Le soleil était au beau fixe. Il surplombait les rues chaudes, où repoussait précautionneusement sur les murs des enseignes des monceaux de mousses vertes. La verdure ressortait timidement à travers le bitume, hors des fissures et des creux. Les arbres et les arbustes, dans les parcs et les villes, reprenaient progressivement leurs ampleurs naturelles et majestueuses d'autrefois en offrant abondamment ses fruits.
Aidan, fusil d'assaut entre les mains, s'aventurait dans la petite allée derrière tous les commerces foisonnants, d'un bout à l'autre de la rue. Elle lui garantissait une plus grande discrétion que la rue principale, de l'autre côté de ces bâtiments. Avec son arme au devant, il avançait prudemment au pas de course, entre les poubelles renversées et les vélos abandonnées. A sa droite, de l'autre côté du petit muret rocheux, deux terrains de basket chauffaient sous la chaleur. En le voyant, chacun se souvenait des cris et des éclats de joie des enfants et adolescents, lorsqu'ils se couraient après entre ces grilles. Elles clôturaient, emprisonnaient ces espaces de jeu populaires, comme si plus rien ne leur étaient accessibles. Un ballon qui se dégonflait insensiblement se baladait entre les lignes de l'aire de jeu. Il jouait depuis toujours avec cette nature qui le baladait aléatoirement. Devant lui, à quelques dizaines de mètres plus loin, la rue se séparait par une porte grillagée. Aidan appuya la poignée, et poussa la porte. La fine clôture qui s'y rattachait se secoua. Il tenu ouverte la cloison de l'autre côté, le temps de laisser le passage à Franck et Évan qui transportaient ensemble une imposante et pénible bouteille de propane. Le rouge qui s'écaillait à la surface laissait entrevoir la matière métallique dans toute sa simplicité. Pour la transporter plus rapidement, les compères l'avaient préalablement allégé en retirant une partie de son contenu. Un autre homme les suivait de près, lui aussi armé. Trapu et muni d'une barbe étouffante, il assurait les arrières du groupe. Aidan avait parfois croisé son regard parmi les autres personnes dans le camion. Il se faisait aussi discret et peu bavard que les autres:
- Putain c'est vraiment trop lourd ce truc. Se plaigna gentiment Évan.
Aidan referma la grille quand tous furent passés, jetant un dernier coup d'oeil de l'autre côté de la grille:
- On n'a pas le temps de faire une pause. Plus vite on sera revenus, et moins on prends de risques.
- C'est ton expérience qui parle on dirait.
Après avoir atteint la fin de cette ruelle, les deux transporteurs observèrent leur complice prendre de l'avance sur eux. Ils attendaient un quelconque signe de la main de la part de leur guide qui pouvait survenir à chaque instant, pour s'assurer de la sûreté des prochaines rues et intersections. Il regagna les rues commerçantes, les grandes avenues où les véhicules s'étaient prodigieusement entassés. Au détour d'une rue, il s'appuya contre le mur de briques rouges et vérifia la rue avoisinante. Devant lui, il n'y avait que la simple continuité de la zone commerciale. Les autres étaient encore un peu plus loin derrière lui et s'approchaient progressivement. D'un simple revers avec la paume de sa main, il leur fit comprendre que rien ne bougeait jusque-là. Ils s'engouffrèrent dans une petite galerie. Ses briques encore parfaites formaient de belles voutes au-dessus de leur tête. Quelques oiseaux, parfois, y établissaient leurs nids. Ils évoluèrent entre les petits commerces et autres boutiques qui se succedaient. Il y avait une boulangerie, une épicerie, des snacks, des bistrots, tous dans un état déplorable et peu vendeur. Devant, le parking juxtaposait ce lieu, séparé du passage par des bacs à fleurs et de la terre, minutieusement décoré de cailloux et de plantes atypiques importées d'ailleurs. Ce transport qui durait depuis une trentaine de minutes se sentaient dans leurs muscles surmenés. À bout de bras, ils posèrent la bouteille et laissèrent Aidan prendre de l'avance une nouvelle fois. Le poids du sac commençait à tirer le dos d'Évan:

VOUS LISEZ
Misérable rédemption
Science FictionL'existence passagère de l'être humain se clôture. Les sociétés bâties prennent fin. Son évolution se conclue et ses traces disparaîtront. Les derniers hommes se meurent, subsistent, tentant désespérément de survivre dans la crasse, l'affliction, l...