CHAPITRE 26

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Après cette matinée riche en émotions, nous étions tous les deux de très bonne humeur. Alors que Xavier était sous la douche, j'entendis qu'on tapait à la porte. Sur le coup, je ne savais pas si je pouvais me permettre d'ouvrir et comme les coups ne s'arrêtaient pas, je pris la décision d'y aller. Il y avait peu de chances que ce soit un de nos collègues derrière dans le couloir.

En ouvrant la porte, je vis une petite dame coiffée d'un chignon blanc et aux yeux verts émeraudes plissés et ridés. Elle me regarda avec attention, des pieds à la tête puis me fit un sourire jusqu'aux oreilles. Elle portait un tablier comme celui que portait ma grand-mère quand j'étais petite. Et elle sentait bon la noisette et la fleur d'oranger.

- Bonjour, dis-je pas très sûre de moi dans le t-shirt de Xavier. Je peux vous aider ?

- Bonjour, je suis la voisine de Xavier, me répondit-elle avec un doux accent italien. Je suis venue lui apporter des plats.

- Oh, entrez. Xavier est sous la douche.

Je me décalai pour lui laisser la possibilité de rentrer et elle me suivit jusque dans la cuisine.

- Je suis Jeanne. Je suis l'amie de Xavier.

- Il était temps qu'il se trouve enfin quelqu'un celui-là.

Histoire de ne pas paraître trop indiscrète, je préférai changer de sujet.

- J'ai pu gouté vos bolognaises en rentrant de Thaïlande, cette semaine. Elles étaient succulentes.

- Merci, c'est une recette que j'ai apprise il y a de nombreuses années.

- Oui, Xavier m'a expliqué. 

- C'est comme un fils pour moi. Il est si gentil et serviable.

- Vous voulez un café ?

- Je ne voudrais pas vous déranger mademoiselle.

- Oh mais ne vous inquiétez pas. Si je le propose, c'est que vous ne me dérangez pas. Et ça me permettra de finir mon petit-déjeuner avec de la compagnie.

Mon beau brun m'avait expliqué à quel point il tenait à sa voisine et la rencontrer me stressait un peu. C'était une rencontre informelle mais j'avais peur de ce qu'elle pouvait penser de moi. Je lui avais proposé un café sincèrement, mais je n'étais pas certaine que ce soit une brillante idée. Elle me coupa dans mes pensées et son ton était plus doux. 

- D'accord. Mais vous devez gouter la Ciambella avec votre café. Vous verrez, la combinaison des deux est très savoureuse.

- La Ciambella ?

Elle montra un des paquets emballés dans de l'aluminium qu'elle avait posé sur le plan de travail.

- C'est un gâteau avec des amandes filées, de la ricotta et un peu de fleur d'oranger. Vous ne connaissez pas ?

- Non, du tout. Je suis plus habituée par les saveurs asiatiques. Mais ce que vous me dites là me donne l'eau à la bouche.

Je lui servis son café et je fouillai dans les placards de la cuisine pour trouver trois assiettes à dessert pour servir le gâteau.

- Dans le dernier placard du haut, dit-elle en me voyant chercher.

- Merci. Dites donc, vous connaissez bien l'appartement !

- Oui, assez. Je connais Xavier depuis son emménagement ici, après son divorce. Il est venu se présenter quand il est arrivé ici et depuis on veille l'un sur l'autre. Il y a un ou deux ans, il a eu une grippe terrible. Je suis venue ici tous les jours pour le soigner et entretenir la maison. Le pauvre petit, il était cloué au lit et les premiers jours il avait tellement de fièvre qu'il en faisait des cauchemars.

A la pensée de Xavier souffrant, je grimaçai. Elle s'en rendit compte et changea de sujet.

- Mais c'est passé et maintenant il va mieux. Vu votre présence ici, je suppose qu'entre vous c'est du sérieux ?!

La petite mamie ne perdait vraiment pas le nord et n'y allait pas par quatre chemins. Je comprenais, vu sa relation avec Xavier qu'elle avait besoin d'être rassurée.

- C'est assez récent pour tout vous dire. Xavier et moi travaillons ensemble. J'ai été embauchée comme assistante il y a quelques semaines. Et nous voyageons ensemble en Asie pour le boulot. C'est un homme extra avec qui je me sens bien.

- C'est très bien. Je suis heureuse pour lui. Il était temps, vraiment temps, qu'il trouve une personne pour partager sa vie. Je m'inquiétais un peu de le savoir seul.

Je souris sur ces dernières paroles. Elle ne savait définitivement pas que Xavier avait de quoi s'occuper tous les weekends avant de me connaître. Avant qu'elle ne puisse m'en dire plus sur la vie d'avant de Xavier, la porte de la chambre s'ouvrit et laissa apparaître mon amant, beau comme un dieu. Il avait un jean's clair, un t-shirt noir col V qui moulait parfaitement son buste. Ses cheveux étaient encore humides et il avait juste passé sa main dedans pour les coiffer. Ce qui me faisait fondre c'était sa barbe naissante qui mettait en valeur son teint et ses yeux verts. Je bavais littéralement sur ce mec, mon mec. Et il me fallu beaucoup de maitrise pour reprendre une attitude plus correcte vis à vis de sa voisine.

- Je vois que vous avez fait connaissance, dit-il en s'approchant de nous.

- Oui, je suis heureuse d'avoir rencontrée Jeanne, lui répondit-elle avec un petit sourire entendu. Je vais vous laisser tranquilles tous les deux. Je pense que vous avez un tas de choses de prévues. Je t'ai laissé plusieurs plats. La prochaine fois, j'en ramènerai plus pour que vous en ayez assez pour tous les deux.

- Tu sais, il y en a déjà assez pour deux avec ce que tu as ramené aujourd'hui !

- Ne dis pas de sottises ! Je ne voudrais pas que vous ayez faim.

- D'accord, fais pour un bien.

Voir Xavier accepter si vite la proposition de sa voisine montrait bien toute l'affection qu'il lui portait. Il savait aussi qu'il était très difficile de refuser de la nourriture offerte par une mama italienne.

- Jeanne j'espère te revoir bientôt. C'était un plaisir de faire ta connaissance.

- Oui moi aussi je suis très heureuse de vous connaître.

- Ne me vouvoies pas. J'ai l'impression d'être vieille quand on me vouvoies.

La petite mamie ne manquait pas d'humour. Elle se dirigea vers la porte, suivie de Xavier. Ils restèrent quelques minutes sur le pas de la porte. J'entendis un bisou qui claque puis mon beau brun revint vers moi.

- Je suis content que tu ais fait sa connaissance.

- Moi aussi. Elle est vraiment géniale.

- Oui, je te l'avais dit. C'est comme une mère pour moi. Elle veille toujours à ce que je mange et bien plus...

- Elle m'a expliqué l'épisode de la grippe.

- Oui c'est un des exemples de sa gentillesse. Elle m'a dit qu'elle était très heureuse pour moi de te savoir à mes côtés. Elle semble t'apprécier mais en même temps, qui ne tomberait pas sous ton charme ?

- Ahah, quel beau parleur ! Lui répondis-je en l'embrassant doucement.

- Uhmmmm, tu as le goût de la Ciambella. C'est fantastique !

- Profites-en, je ne vais pas tarder à aller sous la douche...

- Ouais, ouais, je pense que ça peut attendre quelques instants, dit-il en m'embrassant à nouveau. 

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant