CHAPITRE 6

295 16 0
                                    

Je rentrais chez Camille après cette journée qui était complètement imprévue. Non la journée était prévue, le déroulement quant à lui était des plus surprenants.Camille n'était pas encore là, elle m'avait dit qu'elle allait chez ses parents pour manger avec la petite. J'avais donc pas mal de temps pour me reposer et me préparer à lui cacher ce qu'il s'était passer dans les toilettes aujourd'hui avec mon boss. Même si Camille était ouverte d'esprit, elle n'aurait pas pu s'empêcher de s'inquiéter pour moi. Elle me connaissait depuis le lycée. Elle savait qu'on n'avait pas du tout le même rapport quant au risque.J'avais mis des années pour la rassurer quand j'étais en Asie. Elle avait beaucoup de mal à appréhender le fait que je voyage seule.Elle trouvait ça dangereux. Avec mon retour, elle était un peu plus rassurée. Elle avait juste peur que je devienne folle à reprendre un rythme « normal », celui de monsieur et madame tout le monde, après avoir passé tant de temps à plusieurs milliers de kilomètres. Alors, si je lui expliquais de but en blanc, sans explication préalable, ce qu'il s'était passé avec mon patron ce matin. Elle serait devenue folle. Elle m'aurait fait la liste des raisons pour lesquelles il ne fallait absolument pas branler son patron dans les toilettes. Elle aurait eu raison. Je suis parfaitement consciente que ce moment n'était absolument pas approprié. Mais lui comme moi, nous en avions eu envie et nous avions pris beaucoup de plaisir. Ca ne faisait aucun doute.

Habituellement, en fait, je n'ai jamais eu l'habitude. C'est le premier « vrai » travail que j'ai. Je ne sais pas comment ça se passe. J'ai quand même un peu de bon sens. Je sais très bien qu'embrasser son patron est limite. Se faire caresser et le caresser c'est encore pire, surtout dans les toilettes. Mais en même temps, je n'ai pas une once de culpabilité.Si c'était à refaire, je le referai.

La première fois qu'il est arrivé dans les toilettes, j'étais gênée parce qu'il allait voir mes tatouages. Ils sont bien plus visibles que le nez au milieu de la figure. Et jusqu'à aujourd'hui, j'avais pris soin de ne pas les montrer. J'avais peur qu'il me vire à cause de ça. Or, son regard avait été d'une curiosité étonnante. Il avait scruté chaque parcelle de mon bras. Et il n'avait rien dit.

La seconde fois a été radicalement différente. Je n'avais pas songé une minute à ce qu'il ferait en me voyant en soutif'. Je n'avais tout bonnement pas pensé qu'il me verrait en sous-vêtement. Gros coup de bol tout de même, j'avais un joli ensemble dans lequel Camille ne rentre plus à cause de sa grossesse. Perturbée par mon corsage tâché, je n'avais pas vu qu'il était à nouveau à mes côtés. Et quand j'en pris conscience tout se déroula très vite. Il m'avait tendu sa chemise tout en touchant ma peau. Je me souviens très bien de l'électricité que ce contact avait provoqué dans l'ensemble de mon corps. Sans attendre, il m'avait embrassé. Un doux baiser qui s'est enflammé, un peu à mon image. Tous mes sens étaient en éveil. Son parfum boisé mêlé à la chaleur de son corps, ce dernier tendu sous mes doigts. J'eus même du fermer les yeux pour ne pas surchauffer à cause de tout ce qu'il me faisait ressentir. J'en avais oublié où nous nous trouvions. La seule chose qui comptait son contact sur mon corps.Juste à y repenser, une vague de chaleur s'emparait de moi.

Heureusement que mon portable avait sonné. Non, sur le coup, j'ai maudit ce satané portable. J'en voulais plus et lui aussi. Mais qu'auraient dit ses associés, mes patrons s'ils nous avaient surpris à moitié nus dans les toilettes du cabinet ? Clairement, je me serais fait jetée dehors et les tatouages seraient passés inaperçus.

Après avoir repris brièvement mes esprits, je l'avais laissé un peu comme une vieille chaussette au bord du lit. C'était aussi une question de vie ou de mort. Bon j'exagère un peu mais à ce moment là, je savais pertinemment que si je restais, on aurait repris là où nous avions été coupé. Et son rendez-vous n'aurait pas été honoré. D'ailleurs, une fois qu'il avait repris le cours normal de sa vie et qu'il était dans son bureau, j'en avais profité pour aller fumer une clope. La vraie clope de la frustration, celle qui fait du bien mais qui laisse le temps de se rendre compte de tout ce qui était inachevé.

Un bruit me coupa dans mes pensées.C'était Camille qui rentrait avec le couffin. Ce n'est pas plus mal, cela allait m'empêcher de penser encore et encore à ce qui s'était passé et surtout éviter d'angoisser quant au voyage qui nous attendait la semaine suivante.



Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant