CHAPITRE 31

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En quelques minutes nous avions rejoint la terrasse de la brasserie où nous avions l'habitude d'aller Xavier et moi, le lundi. Il faisait beau et ils avaient eu une excellente idée de fermer plus tôt. Nous priment tous place. Xavier était à mes côtés, sa chaise à quelques centimètres de la mienne, si bien que nos jambes se frôlaient. Nous n'étions vraiment pas discrets mais cela ne perturbait personne et c'était plus fort que moi, j'avais besoin de le sentir près de moi. De l'autre côté, il y avait nos collègues : Jean, Adam et Serge, à côté duquel il y avait une chaise de libre pour son invitée de dernière minute. Je m'attendais donc à voir Camille arriver d'un instant à l'autre. Mes collègues avaient été surpris, mais n'avaient pas posé plus de question quant à l'invitée mystère de Serge.

Nous primes les cartes des boissons qui étaient sur la table. Il en manquait une, mais Xavier et moi, par instinct, nous partagions la notre. Vraiment pas discrets ! Le serveur vint prendre nos commandes.

- Messieurs, Dame bonjour. Avez-vous fait votre choix ?

- Un cosmo, demanda Adam.

- Une blonde pression pour moi, ajouta Jean.

Serge hocha la tête pour commander la même chose. Xavier aussi. Le serveur me regarda :

- Et vous Madame Pottier, que désirez-vous ?

Entendre ce nom me fit tousser. Une fois encore, tous les yeux se braquèrent mais pas sur Serge cette fois, mais sur moi.

- Un verre de vin blanc sec, s'il vous plait, répondis-je avec un petit sourire crispé.

J'essayais de ne pas me focaliser sur les regards interrogateurs de mes collègues pour passer ma commande. Mais dès que le serveur retourna à l'intérieur, j'entendis deux de mes collègues à l'unisson crier : « Madame Pottier ? ». C'était Adam et Jean. Serge quant à lui, plus rien ne pouvait l'étonner après ce qu'il venait de voir dans le bureau. Nos collègues nous regardaient avec un soupçon d'étonnement. Il fallait qu'on s'explique. Dans ma tête, je cherchais une excuse plausible mais je détestais mentir. Visiblement, ça ne posait pas de problème à mon beau brun de dissimuler une part de la vérité. Il prit la parole, lui aussi étant visé par les interrogations de nos collègues :

- La première fois que nous sommes venus ici avec Jeanne, le serveur a cru que c'était ma femme. Nous ne l'avons pas contredit, il avait l'air heureux. Et depuis, il nous prend pour mari et femme.

Il n'y avait aucun trémolo dans sa voix. En même temps, cette partie de l'histoire était vraie. A cette époque là, nous étions juste un patron et son assistante qui faisaient connaissance. C'était mon premier jour.

- Mais vous avez du faire quelque chose de particulier pour que le serveur s'imagine que vous soyez mariés ? Demanda Adam, avide de potins et de ragots.

- Non, rien de spécial. On était juste en train de faire connaissance. C'était le premier jour de Jeanne.

Adam se tourna vers moi, comme pour demander confirmation.

- C'est vrai, ajoutai-je avec un grand sourire sincère. 

J'étais heureuse de repenser à ce moment là, même si nous avions joué un peu plus le jeu du mari et femme que ce que mon charmant voisin racontait. C'est ce jour là, où il m'avait promis que je me souviendrai de notre premier baiser. On passait juste un bon moment quand à la fin du repas le serveur s'est imaginé des choses. Ca nous a fait rire de le laisser y croire. On ne faisait rien de mal.

- Ouais, et, on espère qu'on sera au moins invité à votre vrai mariage, répondit Serge avec un sourire radieux.

L'enfoiré, il ne perdait rien pour attendre. Il venait gentiment de nous couvrir mais il ne se gênait pas pour nous mettre dans l'embarras. Je comprenais mieux pourquoi il avait accroché à Camille. Ils se ressemblaient pas mal. Elle aurait été capable de dire exactement la même chose.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant