CHAPITRE 4

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Quand elle sortit de mon bureau et me souhaita une bonne soirée, j'avais eu envie de la retenir, fermer la porte et l'embrasser jusqu'à en perdre mon souffle. Et pourtant, je ne l'avais pas fait. Avant de l'embaucher, mes associés ne m'avaient pas ménagé. Ils m'avaient expressément interdit de faire quoi que ce soit avec elle. Je ne leur en voulais pas. Ils me connaissaient bien, et ce, depuis plusieurs années. Sur le coup, je leur avais dit  que je savais quand même me retenir de temps en temps et que je ne sautais pas sur tout ce qui bougeait. Ils avaient ri. Dès que je l'avais vue, dans son petit tailleur qui détonnait avec sa chevelure qui sort de l'ordinaire, j'avais compris la mise en garde des gars.Ils savaient qu'elle risquait de me rendre dingue. Ils me connaissaient vraiment très bien.

J'avais réussi à garder le contrôle un maximum, sauf quand on déjeunait ensemble. Il n'y avait plus le cadre formel du bureau pour me calmer et me canaliser. Hier, quand on avait joué la comédie, j'avais pris un grand plaisir à l'embrasser et à la sentir si proche de moi. J'avais du faire preuve de beaucoup de maîtrise pour ne pas aller plus loin. En même temps, c'est bien la première fois depuis longtemps que je sentais ma peau bruler et  mon cœur s'emballer dès qu'elle était proche de moi. J'avais du user de toutes mes ressources pour ne pas lui retourner son baiser quand elle m'avait embrassé pudiquement. Le soir, ça avait été plus fort que moi. Je n'avais pas réfléchi. Elle était dans mon canapé, au téléphone, j'avais juste ressenti un besoin inexplicable de la toucher, de la sentir plus près de moi. Ma main s'était posée sur sa cuisse. Elle ne m'avait pas chassé. Elle aurait du. J'étais son patron. Elle n'avait pas l'air des poufs que je saute tous les weekends. Et pourtant, elle avait laissé ma main et elle avait continué sa conversation.

En sortant du bureau, j'étais allé faire un tour pour me changer les idées, pour arrêter de penser en boucle aux moments que nous passions ensemble. J'étais arrivé sans le chercher devant une chocolaterie. Sans réfléchir à deux fois, j'étais entré et j'avais demandé une grosse boite de chocolats. Je ne savais pas ce qu'elle aimait. Je pris un assortiment et avant que la serveuse ne ferme, je lui demandais si je pouvais laisser un message dans la boite. Elle accepta avec un sourire entendu.

« Pour ma merveilleuse fausse femme, en espérant avoir une occasion particulière pour les déguster avec toi. Affectueusement – Ton faux mari »


En arrivant le lendemain matin, comme d'habitude j'étais le premier. C'était le moment idéal pour déposer la boite de chocolats sur son bureau sans éveiller les soupçons. Je pris un post-it et je m'appliquais à écrire son prénom. Ca aurait été con que ce soit Adam qui ouvre la boite même si au final, personne sauf elle ne pouvait savoir que c'était moi derrière ce cadeau.

Elle arriva quelques minutes après.Elle passa la tête dans mon bureau pour me saluer et pris place à son bureau pendant que les trois autres passaient la porte.J'entendis la voix d'Adam qui parlait de la boite de chocolats :

- Oh, tu as un admirateur, comme c'est mignon des chocolats ! Tu sais de qui ça vient ?

- Ce n'est pas signé, mais j'ai une bonne idée de qui ça peut être.

Cette phrase me fit sourire. Je me sentais soulagé qu'elle ne le prenne pas mal. Elle aurait pu débarquer dans mon bureau folle de rage, en me demandant de m'expliquer. J'aurais eu l'air fin en lui avouant que j'avais pensé à elle alors qu'on était hors de notre lieu de travail.

- Ils ont l'air très bons...

Ah, ça c'était la voix de Jean qui venait d'arriver.

- Tu en veux un ? Dit-elle à je ne sais pas qui. Pour en savoir plus et surtout pour comprendre pourquoi elle partageait nos chocolats avec les autres, je me levai  et me positionnai dans l'encadrement de la porte.

Tous étaient autour de la réception en train de gouter les chocolats. J'étais vert mais j'aurais du y penser. Sans savoir contrôler ma jalousie, je pris la parole :

- Ce n'est pas très pro de se faire offrir des chocolats au bureau !

Tous mes collègues se retournèrent vers moi. Je la voyais derrière eux debout, me regardant avec une pointe d'étonnement, puis son regard changea.

- Ce n'est pas pire que de demander à son assistante d'envoyer des fleurs tous les lundis à ses conquêtes du weekend !

Elle avait dit cette phrase avec un large sourire, elle se foutait royalement de ma gueule. Elle aurait pu me faire un doigt d'honneur, l'intention était la même. Mes associés étaient hilares. Serge lui fit même la remarque que c'était bien envoyé. Je n'avais vraiment pas prévu cette situation ce matin en déposant la boite sur son bureau. Avec cette petite phrase, elle m'avait fait comprendre qu'elle aussi souhaitait que tout ce qui se tramait entre nous devait rester entre nous. Et quoi de mieux que de souffler le froid pour ne pas éveiller les soupçons de nos collègues.

- Ce n'est pas tout, mais il faudrait peut-être penser à travailler. On n'est pas là pour manger du chocolat et boire le café ! Jeanne j'ai besoin de te voir dans mon bureau.

- Oui, j'arrive, dit-elle avec une petite voix, comme une gamine qui allait se faire engueuler.

Elle passa la porte de mon bureau avec une petite mine candide. Elle me faisait fondre. 

- Ferme la porte.

Elle s'exécuta et vint près de moi, prête à prendre des notes. Je la regardais avec attention et je vis qu'elle avait un peu de chocolat à la commissure des lèvres ;Instinctivement, mon pouce passa sur ses lèvres qui étaient incroyablement douces et pulpeuses. Elles appelaient au baiser mais je me contentai d'effacer la légère marque de chocolat. Elle se laissait faire tout en me regardant avec un regard profond. Quand mon pouce se détacha d'elle, elle attrapa ma main au vol et sans crier gare, elle lécha sensuellement mon pouce. Sa langue faisait des merveilles. L'idée qu'elle fasse la même chose ailleurs sur mon corps me traversa l'esprit et je me sentis un peu à l'étroit dans mon boxer. Le pouvoir qu'elle avait sur moi était complètement fou. J'allais devenir complètement fou.


Nous fumes coupés par Adam qui tapait à la porte et qui appelait Jeanne pour avoir de l'aide. C'était moins une! A peu de choses près, j'aurais pu la prendre sur mon bureau. Elle lâcha ma main, sans pour autant quitter mon regard.Elle susurra un bref : « Je dois y aller » et prit le chemin de la porte. Je restais au milieu de mon bureau, bêtement, avec une gaule terrible dans mon caleçon. La journée allait être longue, très longue!   

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant