CHAPITRE 37

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Notre séjour en Thaïlande avait été court, trop court. Nous avions enchainé les rendez-vous avec les clients, les repas d'affaires et je n'avais pas eu le temps de passer au studio de tatouage. Xavier était d'accord avec moi, pour les prochains séjours, il fallait qu'on prévoit dix jours, pas moins.

Après le vol qui nous avait semblé interminable, nous étions heureux de rentrer « à la maison ». Vivre avec mon beau brun s'avérait être une évidence. Je me sentais étrangement bien dans son appartement. J'avais facilement pris mes marques. Xavier avait été parfait aussi dans le sens où il avait tout fait pour que je me sente chez moi. Après avoir déposé nos affaires dans l'entrée et retiré nos chaussures, il m'embrassa tendrement. Je ne me lassais pas de ses baisers et de ses constantes marques d'affection quand nous étions à deux. Nous avions trouvé le juste équilibre entre notre vie personnelle commune et notre vie professionnelle. C'était un peu plus délicat au cabinet mais jusqu'à présent, on avait réussit à être discret. Il me coupa dans mes pensées.

- Tu as faim ? Dit-il en se dirigeant vers le frigo.

- Oui, un peu. Tu as quoi de bons à faire réchauffer ?

Sa voisine était une nouvelle fois en charge de l'appartement quand nous étions à Chiang Mai et elle avait laissé deux repas en quantité astronomique pour notre retour.

- On a une tonne de risotto ou un plat pour six personnes de lasagnes.

- Elle n'a pas fait semblant encore une fois !

- Je suis d'accord et maintenant qu'elle sait qu'on est à deux, il ne faut pas compter en avoir moins.

- Elle est vraiment adorable de prendre soin de nous de cette manière.

- Une vraie mère !

- Complètement !

- Alors, tu veux quoi ?

- J'aime les deux plats. Vas-y choisi.

- Je vais réchauffer les lasagnes. Ca nous permettra de nous rafraichir avant de passer à table. Ca te va ?

- Nickel !

- Tu veux un verre de vin ?

- Oui, s'il te plait.

Il s'affaira à mettre les lasagnes dans le four puis ouvrit la bouteille de vin. Le doux nectar me permit d'évacuer un peu les tensions liées au voyage. Mon beau brun passa derrière moi et commença à me masser les épaules. Ses gestes étaient doux mais assurés. Son contact associé à la pression qu'il exerçait sur mes muscles me faisaient un bien fou. Je ne m'étais jamais détendue aussi rapidement après un vol aussi long. Après quelques minutes il se stoppa et fit tourner le tabouret de bar sur lequel je me trouvais. J'étais face à lui. Il prit mon menton entre ses doigts et me fit lever la tête. Ses yeux étaient d'un vert très pâle et brillant. Son sourire me faisait fondre. Il s'approcha lentement de moi et déposa ses lèvres tendrement sur les miennes. Son baiser était tendre et rempli d'amour et au fur et à mesure, il devint plus passionné. Ses mains se déplacèrent au départ au dessus de mon débardeur puis passèrent en dessous. Il passa sur mes côtes et me chatouilla sans le faire exprès. Je fis un brusque mouvement et il en profita pour me coller encore un peu plus près de lui.

Nous fûmes coupés dans notre élan par la sonnerie du four. Xavier se décala de moi en poussant une espèce de grognement de mécontentement.

- Ce n'est que partie remise, glissai-je doucement alors qu'il allait jusqu'au four pour vérifier les lasagnes.

- Ouais, c'est sûr ! Mais j'ai l'impression qu'on est souvent contraints de se séparer...

- C'est parce qu'on est très souvent collés l'un contre l'autre, lui répondis-je du tac au tac, avec un brin de malice dans la voix.

- C'est vrai. Mais j'aime être collé contre toi. Je ne m'en lasse pas.

- Ca tombe bien, c'est complètement réciproque, dis-je avant de plonger mes lèvres dans mon verre de vin.

Il était en train de sortir les lasagnes du four et il était très concentré pour ne pas se brûler. Son air était sérieux, comme quand il travaille sur un dossier au cabinet. Sans quitter le plat des yeux, il continua :

- Tu sais, j'y ai pas mal pensé ces derniers jours. Ca serait bien qu'on arrête de se cacher au boulot. J'aime pouvoir me sentir libre de t'embrasser quand j'en ai envie. En voyage, on a aucun problème pour faire la part des choses, entre le boulot et le perso. J'aimerai que ce soit la même chose au cabinet.

Je restai silencieuse. J'étais d'accord avec lui sur le fait que c'était très agréable de ne pas faire attention à notre entourage quand nous étions à plusieurs milliers de kilomètres. C'était vraiment sympa d'être libre, mais j'avais peur qu'on me voit différemment au cabinet. J'aimais être l'assistante discrète qui travaillait tranquillement, du moins aux yeux de mes collègues. Mon silence ne gêna pas Xavier. Il reprit :

- En plus Serge est déjà au courant. Il a bien vu qu'entre nous s'était sérieux. Il pourra, si besoin, nous aider à rassurer Jean et Adam. Même si je doute que ce dernier soit plus inquiet que ça.

- Je suis d'accord avec ce que tu dis. Mais je ne sais pas si je suis prête à abandonner mon statut d'assistante pour devenir celui de ta petite amie. Je pense qu'Adam a quelques doutes, et, il est assez gentil pour ne rien dire. En revanche, Jean est avec Isabelle et ça, ça va peut-être posé problème. Il risque de lui dire et ça arrivera aux oreilles de ton ex. Elle va réagir comment ?

- Je ne sais pas. Je me suis posé la question avant de t'en parler. Et je ne sais pas vraiment comment elle va réagir. Je sais qu'elle essaye d'avoir encore et toujours de mes nouvelles, mais je bloque. Jean sait très bien que je ne veux plus de contact avec elle. Il n'aime pas être au milieu de tout ça. Mais je ne sais pas s'il arrivera à cacher notre relation à Isabelle. Je ne veux pas non plus qu'il lui mente. Le mensonge, les non-dits sont une horreur dans un couple.

- Je sais. Mais comment ton ex va nous pourrir la vie ? Si on est honnête, on sait très bien, toi comme moi, qu'elle va venir s'immiscer dans notre relation.

- Il y a de fortes chances ouais. Je sais pertinemment que je vais l'envoyer sur les roses. J'ai l'habitude. Mais je ne veux pas quelle te fasse de mal.

- Je ne sais pas quel mal elle peut me faire. La méchanceté ne me touche pas vraiment. Je ne la connais pas. Elle ne me fait pas spécialement peur. Elle peut dire ou penser ce qu'elle veut, elle n'a pas d'impact sur moi, elle n'a rien qui puisse me faire mal. En revanche, toi, c'est différent.

- Ouais, elle me connait, mais pas si bien que ça. Elle a toujours eu une idée faussée de qui j'étais. Elle a toujours espéré que je sois un autre. Donc elle ne me connait pas assez pour me faire du mal. Elle risque d'être odieuse, elle risque de dire des horreurs. Mais rien ne sera vrai.

- Je me doute. Et puis je te connais, je pense suffisamment, pour faire la part des choses, savoir dissocier le vrai du faux.

Mon amant acquiesce d'un signe de tête, avec un petit sourire craquant.

- Alors ? Demanda-t-il sans aucune forme.

- Je te propose qu'on prenne notre temps. On va arriver demain au cabinet et on aura pas mal de pain sur la planche, toi comme moi. Ce n'est pas vraiment le moment idéal pour ajouter le questionnement de nos collègues et pour prendre le temps de les rassurer. Je suppose aussi que tu vas t'entretenir avec Jean pour clarifier les choses vis à vis d'Isabelle.

- Oui, c'est nécessaire.

- Donc, on prend notre temps. On se laisse travailler tranquillement au moins en début de semaine. Et dès qu'on a retrouvé un semblant de tranquillité, on se lance. Ca te va ?

- Je n'aurais pas dit mieux, me répondit-il.

Pendant que je parlais, il avait fait le tour de l'îlot de cuisine et il était désormais à quelques centimètres de moi.

- Je t'aime Jeanne, dit-il tout en déposant un baiser sur mes lèvres. 

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant