Chapitre 15 : dure réalité (part.3)

100 10 2
                                    

Je me réveillai avec un mal de chien qui me tenaillait la tête. Comme si une putain de fanfare s'entraînait, la haut, avec leurs tambours et leurs trompettes.
Je tentai de me lever mais ma tête tourna et je dus me rallonger. C'est alors que j'aperçus la mare de sang sur mon oreiller, plutôt un lac vu le débit qui s'écoulait à chaque affaissement de mon matelas, mais bon, ce n'est que du vocabulaire géographique après tout... mare ou lac cela revient au même en cet instant précis, le sang dégoulinait de ma plaie à l'arcade sourcilière.
Les pansements que Chloé m'avait appliqué la veille avaient dû tomber durant la nuit, c'est sûr qu'avec tout ce sang ils ne devaient plus coller.

Je repensai à hier, je n'arrivais pas à y croire, c'était lui. Lui qui m'avait frappé. Les autres j'y étais préparé, mais lui ! Des larmes coulèrent sur mes joues. De colère, de déception, d'amour, de tristesse,... je n'en sais rien j'avais juste ce creux au centre de ma poitrine qui me rappelait constamment ce qu'il m'avait fait.

Mon père entra sûrement pour me dire qu'il était l'heure de se lever. Mais il ne finit pas sa phrase et accourut vers moi.

- Nathan, que s'est-il passé ? Ho non... s'il te plaît Nathan. Dis-moi que ce n'est pas vrai ?! Ils ne t'ont quand même pas frappé parce que tu es...?

Je détournai les yeux afin d'éviter le regard autant suppliant que désespéré, au fond il savait.

- Nom de dieu... bon tu ne vas pas à l'école aujourd'hui, j'appelle le docteur. Finit-il par dire en commençant à sortir son portable de la poche arrière de son jeans mais je l'arrêtai en posant ma main sur son avant bras.

- Non, papa, s'il te plaît ! Ça va être encore pire, je t'en supplie, laisse moi me débrouiller, fais-moi confiance, ok ?

Mon père, pas convaincu mais faisant confiance à son fils ne répondit d'abord rien m'observant puis finit par hocher la tête.

- Je veux que tu m'appelles au moindre nouvel accrochage et s'ils recommencent, on ira porter plainte moi et toi, on a un accord ? J'hochai la tête.

Il me mit des sterytrips afin de me refermer l'ouverture qui me barrait l'arcade sourcilière puis me donna un anti-douleur afin que je sois prêt à affronter le monde cruel qu'est le collège. Je me chaussai, enfilai une veste en jeans et m'emparai de mon sac mais juste avant que je ne passe la porte mon père arriva. 

- Je t'aime mon fils. Je souris retenant mes larmes de bonheur et lui retournai ses paroles avant d'enfin fermer la porte derrière moi.

~

Lorsque je franchis les portes du collège avec Chloé qui avait respecté mon silence sans me poser de question durant le trajet, tout le monde me regarda avec les yeux écarquillés ou en baissant la tête. Lui ? Il n'était pas là.

Nous allâmes directement en cours car la sonnerie venait de retentir. Louis arriva juste après, je ne réussis pas à croiser son regard... ou plutôt l'évitai alors je ne sus pas s'il m'avait regardé.

La prof de maths arriva quelques minutes après elle nous salua sans un regard puis sortit ses affaires, lorsqu'elle commença son cours sur l'algèbre, elle nous regarda enfin mais arrêta de parler en regardant dans ma direction, je baissai immédiatement les yeux.

- Nathan, qu'est-il arrivé à votre visage ? Me demanda-t-elle.

Mathieu, sans un remord prit la parole à ma place.

- Il est tombé dans les escaliers madame.

Elle ne dénia même pas le regarder et me fixa... encore.

Un peu plus douce elle me reposa la question.

- Nathan, qu'est-il arrivé à votre visage ?

Je ne répondis pas tout de suite puis je parlai en murmurant si bas que je crus être le seul à l'entendre.

- Je... je suis tombé dans les escaliers.

Mais apparemment elle avait tout de même entendu car elle me répondit.

- Je vois... bon on va reprendre notre cour... sur... sur... l'algèbre... puis, tout d'un coup elle se retourna vers le mur, je vis ses épaules légèrement tressauter, et la vit se passer les mains sur le visage, durant cinq bonnes minutes tous se regardaient, se questionnant par le regard. Elle pleurait... pour moi ?

Point de vue de Mme Bays
Les larmes pointaient leurs nez, je me retournai vers le mur, je devais me reprendre ! J'inspirai, j'expirai,... durant de longues minutes, je sentais le regard des élèves dans mon dos, je devais le faire... pour lui. Nathan. Je savais ce qui se passait, comme tout le monde j'avais vu la photo. Elle circulait partout, un élève l'avait même collé sur le panneau d'affichage. C'est moi qui l'avait enlevé car je savais ce que c'était. Ce matin même avec monsieur Clément, son professeur principale, nous étions allé voir le directeur pour lui demander d'inviter une personne experte et comme pour les cours d'éducation sexuelle, faire un cours sur les différents genre sexuels. Mais le directeur, fermé d'esprit avait tout nettement refusé. Je ne pensais pas que cela irait si loin, jusqu'à... bon dieu son visage... cela recommençait...

Nathan

Lorsqu'elle se retourna à nouveau vers nous elle avait l'air plus sûre d'elle. Elle s'assit sur le coin du bureau et commença :

- Non, nous n'allons pas faire d'algèbre j'aimerais vous raconter une histoire d'abord. C'est l'histoire d'une fille de votre âge. Mais cette fille n'était pas bien dans sa peau, elle se sentait différente des autres car cette filles... aimait les filles.
Longtemps elle se fit traiter de toutes les immondices possibles. Contre nature, monstre, hors norme, malade, aberration de la nature,... elle se fit rejeter par ses amis, abandonnée d'un quelconque soutient. Mais cette fille contrairement à Nathan, les écouta, elle écouta tous ses crétins qui ne comprenaient pas que c'était normal. Si, cette fille avait connue Nathan, elle aurait pu être aussi courageuse que lui et assumer son choix, car assumer est dur mais c'est un choix courageux. Et je pense que chacun d'entre vous devrait le respecter voir l'admirer du courage dont il fait preuve, chacun d'entre vous cache un secret inavouable sauf qu'à son contraire vous n'osez pas l'assumer et pour ça, vous devriez avoir honte. Il n'y a pas que les personnes qui frappent ou qui insultes qui sont lâches, il y a ceux qui murmurent dans les couloirs, ceux qui transmettent les informations, ceux qui ne disent rien, ne rien dire c'est tolérer. Vous tolérer qu'un de vos camarade soit frappé ainsi ? Vous devriez avoir honte de vous. Moi tout ce que j'ai à dire c'est que Nathan a du courage et peut être même bien plus que vous tous réunis.

Louis daigna enfin se retourner et me regarder, je vis toutes sortes de sentiments traverser ses yeux. La tristesse, la culpabilité, la mélancolie, la peur, la honte... et puis il se retourna aussi vite qu'il s'était tourné, cachant sous ses cuisses ses mains qui tremblaient.

Lorsque Mme Bays finit son discours, la sonnerie retentit et puisque notre prof d'ACT était absente nous avions congé le reste de la matinée. Nous sortîmes tous.


Dès le moment où la prof arriva dans le parking tout le monde la regarda, car je pense que vous l'avez aussi deviné, la fille, c'était elle. Comme elle en a parlé, s'est émue, tout le prouvait. Je souris en coin de la savoir comme moi, comme quoi nous pouvions trouver du soutient ou des points commun même chez la personne que l'on soupçonnait le moins.

Point de vue de Mme Bays

Lorsque j'entrai dans la voiture de ma compagne depuis maintenant trois ans, je vis tous les élèves me fixer, surtout un. Nathan. C'est grâce à lui que je pris la décision de ma vie. Assumer mon couple, assumer mon homosexualité.

- Embrasse moi. Demandai je doucement à ma compagne. Elle me regarda les sourcils haussés. Elle n'avait pas l'habitude. J'hochai la tête avec un sourire. Elle ne se fit pas prier plus longtemps. Elle m'embrassa.

Aujourd'hui, grâce à Nathan, j'ose.

1344 mots

Le reflet du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant