Seoul Mates [Min Yoongi]

6 - Crayon

- C'est ma tournée, clame le jeune homme en voyant un serveur arriver.

Il lâche un poignée de billets et de pièces au centre de la table.
Quand les petits verres arrivent, ils sont vite ingurgités. On m'en propose un et je ne peut pas refuser. Je porte le verre jusqu'à ma bouche et fait glisser le liquide à l'intérieur de ma gorge. La sensation de brûlure s'accentue au fur et à mesure que je l'avale. Je finis par m'étouffer avec cette toute petite dose, ce qui provoque le rire de toute la tablée.

- Tu devrais voir ta tête, tu es toute rouge ! Me lançe Kwon, visiblement amusé.

Je ne me met pas en colère, après tout ils sont pareils, et même pire que moi.
Je prend un autre verre histoire de faire passer le premier.

- T'es pas obligée de te resservir si tu tient pas l'alcool, entend-je sans reconnaître la voix de celui qui me parle.

Je finis mon deuxième verre et comme je crache presque du feu, je décide d'arrêter. Yoongi, en revanche n'a pas l'air décidé à ralentir sa consommation.
Il vient de s'enfiler au moins six verres et il tient encore.
Kwon, qui le rattrape presque, lui lançe un défi haut et fort :

- Hé ! Tu croies que t'arriverais à en avaler plus que moi ?

- Bien sûr ! Tu me prends pour qui ?

La rapidité de sa réponse n'est que plus inquiétante. Un petit sourire de défi se dessinent sur leur deux visage. Je comprend qu'on a le droit à un tournoi d'un tout nouveau genre.

Tout le monde dans le bar s'arrête soudainement de discuter pour les regarder. Tandis que tous les regards sont dirigés vers eux, Yoongi avale son premier verre, avec toute l'énergie dont il dispose. Kwon le suit en faisant claquer le verre sur la table avec un sourire de satisfaction. Ils continuent ainsi sans s'arrêter, devenant plus rouges à chaque gorgée, mais ne flanchant pas.

Les gens autour de nous crient à chaque verre avalé. Je me demande bien jusqu'où ça va aller, parce que les effets de l'alcool commencent vraiment à s'apercevoir sur eux.
Il est même pas vingt et une heure et il est déjà bourré...
Les gens continuent de crier alors qu'ils entament leur dixième verre. Puis je voit Kwon qui lâche celui qu'il a dans les mains dans un fracas. J'ai à peine le temps d'apercevoir ses yeux vitreux avant que sa tête ne tombe sur la table.

Un cri en l'honneur de Yoongi s'eleve dans la salle et quelqu'un attrape son bras pour le lever bien haut. Il affiche un sourire satisfait avec ses petites lèvres tordues. Pourtant il semble au bord du coma éthyllique. Ses joues sont rouges, ses yeux semblent inanimés et il tremble de tout son corps.
Tout le monde fête sa victoire, pourtant il ne lui faut pas plus de dix minutes pour que sa nausée remonte et qu'il exprime son envie de sortir d'ici.

Il sort et je le suit, désirant moi aussi prendre l'air, ayant la tête qui tourne à cause du monde, de la chaleur et de l'odeur forte d'alcool. Il marche de travers, je lui propose alors mon épaule sur laquelle il prend appui.
Après avoir marché une centaine de mètres, une intersection se présente à nous, et il ne lui faut pas un millième de seconde pour y courir et s'accroupit dans un coin pour...ressortir tout ce qu'il a dans l'estomac. Je détourne le regard un certain temps, avant de me retourner et de le rejoindre. Il ne va vraiment pas bien, il est encore à terre, les mains autour de sa tête, sûrement à cause de la migraine. Je m'accroupis à côté de lui et pose une main sur son épaule pour le rassurer. Pas que j'éprouve de la sympathie à son sujet mais je n'ai vraiment pas envie de rester dans cette rue mal famée. Il ne me regarde pas, se contentant de murmurer pour lui-même.

- Putain je suis pathétique...

- Ressaisis-toi, Yoongi...

Mais il ne m'écoute pas, il est trop occupé à marmonner, le visage enfoui dans ses jambes qu'il a ramenées contre lui.

- Aller...

Je frotte son dos doucement pour le réchauffer at arrêter ses tremblements. Puis je sors une bouteille d'eau de mon sac et la lui tends. Il me regarde suspicieusement, comme si la gentillesse lui est étrangère, puis finis par attraper la bouteille. Après s'être désaltéré, il se releve, maladroitement mais tenant quand même debout, et commence à s'éloigner sans me regarder.