Chapitre 5 : rencontre et amitié

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Nathan
——

Chloé, elle s'appelait Chloé.
Mon père s'était fait une amie dès le premier jour. Je ne m'en étonnais plus, il avait toujours été quelqu'un de très apprécié et n'avait aucune peine à sympathiser mais c'était la confiance qu'il ne maîtrisait plus depuis le départ de ma mère. Bref, sa nouvelle amie et collègue s'appelait Patricia et avait une fille, Chloé.

Son teint pâle et ses pommettes rosés, la faisaient ressembler à une poupée au cheveux d'or. Sa taille de mannequin frôlant les 1 mètre 70 m'étonnèrent lorsque je lui fis la bise, sans oublier ses yeux d'un noisette magnifique. 

Mon père me présenta. Il m'expliqua que les deux filles habitaient juste en face et que nous aurions aussi l'occasion de nous voir souvent, je saluai également Patricia d'une bise aimable tout en assurant à mon père que mon rendez-vous c'était bien passé et celui-ci ne put s'empêcher de prévenir les deux femmes de mon entrée dans Vogue, Chloé écarquilla les yeux avec un "hé bah, je côtoie une vraie star dites-moi" alors que je m'installais à côté d'elle. Patricia, quand à elle, se contenta d'un mot de félicitation en bonne et dû forme accompagné d'un énorme sourire. 

La femme qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Chloé avec quelques rides en plus nous proposa ensuite, changeant le sujet du coq à l'âne, qu'on soupe les uns chez les autres régulièrement afin d'avoir moins de repas à préparer le soir en rentrant. Franchement cela m'allait, généralement on mangeait des pâtes ou des croques monsieur ce qu'on maîtrisait un minimum alors manger un peu plus élaboré ne nous ferait pas de mal ! Mon père était de mon avis et Chloé acquiesça rapidement également.

Mon père, assit à ma gauche, m'expliqua alors que Patricia avait insisté pour amener à manger en me désignant deux cartons de sushis qui, je dois bien avouer, avaient attirés mon attention dès mon entrée dans l'appartement.

- Ma mère ferait cramer une pizza surgelé ! J'espère que ton père cuisine mieux sinon on va finir empoisonné tous les deux ! Me chuchota Chloé avec une pointe de sarcasme dans la voix.

- La dernière fois qu'il a tenté de cuisiner, il a déclenché l'alarme incendie et les pompiers sont arrivés alors...

Nous nous regardâmes avec une grimace sur le visage avant d'éclater de rire en faisant tourner le visage des adultes interrogatifs vers nous.

Après le souper et la vaisselle ramenée en cuisine, moi et Chloé allâmes dans ma chambre pendant que les parents s'organisaient niveau planning des repas.

- Désolé pour les cartons un peu partout je ne les ai pas encore défaits. M'excusai-je à la jeune fille qui haussa les épaules pour me montrer qu'elle se foutait du bazar tout en s'asseyant en tailleur sur mon lit. Elle analysa quelques instants son nouvel environnement avant de prendre la parole.

- C'est vrai que c'est le bordel mais t'inquiète. tu verrais ma chambre ! Rigola-t-elle. En attendant je suis tellement contente de me faire un pote ! Tu sais le collège c'est horrible, surtout pour moi qui n'arrive pas à me faire d'amis étant une fille un peu trop... marginale pour les autres je pense...en tout cas, j'espère que tu me laisseras le droit de te coller un peu au cul ! Dit-elle une légère angoisse se faisant sentir à travers ses mots. 

- T'inquiète, je suis pareil, on se soutiendras respectivement. Lui souris-je, mon homosexualité dans un coin de ma tête. Marginalité... c'est ce que je suis aussi pour la société.

Soudainement elle ouvrit grand les yeux avant s'ouvrir la bouche et de la refermer, ses yeux se plissaient sous la concentration avant qu'elle ne s'exclame :
- Ça veut dire que je suis pote avec un mannequin maintenant ! J'éclatai de rire.
J'adorais décidément cette fille. Nous avions très vite sympathisé durant le repas. J'avais d'ailleurs pu remarquer durant celui-ce qu'elle n'hésitait jamais à dire ce qu'elle pensait et même si cela peut agacer des gens moi j'aime les personnes franches et sans retenues.

Nous discutâmes de tout et de rien, elle sur mon lit et moi carrément sur mon bureau, nous avions une grande complicité et de nombreux points communs mis à part notre chanteur préféré. J'affirmais que Loïc Nottet était Le meilleure alors que pour elle, c'était Adèle.

Je la rejoins finalement sur le lit, mon cul pâtissant de la dureté du bois et nous finîmes finalement tout deux sur le dos, côte à côte. C'est lorsque nos deux mains se frôlèrent et qu'elle l'a retira rapidement que je sentis la gêne s'installer, elle venait sûrement de se rendre compte de la proximité entre nous, avait-elle un copain ? Culpabilisait-elle d'être dans un lit avec un autre mec que son homme ?

- Ça va ? Lui demandai- je percevant bien qu'elle tentait de se décaler de moi.

- Heumm, oui.. oui, c'est juste que c'est un peu gênant parce que... t'es un mec... moi une fille, enfin tout ça quoi. Je souris en coin, pour moi, la gêne n'avait pas lieu d'être. 

- Tu peux garder un secret ? Murmurai-je sans réussir à quitter le plafond des yeux.

- Ouais ! Me répondit-elle surexcité, ha les nanas je vous jure ! Un moindre petit potin suffirait à les faire tourner en bourrique pour trois bonnes heures.

- T'as pas à être gênée par un quelconque rapport entre nous. Lâchai-je finalement, ne réussissant pas à prononcer le mot qui décrivait mon orientation sexuelle, avec les quatre garçons de tantôt cela avait été différent, je n'avais pas eut besoin de le dire et le fait que Samuel le soit aussi m'avait rassuré quand à une mauvaise réaction mais là...

- T'as une copine ? me coupa-t-elle sans filtre.

- Non. La coupai-je a mon tour. T'as pas à t'inquiéter... j'inspirai profondément avant de me lancer, parce que je suis gay. Je ris quelque peu tentant de cacher mon stress et la peur qu'elle n'accepte pas cette différence qui pourtant était une partie importante de moi-même sans que je ne le veuille.

C'était la première personne à qui je le disais, directement en tout cas, et cela me soulagea encore une fois d'un poids énorme. Comme si l'on défaisait un noeud de mon estomac, forcément il m'en restait, des noeuds, mais cela soulageait. Le fait que l'on ne se connaisse pas très m'avait toutefois aidé je dois dire, le fais de savoir que si elle me tournait le dos pour ça... ce ne serait pas une grande perte... parce qu'au fond elle n'est encore rien de plus qu'une connaissance pour moi.

- Nooooon, dis, je vais te paraître chelou mais, j'ai toujours voulu avoir un meilleur pote gay, tu sais... pour que ça soit une amitié sans gêne et tout !

Comme je vous le dis « haaa ses nanas »!

- Okay, alors tu seras ma meilleure amie hétérosexuelle ! Mais juste.... pas un mot à personne hein !

- T'inquiète ! Me dit-elle en m'embrassant la joue et mettant sa tête sur mon torse. Je fus en premier lieu gêné de se rapport tactile soudain et puis je souris dans ses cheveux... j'avais besoin d'une présence féminine à mes côtés, d'une personne sur qui compter tout simplement.

Le reste de la soirée, nous rîmes à gorges déployées pour tout et pour rien passant d'un sujet à l'autre comme on change de chaussettes.

Lorsque sa mère entrebâilla la porte pour venir la chercher, nous ne pûmes résister de nous exclamer :
- Hooooooo non... nous fîmes semblant de pleurer comme des gamins de cinq ans et nous prîmes dans les bras.

- C'est pas comme si nous habitions la porte d'en face et que vous vous voyiez sûrement demain mais bon ! Rigola mon père.

Chloé refusa de partir sans son bisou de bonne nuit, j'étais mort de rire. Elle faisait sa diva.

- Tiens mange un snikers, t'es plus toi quand t'as faim ! M'exclamai-je faisant bien entendu référence à cette pub énorme ou une grand-mère est dans un vestiaire de footballeurs et que, finalement, après avoir mangé un snikers, c'était aussi un footballeur. Elle mima le bruit d'un déodorant en spray avant d'éclater de rire et je la suivis sous les regards interrogateurs de nos parents respectifs.

Nous nous quittâmes finalement, l'un ayant le visage inondé de larmes et l'autre une crampe à l'estomac, à force, on paie le prix du bonheur.

Sur mon lit, je regarde le plafond, blanc, lisse, uniforme.
Je repense à cette soirée, deux jours et déjà, j'ai une amie. Je suis content, Chloé est gentille, douce, drôle,... mais ce pour quoi je l'adore c'est qu'elle ne voit pas d'inconvénient à... Moi. À ce que je suis. Et pour ça je lui serai éternellement reconnaissant.

Merci Chloé...

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Le reflet du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant