CHAPITRE 27

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La journée se déroulait comme la matinée, nous étions de bonne humeur et on prenait beaucoup de plaisir à passer du temps ensemble, sans avoir à faire attention à nos collègues. Xavier me proposa d'aller faire les magasins, il devait acheter de nouvelles chemises. Je n'avais pas émis d'objections, mais je n'étais pas sûre d'apprécier la promenade. Je n'avais pas remis les pieds dans des magasins français depuis des lustres. Ca ne me manquait pas, vraiment pas. En Asie, les relations étaient moins fausses, même quand il était question de relations commerciales. Les commerçants ne s'offusquaient pas quand je décidais de ne rien acheter. En France, les vendeuses font à moitié la gueule dans une telle situation. Tout ce faux semblant me dérangeait beaucoup. Mais je prenais sur moi pour faire plaisir à Xavier et surtout parce qu'à présent, je vivais à nouveau en France. Tout ceci allait être à nouveau mon quotidien, il fallait que je m'y fasse.

- Tu m'écoutes ?

- Euh...

- Oui, c'est ce que je disais, tu étais dans tes pensées. Ca va, Jeanne ?

- Mouais, on va dire que faire les magasins ici, ça ne me plaît pas vraiment.

- Arf, tu aurais du me le dire.

- Je ne le savais pas avant de commencer. C'est con, faire du shopping semble un acte anodin, mais ça fait des années que je n'en ai pas fait ici.

- C'est vrai. J'ai tendance à zapper que tu sois revenue depuis peu.

- C'est ça. Et tu sais combien la France et l'Asie sont différentes !

- Ouais. Mais si tu veux, on arrête et j'irai un soir après le boulot.

- Non, non, c'est bon, il faut que je m'y fasse. C'est ma nouvelle vie ici...

- Comme tu veux ! Ca te dit qu'on fasse une pause et qu'on aille boire un café ?

- J'hochai la tête en guise de réponse.

Après quelques minutes de marche, nous étions arrivés devant un joli petit café. La devanture était magique. La façade était crème et vert d'eau. Des inscriptions étaient peintes à la main en doré, comme dans les années 50. Sur la partie droite du café, il y avait du houblon qui grimpait le long de la façade et il commençait à verdir. Il y avait quatre tables en fer forgé sur le trottoir avec un couple de touristes qui buvait des boissons chaudes. Ils avaient du trouver le café par hasard parce qu'il était assez éloigné du centre ville et des boutiques.

- Viens, on rentre ! Me dit Xavier en me prenant par la main.

Il poussa la porte, salua d'un bref « salut » le serveur et me tira vers un escalier en colimaçon au fond du café. J'eus à peine le temps d'observer la déco du café. Elle était à l'image de la devanture, un poil surannée. Une fois l'escalier gravi, une nouvelle ambiance se dévoila à mes yeux. Fini, le petit café charmant qui répondait aux stéréotypes que les touristes pensaient de la France. On se trouvait dans un pub. Xavier rigola en voyant ma tête ahurie face à ce changement de décor et à mon étonnement. Le sol était couvert de carreaux de ciment blancs, verts et noirs. Les banquettes étaient en cuir vert foncé, un peu patiné. Le bar se trouvait à notre droite. Il n'était pas aussi grand que dans un vrai pub irlandais, mais il était en bois foncé et il y avait une sacrée collection de bières de différents pays qui étaient exposées à l'arrière. Les murs étaient en briques avec un enduit défraichi. Ca ne choquait pas puisqu'il y avait un nombre incalculable de cadres accrochés. L'ambiance était feutrée, chaleureuse. Il me tira de mes pensées et m'invita à le suivre. Nous nous installâmes sur une banquette, près d'une des grandes fenêtres qui surplombait la petite rue.

- Tu aimes ?

- Carrément ! C'est... inattendu ! Dis-je en continuant de scruter le décor.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant