CHAPITRE 39

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Je pris les escaliers, je n'avais pas la patience d'attendre l'ascenseur et descendre quatre à quatre les marches était une bonne manière d'évacuer un peu ma rage.
Mais qu'est-ce qu'elle foutait là cette pouffiasse ?
Dans tous les cas, je finirai par le savoir. Ce qui était certain c'était ma démission si elle était une cliente du cabinet. Il était juste hors de question de la voir de près ou de loin. Le temps ne m'avait pas aidé à la pardonner. Je ne le voulais pas. Je savais qu'entretenir cette haine n'était pas bon, mais cela faisait une paire d'années que je n'avais plus pensé à elle, à nous et surtout à ce qu'elle m'avait fait subir. Quand Xavier avait posé des questions sur les raisons de mon départ, j'avais étouffé ma rage. J'étais restée évasive. Je ne voulais juste plus y penser. J'avais espéré que les années qui étaient passées m'auraient permis de ne pas avoir à croiser. C'était complètement con. J'aurais du rester en Asie, au moins là-bas, les risques de la croiser à nouveau étaient très faibles, voire inexistants.

A la fin de ma descente, je pris un peu de temps avant de franchir la porte qui donnait sur le hall d'accueil. Je n'avais pas envie d'avoir à me justifier et à expliquer mon état d'énervement. Je vérifiais rapidement l'état de mon chignon en passant mes paumes de main sur ma tête. Je pris une grande respiration pour me donner de la consistance, en vain. Une fois la porte franchie, je vis Adam m'attendre non loin du bureau d'accueil. Qu'est-ce qu'il me voulait encore ? Je n'avais clairement pas envie d'avoir à me justifier. Sans attendre plus longtemps, je me dirigeais vers la sortie et je passais à côté de lui sans lui prêter attention.

- Jeanne, attends !

J'entendis mon collègue, mais je ne tenais pas à rester plus longtemps dans le bâtiment. Je sentis sa main sur mon épaule, une fois que nous étions dans la rue.

- Jeanne, s'il te plait, attends moi !

Par réflexe, mon poing se leva. Je vis la peur dans son regard et cela me fit redescendre instantanément.

- Je suis désolée Adam. Je ne supporte pas vraiment qu'on me touche, encore moins quand je suis énervée comme ça. Tu veux quoi ?

- Xavier m'a demandé de te raccompagner chez toi.

- Qu'il aille se faire foutre lui aussi.

Mon collègue ne se formalisa pas sur mes dernières paroles et n'attendit pas qu'un silence gênant s'installe :

- Allez Jeanne, je vais te raccompagner chez toi, tu seras rentrée plus vite.

Je savais qu'il était inutile de me braquer contre Adam, j'acceptai sa proposition brièvement avec un hochement de tête. Je le suivis jusqu'à la voiture, sans parler et en essayant de me calmer un peu. Je cherchais à me focaliser sur ma respiration, une technique de méditation que j'avais appris au début de mon périple asiatique. Mon souffle était court et saccadé. Tout le temps du trajet, mon objectif était de retrouver un certain calme et de ne penser à rien d'autre que le cycle de l'air dans mon corps. Adam respecta mon silence, jusqu'à notre arrivée.

- Tu veux monter ?

- Euh, oui, si ça ne te dérange pas.

- Il n'y a pas de problème et Camille n'est pas là.

En ouvrant la porte, je me retournai vers Adam :

- C'est un peu le bazar, mais Camille n'a probalement pas eu le temps de ranger ce matin avant d'aller chez la nounou.

- Oui, c'est vrai, Camille et la fameuse Poussin ! Je me souviens de la soirée Karaoké. 

- Voilà ! Poussin est chez la nounou, Camille au boulot. Et elle est toujours à moitié à la bourre le matin avant de partir. D'où les jouets un peu partout dans l'appart.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant