CHAPITRE 18

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Je dormais profondément quand un bruit désagréable parvint à mes oreilles. Par réflexe, ma main s'écrasa sur la table de chevet et mon portable. Cela ne changea rien au bruit pénible. J'ouvris alors un œil malgré moi et je la vis. Elle était magnifique quand elle dormait. Elle semblait sereine, ses traits étaient détendus. Sa peau halée contrastait avec le drap blanc enroulé entre ses jambes. Le bruit dû parvenir à ses oreilles et à son esprit, elle ouvrit doucement les yeux. Elle arborait un petit sourire qui me fit fondre. En une fraction de seconde, elle se tourna et éteint son réveil. Mes yeux glissèrent sur son dos dénudé, ses tatouages dont je ne me lassais pas puis ses fesses.

- Tu aimes ce que tu vois ?

- Si tu as des yeux dans le dos, tu devrais déjà connaître la réponse...

- Je connais la réponse, mais je vais reprendre mon rôle d'assistante pour le coup et te rappeler qu'il faut qu'on aille au bureau, Maitre Pottier.

- Tu sais que ça me fait un effet fou quand tu m'appelles par mon nom de famille ?

- Peut-être, mais pour le moment, il va falloir calmer cet effet fou et se bouger, dit-elle en se levant du lit et en allant vers la salle de bain.

- Mais comment tu fais pour être si énergique et si rabat-joie dès le réveil ?

- Ahahah ! C'est un art mon cher ! C'est un art !

Une fois qu'elle eut fini de prononcer ces quelques mots, j'entendis la porte se verrouiller. Elle avait raison, il fallait qu'on passe au bureau, si je n'y allais pas, ça aurait sembler suspect. Mais bon, ce n'était pas la peine de se presser pour autant. Visiblement, ma jolie assistante eut le même raisonnement que moi puisqu'elle passa ta tête dans l'encadrement de la porte et me proposa de la rejoindre sous la douche.

Après notre douche, nous étions tous les deux dans la cuisine pour prendre un petit-déjeuner rapide. Elle avait ouvert son ordinateur et était en train de préparer notre retour au bureau. Elle avait l'air sérieuse. J'étais debout contre le plan de travail et je l'observais. Elle n'avait plus de fringues propres à se mettre et elle avait du s'habiller avec mes vêtements. Je lui avais dit de se servir dans la penderie, ne sachant pas trop ce que je pouvais lui prêter. Elle avait choisi une chemise bleue rayée de blanc, un 501 dont je ne me souvenais plus l'existence. Elle lui avait fait des bords pour qu'il lui arrive au dessus des chevilles. Elle avait aussi remonté ses cheveux en un chignon désordonné. Je crois que je ne l'avais jamais vue coiffée comme ça au boulot. Même si son style changeait des tailleurs classiques qu'elle portait habituellement, l'ensemble était classe. Elle me coupa dans mes pensées :

- On va peut-être y aller, non ? Il est déjà 10h30 et je ne veux pas passer ma nuit au boulot.

- Et tu veux passer ta nuit où ?

- Tu ne retiens que ça de ce que je viens de te dire ? Me demanda-t-elle avec un petit sourire moqueur.

- A peu près. Tu n'as pas répondu à ma question...

- Je ne sais pas, c'est une proposition pour que je reste ici une nuit de plus ?

- Oui, tu as compris.

Elle avait d'un coup l'air un peu gênée, ses joues prirent une teinte rosée.

- Je ne sais pas... Ca fait un bout de temps que je n'ai pas vu Camille et la petite. Et puis, elle ne sait pas qu'on est ensemble. Et en plus, je n'ai pas de fringues propres.

- Doucement, doucement. Ne va pas faire un AVC parce que je te propose de passer une nuit de plus ici. Si je vais trop vite pour toi, dis le moi. Il n'y a pas de problème. Très égoïstement, j'avais envie de profiter de toi encore un peu cette nuit.

- Euh, je ne sais pas... Je ne sais pas si ça va trop vite ou pas.

- Dé-stresse. Souffle un coup. Il n'y a aucun problème. Je ne voulais vraiment pas te mettre la pression. Je n'avais pas réfléchi du tout, que ce soit à propos de la vitesse de notre relation ou de ce que tu pouvais ressentir à ce propos.

- Non, ne t'excuse pas, s'empressa-t-elle de répondre. Pour tout te dire, je n'y avais pas réfléchi non plus. Tu m'as prise un peu au dépourvu. Evidemment, j'ai envie de passer la nuit avec toi. Mais...

- Oui, ne t'inquiète pas. Je comprends tout ce qui te stresse là tout de suite. Si tu veux, là on va bosser. On revient ensuite ensemble ici pour que tu récupères tes affaires et je te dépose chez toi après. Tu pourras revoir Camille et on se voit demain au bureau.

- Oui, ça marche, dit-elle en regardant le sol de ma cuisine. Et puis, je pourrais en dire un peu plus à Camille, juste assez pour qu'elle ne s'inquiète pas si je découche.

- Si tu veux. Il n'y a pas de soucis.

Pour la rassurer, je m'approchai d'elle et l'embrassai sur le front. Je sentis son parfum mêlé à mon gel douche et cette combinaison me plaisait vraiment beaucoup. Ca faisait vraiment très longtemps que je n'avais pas ressenti tout ça pour une fille, que je n'avais pas eu envie de plus qu'un simple coup d'un soir, que je n'avais pas ressenti le besoin d'être avec quelqu'un dès que j'en avais l'occasion. Elle me rendait définitivement fou. Elle se décala un peu de mon étreinte, puis avec une petite voix ajouta : « on va peut-être y aller maintenant ? ». Je lui fis un dernier bisou avant de me séparer complètement d'elle pour prendre ma sacoche et mes clefs de voiture.

Le trajet jusqu'au cabinet se fit dans le silence. Pas un de ces silences gênants, au contraire. Avec elle, il n'y avait pas besoin de combler les blancs. Ce n'était pas utile et ça me plaisait beaucoup. Une fois arrivés dans le quartier, elle baissa le volume de la radio.

- On arrive ensemble ? Ca ne va pas faire bizarre ?

- Je pense que pour ce matin, ça ne va pas poser de problème. Ils s'attendent tous à nous voir arriver, je pense. Et comme on aura pas mal de choses à gérer depuis notre départ, ça ne va pas sembler suspect.

- Ok, si tu le dis. Tu les connais mieux que moi.

- Ouais ne te bile pas avec ça.

Nous traversâmes le hall de l'immeuble sans problème, sans regards particuliers. Nous étions l'un comme l'autre attentifs à ne pas faire de gestes suspects. Vu l'heure relativement tardive à laquelle nous arrivions, il n'y avait pas foule dans les couloirs. Dans l'ascenseur nous n'étions qu'à deux et j'en avais profité pour lui donner un dernier baiser. Une dernière dose d'elle, avant de faire semblant, de retrouver nos rôles d'avocat et d'assistante. Je savais que c'était important de garder nos distances, mais je ne pensais pas que ça aurait été si difficile. En quittant ses lèvres, je n'avais qu'une envie : appuyer sur le bouton pour bloquer l'ascenseur et lui sauter dessus. Mais la raison me retint.

Une fois les portes du cabinet passées, Adam nous accueillit avec grand enthousiasme.

- Enfin vous êtes revenus !

- Oui, avoue, tu ne peux plus travailler sans moi ?! Lui répondit-elle.

- Ouais carrément. Tiens voilà les différentes choses à traiter depuis que tu es partie, dit-il en lui tendant une épaisse liasse de notes. Puis en se tournant vers moi, il ajouta : Jean est dans le bureau de Serge. Il n'y a pas de client mais ils veulent te voir dès que tu arrives.

- Ca roule. J'y vais tout de suite. Jeanne, ça va aller pour tout gérer ?

- Bah oui, pourquoi ça n'irait pas ?

- On revient de dix jours à l'étranger, c'est la première fois que tu as autant de travail qui t'attend.

- Ne t'inquiète pas. Je préfère ça que d'avoir à me charger de l'archivage.

- Ok, ça marche. Si tu as la moindre question, tu viens me voir. Ca marche ?

Sans réfléchir, je m'avançai vers elle pour l'embrasser mais elle fit un pas en arrière et des gros yeux qui voulaient dire : « Mais tu me fais quoi là ! ». En les voyant, je pris conscience que je faisais une connerie. Heureusement qu'Adam nous tournais déjà le dos.

Entre deux volsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant