CHAPITRE 22

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A l'image des journées précédentes, cette dernière journée de boulot était passée très rapidement. Xavier me proposa de passer rapidement chez Camille pour prendre des fringues de rechange pour le weekend et partir directement chez lui. Adam devait arriver à 18h30 alors que nos autres collègues devaient arriver vers 19 heures. En les attendant, Xavier n'avait pas manqué d'imagination pour combler le temps. On avait donc testé son canapé qui était d'ailleurs très confortable. Adam arriva, ponctuel comme toujours.

- Hello Xavier, merci encore pour ce dépannage express. Je suis désolé de t'embêter avec ça, dit-il tout en entrant dans la grande pièce à vivre.

- Ne te bile pas, si je te l'ai proposé c'est que ça ne me dérange pas. Au fait, comment ça se passe chez toi, tu peux encore vivre dans ton appart' ?

- Je suis chez ma sœur qui vit à quelques rues de chez moi en attendant le passage de l'expert en assurance et les travaux. Plusieurs pièces ont été touchées. Il y a quasiment tout à refaire.

- Oh merde ! J'espère que ça va vite se résoudre.

- Ouais moi aussi ! Il fit une pause dans sa réponse en me voyant. Oh Camille, tu es déjà là ?

- Euh oui, je me suis dit que tu aurais peut-être besoin d'un coup de main pour préparer.

- C'est adorable de ta part. Tu sais cuisiner ?

- Euh oui, il y a quoi à faire ?

- Des toasts et j'ai prévu de faire des verrines. Tout est près, il y a juste à les monter.

- C'est dans mes cordes !

Adam déposa quelques sacs de courses dans la cuisine. Puis reparti vers sa voiture pour la décharger. Mon beau brun l'aida. De mon côté, je commençais à vider les sacs et à chercher ce qu'il me fallait pour la préparation dans les placards.

- Tu trouves ce que tu cherches ? Entendis-je dans mon dos.

- Oui, oui. Il n'y a pas de soucis. Je fais comme chez moi, ça ne te dérange pas ?

A l'entente de ma question, une lueur sagace apparut dans son regard. Il s'approcha de moi, vérifia qu'Adam n'était pas dans les parages.

- Tu fais ce que tu veux ici. Et va savoir, peut-être qu'un jour ce sera chez toi, me susurra-t-il dans l'oreille, juste avant de m'embrasser dans le cou.

Il tourna rapidement les talons pour rejoindre notre collègue et ne vit pas ma gène suite à ses propos. Pour tenter de récupérer un peu de contenance, je fis mine de chercher quelque chose d'imaginaire au fin fond des placards. Ces quelques mots n'arrêtaient pas de se répéter dans mon esprit. Sa dernière phrase était très simple, sans vraiment d'ambiguïté. Je n'étais pas juste une passade et il envisageait un futur avec moi. D'un côté j'étais vachement contente parce que je partageais aussi cette envie de futur avec lui. Il me plaisait beaucoup. J'adorais passer du temps avec lui. Mais d'un autre côté, je flippais royalement. Je ne savais pas si j'étais capable d'avoir une vie normale en France, avec un mec, un boulot, des impôts et tout ça. Je venais juste de rentrer, vivre avec Camille n'était pas une fin en soi mais ça me permettait de ne pas me sentir prisonnière de ma vie. Je savais que c'était une solution à court terme et la précarité liée à la situation me rassurait dans un sens. Je ne savais pas si j'étais capable de tout ça, capable d'avoir une vie normale.

- Tu vas bien Jeanne ? Me demanda Adam avec un sérieux impressionnant.

- Euh oui, pourquoi ?

- On dirait que tu viens d'apprendre une mauvaise nouvelle, tu as un air si grave et ton regard est perdu dans le vide.

- Oh, dis-je un peu gênée d'être si lisible. Ne t'inquiète pas, tout va bien.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant