième voix.

- C'est toi qui me dis ça? Demanda la voix en rigolant. J'ai jamais rien entendu d'aussi con. En finissant sur un rire distinctif.

- Va te faire foutre... Putain mais comment t'arrive à bouffer?! ça t'as pas suffit?!

- C'est bon ça va c'est quand même pas ma faute. S'expliqua t-il.

- C'est quoi ces conneries? t'as préféré te barrer alors qu'il nous demandait de l'aide! On l'aurait peut-être sauvé!

- On aurait rien pu faire, c'était déjà cuit pour lui.

- Et t'en sais quoi? Mais bordel qu'est-ce qui déconne chez toi?!

Entre deux éclairs, Blake entendit la porte s'ouvrir depuis le garage. Il appela le prénom d'Aidan. Une présence soudaine dans leur maison était rare et toujours accompagné d'une grande méfiance Il attendait sa descente pour lui demander les raisons de son retard. Il patienta quelques instants et chuchota le nom à deux reprises, qui furent laissés sans réponses. Il se leva et attrapa son beretta chargé, puis avança scrupuleusement vers l'escalier. Ses yeux ne clignèrent jamais, sans se détourner de la seule entrée possible de ce sous-sol. Les pieds devant la première marche, sa tête se leva vers les hauteurs. Il ne voyait rien d'autre que l'obscurité. Il demanda une seconde fois:

Misérable rédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant