Etre Femme Sénégalaise Et Médecin , Est Ce Possible?

Partie 14

"Chaque âme goûtera à la mort"

Ne cesse de répéter le griot qui est en face de moi. Je ne me suis pas levée de la chaise où je suis assise depuis mon arrivée. La foule est nombreuse alors que les hommes ne sont même pas encore revenus de l'enterrement. J'imagine déjà l'ampleur qu'il y'aura lorsqu'ils seront de retour.

Je ne me suis pas perdue en venant ici. En effet le grand père de Lamine est  connue devant le public sénégalais. Il était ministre sous le régime de Abdou Diouf, maire de Pikine, secrétaire général à l'Assemblée Nationale et sénateur avant d'être après sa retraite le grand imam de la mosquée de Mermoz où il habite pour diriger les prières du vendredi.

Il a dû être un homme bien pour recevoir tout ce monde venant des quatre coins du pays qui ne cesse de faire ces éloges à propos des bienfaits qu'il a fait pour eux même en étant couché sur le lit d'hôpital.

Je commence déjà à être fatiguée à cause de la forte chaleur en cette période du mois de Juillet puisque je suis assise à l'extrémité de la tente où le soleil tapait de plus en plus. Heureusement le voile que j'ai mis est long pour me couvrir. Et Les hommes ne doivent pas sûrement tarder à revenir car d'après les femmes assises à côté de moi ça fait quatre heures de temps qu'ils sont partis. Je n'ai même pas reparlé à Lamine depuis qu'il m'a appelé tout paniqué.

Flashback

Conversation téléphonique

Lamine (en pleurs): Fatima il est est parti en me laissant dans ce bas monde

Moi: Qui... Qui

Lamine: Fatima il est parti . Il est mort devant mes yeux en me serrant très fort la main , sourire aux lèvres. Il était tout pour moi (en pleurs) tout tout.......

Je l'écoutais attentivement sans même le couper. Il avait besoin d'évacuer ce qu'il ressentait en ce moment....

Lui: je je ne t'ai pas dérangé j'espère. Je suis désolé

Moi : Ne redis plus jamais cela Lamine. Tu veux que je vienne te rejoindre.

Lui: Ne t'inquiète pas pour moi. Je veux être seul en ce moment (avec une voix trop faible)

Moi: mais lamine ....

Lui : N'insiste surtout pas. Je te laisse.....

Bip bip....

J'ai essayé encore de l'appeler mais il a éteint son téléphone. Je me suis mise à m'inquiéter car je ne l'avais jamais vu dans cet état. Ce n'est pas l'homme dur qui ne montrait jamais ces sentiments que j'ai connu. J'ai compris qu'il voulait être seul mais je n'étais pas toujours rassurée avec les bruits de voiture que j'entendais ...... Je me suis aussitôt précipité pour ranger un peu mon appartement afin d'assister aux funérailles. Mais le problème en est que je ne connaissais pas l'adresse. Heureusement comme Dieu fait si bien les choses, j'ai entendu un communiqué du décès au journal télévisé de la chaîne nationale. Et comme prévu les funérailles ont lieu dans le quartier de Mermoz qui n'est pas loin de chez moi et je connais très bien les lieux puisque je sors parfois avec les collègues du fac pour aller dîner et prendre de l'air.

Fin du flashback

Je fus sortie de mes pensées par le cortège qui vient juste d'arriver. Waouw c'est juste énorme on ne peut compter le nombre de bus et de petites véhicules qui viennent juste d'arriver. C'est même difficile pour les hommes d'entrer dans la maison et présenter leurs condoléances à la défunte famille. On ne voit que les têtes et on pourrait même te marcher dessus sans le faire exprès tellement la foule est nombreuse. Je n'entendais que les "siguilene ndigalei"(nous vous présentons nos condoléances) venant de la part des hommes et nous répondons "siguilene sen walleuh".........