CHAPITRE 5

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En milieu de matinée, j'étais en rendez-vous avec une cliente, mais elle n'avait pas réussi à faire garder son gosse, qui n'arrêtait pas de pleurer. Un véritable calvaire. Même ma cliente avait beaucoup de mal à m'écouter et à se concentrer sur notre affaire. On ne pouvait pas repousser le rendez-vous. C'était impossible. Et le bébé pleurait, hurlait, s'époumonait. Rien ne le calmait.

Cela devait faire vingt minutes que le rendez-vous avait commencé quand Jeanne passa la tête discrètement par la porte.

- Excusez-moi de vous déranger, j'ai frappé à la porte mais je n'ai pas eu de réponse.

Elle continua en regardant ma cliente.

- Votre enfant est malade ?

- Oui, je suis désolée, je n'ai trouvé personne pour le garder.

- Ca vous dérange si je m'occupe de lui le temps de votre rendez-vous ?

Je la regardais complètement stupéfait. Une douceur et une gentillesse incroyables se dégageaient d'elle. Plus j'apprenais à la connaître, plus je découvrais des pans de sa personnalité qui me bluffaient. Et forcément, j'avais envie d'en savoir encore plus sur elle. Quand je sortis de mes pensées, Jeanne avait le bébé dans les bras.

- As-tu une écharpe dans ton bureau ? Me demanda-t-elle.

- Euh oui, pourquoi ?

Sans attendre sa réponse, j'allais dans ma petite penderie pour attraper une écharpe que j'avais oubliée ici. Et je lui tendis.

- Tiens, aide moi à faire un double nœud dans mon dos, s'il te plait.

Elle avait placé l'enfant contre sa poitrine, debout, les jambes autour de ses hanches. Mon écharpe enveloppait à la fois le bébé de ma cliente et mon assistante. On aurait cru qu'elle avait fait ça toute sa vie. Une fois le nœud fait, elle me remercia doucement. Puis elle demanda le sac à langer à ma cliente et la rassura sur la suite des événements :

- Je vais aller le changer. Normalement, après je serai à mon bureau ou en train de me promener dans le couloir pour le calmer. J'aurais mon téléphone sur moi, si vous me cherchez.

La cliente hocha de la tête. L'enfant continuait de pleurer mais un peu moins. Et moi, j'étais juste stupéfait. Elle quitta mon bureau en murmurant quelque chose à l'oreille du gamin pendant que ma cliente ne tarissait pas d'éloges envers mon assistante. Après une dizaine de minutes, le calme était revenu dans mon bureau, mais aussi dans les locaux.


La suite de mon rendez-vous s'est déroulée sans encombre. Lorsque nous sortîmes du bureau, Jeanne était au sein en train de travailler, toujours avec le bébé contre sa poitrine. Visiblement, il dormait. Dès qu'elle nous entendit, elle se leva. Ma cliente était aux anges en voyant son gamin si calme.

- Mais comment avez-vous fait ? Vous avez des enfants ?

- Je n'ai pas d'enfant, non. Porter les enfants de cette manière est courante en Asie. Pas besoin d'écharpe de portage ou autre instrument immettable. Généralement, les enfants se calment en sentant la chaleur de l'adulte contre eux. Une fois qu'il a été changé et qu'il a rendu un peu, il s'est endormi rapidement.

A cet instant, Jeanne rendit le bébé à sa mère. Et son chemisier blanc était tâché par une immonde couleur orange.

- Je suis désolée pour votre chemisier, mademoiselle.

- Il n'y a pas de problème, ne vous inquiétez pas. Ca arrive.

Elle était dotée d'une bienveillance incroyable envers ma cliente et son rejeton. Rien dans son boulot ne l'avait obligée à s'occuper de lui. Et pourtant elle l'avait fait.Mon entretien s'était déroulé facilement. Ma cliente était aux anges à plus d'un titre.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant