CHAPITRE 11

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Le repas était succulent et mon boss / amant – je ne savais pas trop quel titre lui donner – a lui aussi apprécié ma sélection de plats. Il m'a même avoué qu'il n'avait jamais vraiment cherché à creuser la gastronomie thaïlandaise depuis qu'il venait ici. Je lui avais dit qu'il n'était qu'au début de la découverte et qu'une fois à Chiang Mai, j'aurais tout le plaisir de lui faire découvrir des saveurs uniques et délicieuses.

Après le repas, ni lui, ni moi avions envie de rentrer à la guesthouse. On subissait un peu le décalage horaire et nous n'étions pas fatigués. Il m'invita dans un bar et comme il était encore tôt, il y avait peu de clients. Ce n'était pas le genre d'endroit que j'avais l'habitude de fréquenter, il y avait un billard. Et en Thaïlande, un billard n'est pas anodin. Il y avait de très grandes chances que ce soit un bar un pute. Mais il était encore tôt et nous n'étions pas importunés ce qui était l'essentiel.

Quand la serveuse vint à notre table, Xavier commanda nos deux bières sans la regarder. Elle avait pourtant une robe rouge écarlate, avec un décolleté vertigineux et elle cachait à peine le nécessaire. Nous étions tous les deux assis sur la banquette ronde et d'un bond il se rapprocha de moi et mis sa main sur ma cuisse :

- J'espère que ça ne te dérange pas, dit-il peu assuré.

- Euh non, tout va bien. Je te promets que je ne vais pas te sauter dessus dans ce bar.

- Ah, c'est vrai ?

- Je suis capable d'attendre d'être dans la guesthouse.

Il semblait presque déçu de ma réponse. Je continuai :

- Ou au moins dans le taxi qui nous ramènera à la guesthouse.

A cette dernière phrase, il arborait un grand sourire. Il devait être d'accord avec moi. Nous avions envie l'un de l'autre. J'aimais qu'il me touche même quand il n'y avait pas de raison et son empressement à s'assoir à mes côtés et à poser sa main sur moi montrait une certaine réciprocité. La serveuse blasée dans sa robe taille 14 ans revint avec nos deux Chang. Il sortit un billet de sa poche et le tendit à la serveuse, toujours avec peu d'égard.

- Alors, tu es une habituée de Bangkok ?

Oui et non. J'y suis passée plusieurs fois ces dernières années. La majorité des cas, c'est pour prendre l'avion. Mais ce n'est pas la ville que je préfère ici. J'ai aimé bosser à la guesthouse, mais mes autres expériences de Bangkok ne sont pas mes meilleurs souvenirs.

- Ah bon, comme quoi ?

- Comme quoi, quoi ? Tu veux mon meilleur souvenir ou le pire ?

- Bah le pire... Je suis certain que ça va me faire rire.

- Ouais, ouais. C'est ça, moque toi !

- Pourquoi les mauvais souvenirs ne sont pas absurdes la plupart du temps ?

- Si, mais bon...

- Vas-y, je t'écoute.

Je le scrutais du regard. Je n'avais pas vraiment envie de repenser à mes débuts à Bangkok. J'étais encore insouciante. Pour me donner un peu de courage, il se rapprocha de moi et m'embrassa. Une nouvelle fois, tout mon corps s'électrisa.

- C'était la première fois que je restais vraiment sur Bangkok, avant de trouver la guesthouse et de rencontrer Luc. J'étais venue ici pour faire une pause dans le trajet entre le nord et le sud. A ce moment là, je ne voyageais pas tout à fait seule.

Je fis une courte pause pour jauger la réaction de Xavier. Au final, on n'avait jamais vraiment parlé de notre passé. Je luis avais juste fait part de quelques anecdotes sur mon voyage quand nous étions à la brasserie les lundis. Il arborait un petit sourire en coin, pas gêné pour un rond par ce détail. Je poursuivis :

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant