CHAPITRE 44

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Le dimanche avait été parfait, nous n'étions pas sortis de l'appartement et nous avions profité de cette journée de tranquillité pour regarder des films et se câliner. Le lendemain, c'était un grand jour pour nous : notre première journée officielle au boulot en tant que couple. Nous étions arrivés ensemble au bureau, main dans la main. Xavier avait profité de notre montée en ascenseur pour m'embrasser – un fantasme qu'il rêvait de mettre en pratique. Et une fois la porte du cabinet passée, nous avions repris nos habitudes et le schéma assistante – patron. Que tout le monde soit au courant maintenant de notre relation ne changeait pas grand chose.

Juste après notre arrivée, c'était au tour d'Adam de franchir la porte. Il me demanda avec sincérité si j'allais bien et le lui expliquai dans les grandes lignes ce qu'il s'était passé après son départ. Jean et Serge arrivèrent tous les deux en même temps. Par réflexe, Serge me fit la bise, ce qui surprit nos autres collègues. Malgré lui, il expliqua la soirée du samedi et avoua à demi-mots qu'il était en couple avec ma meilleure amie. Comme tout le monde était là, nous commencions la réunion qui était prévue.

Xavier prit la parole en premier :

- Comme vendredi fut une journée particulière, je pense qu'avant de parler boulot, il est indispensable de mettre tout au clair.

Il regarda ses collègues pour savoir si son initiative était la bonne et il comprit rapidement que oui, ils étaient en attentes d'explications. Il continua :

- Jeanne et moi sortons ensemble depuis plusieurs semaines. Nous avions prévu de vous en parler avant la situation de vendredi. On voulait juste prendre notre temps et faire les choses bien. Mais il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Bref, les gars, je sais que vous ne vouliez pas que je sorte avec mon assistante, parce que vous ne souhaitiez pas que ça puisse entraver le travail au cabinet. Avec Jeanne c'est différent. Ce n'est pas juste un coup d'un soir et on vit à présent ensemble. Notre relation ne devrait pas changer le quotidien du cabinet. Nous en avons parlé tous les deux et nous sommes d'accord pour ne rien changer.

Serge le coupa, il préparait une connerie, son sourire ne présageait rien de très sérieux :

- Bah il y a bien quelque chose que vous pouvez changer...

- Je t'écoute, répondit mon patron incroyablement sexy.

- Quand vous commencez à vous désaper dans ton bureau, vous pourriez maintenant fermer la porte.

En entendant sa demande, je sentis mes joues me brûler. Il avait osé faire référence à la fois où il nous avait surpris dans le bureau dans une position peu catholique. L'enfoiré ! Adam et Jean quant à eux nous regardaient vraiment bizarrement. Ils devaient avoir peur de bien comprendre le sous-entendu pas du tout subtile de Serge. Sans donner plus d'explications, mon beau brun acquiesça.

- Oui, ça n'arrivera plus. Dans tous les cas, ce qu'il se passe entre Jeanne et moi ne se ressentira pas dans le cabinet. Rien ne sera différent.

Sans parler, ils consentirent tous aux paroles de Xavier et ce fut à mon tour de prendre la parole.

- Il était important pour moi aussi de vous parler aujourd'hui, pas à propos de Xavier et moi mais plutôt à propos de Julia. Vous avez compris que Julia était mon ex et que nous ne nous sommes pas quittées dans de bonnes conditions. Je ne vais pas m'excuser de l'avoir frappée. Je ne regrette pas et je lui avais demandé de partir avant. Si c'était à refaire, je le referai. En revanche, je peux vous assurer que je ne violenterai aucun client.

Une fois encore nos collègues étaient silencieux, sauf Xavier qui se sentit obligé d'ajouter un détail :

- Jeanne a précisé qu'elle ne taperait pas de client, mais elle a mon entière autorisation pour en coller une à mon ex. Vous connaissez tous l'histoire et surtout la capacité de mon ex à se mêler de ce qui ne la regarde pas. Elle risque d'apparaitre au cabinet dans les jours à venir. Faut être honnête. En revanche, il est hors de question qu'elle chie dans les bottes de Jeanne ou dans les miennes. Donc on ne se laissera pas faire. Est-ce que cela vous pose un soucis ?

Tous dirent non, il n'y a que Jean qui avait une question.

- Merci à tous les deux d'avoir éclairci certains points. On connait tous ton ex Xavier et tu sais qu'on sera là pour te soutenir. Je vais briefer les agents d'accueil à l'entrée pour qu'ils filtrent au maximum mais on la connait, on sait que ça ne l'arrêtera pas nécessairement. J'ai juste une question qui peut sembler bête mais je préfère la poser. N'est-il pas possible de rencontrer ton ex ailleurs qu'au cabinet pour éviter qu'elle fasse une scène devant les clients ?

- J'ai contacté notre confrère que j'avais embauché pour le divorce. Il connait bien la problématique. Et il m'a conseillé surtout de ne pas prendre contact avec elle. On ne voudrait pas qu'elle se fasse de fausses idées et avec un peu de chances, Isabelle n'ira pas tout lui raconter...

- Ouais alors ça ce n'est pas gagné. J'ai eu une grande conversation avec elle, je lui ai expliqué une nouvelle fois pourquoi elle devait rester à sa place. Mais je ne suis pas certaine que sa bonne résolution à fermer sa bouche tienne longtemps.

- On verra bien. On va continuer de travailler comme on a l'habitude de faire. Et on avisera le moment venu, ajouta Xavier.

Comme tout le monde était d'accord, la réunion pouvait passer sur des sujets plus classiques à propos des clients et de l'organisation du cabinet. Tout se passa à merveille, il y avait une bonne dynamique de travail dans le groupe et nous étions tous efficaces.

A la fin de la réunion, tout le monde alla dans son bureau et Adam et moi à la réception. Adam commença à rédiger le compte-rendu et j'allais m'atteler à l'archivage des dossiers quand Xavier m'appela dans son bureau. J'entrais et il était en train de préparer un café. Il était dos à moi et mon regard glissa irrémédiablement sur son petit cul moulé dans son pantalon de costume gris.

- Tu veux un café ?

- Oui s'il te plait.

- Tu me passes ton mug ?

- C'est vrai que tu m'as acheté un joli mug pour le travail, dis-je avec un sourire un peu niais.

Je lui passai mon joli mug à chat et il le rempli avec le délicieux nectar auquel j'étais accro.

- Tu avais quelque chose à me dire ou je te manquais juste déjà ?

- Les deux, dit-il en venant s'asseoir à mes côtés dans le canapé.

- Tu as beau être dans la pièce à côté tu me manques. Et surtout je voulais savoir si on mangeait ensemble ce midi ?

- Oui, comme tu l'as dit en réunion, rien ne changera au cabinet. On a l'habitude de manger ensemble le lundi, nous sommes lundi, donc je t'attends à midi pour aller à la brasserie.

Il m'embrassa délicatement du bout des lèvres et chuchota dans mon coup :

- Tu sais que tu es vraiment parfaite ?

Sa question me fit rire nerveusement. J'étais loin d'être parfaite et j'avais espéré qu'il en ait conscience.

- Je ne le suis pas, mais tu me rends meilleure Xavier.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant