Chapitre 14 : dure réalité (part.2)

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Les deux dernières heures de la journée ne sont destinées qu'à une dernière matière, EP ou éducation physique, on pourrait dire simplement sport mais l'espèce humaine se doit de toujours tout compliquer, pourquoi ? Allez savoir.

Avec Chloé nous allions toujours directement nous changer pour pouvoir attendre dans la salle à discuter ainsi que pour ne pas avoir à sortir lors de la pause.  Alors lorsque la sonnerie de la pause qui dure une dizaine de minutes, je me précipitai dans le vestiaire, me changeai rapidement et allai dans la salle enfermant mes affaires dans un casier codé. Je m'assis sur le sol, au centre de la salle, la tête de Chloé sur mes genoux qui me parlait doucement, elle tentait de me faire oublier le regard des autres mais n'y arrivait point, je n'arrivais pas à rester concentré sur ce qu'elle me disait en voyant les autres arriver et également se mettre au centre de la salle se remplissant peu à peu d'élèves qui me jetaient des regards de travers, surtout les gars.

Le prof sépara, filles-garçons et quelques « ho le sexiste ! » fusèrent vers lui mais il les fit taire de son sifflet et ordonna aux filles d'aller s'assoir contre le mur. Alex qui passait à côté de moi me donna un coup d'épaules me jetant un "vas t'assoir avec les filles, tarlouze". Je l'ignorai tout simplement mais ma conscience m'hurlait de me casser de cette salle de sport et d'aller pleurer dans un coin caché du monde. 

Le prof recoupa les garçons en deux équipes pour faire un match de handball. Je me retrouvai en défense ce qui m'arrangeait, le sport n'est pas vraiment mon truc alors rester sur une ligne et lever les bras dès que quelqu'un passe devant moi, ça me va.

Nous jouons et pour l'instant gagnons, mais je n'ai encore rien fait alors aucun mérite pour moi.  Lorsque Mathieu,  un garçon de notre classe s'approcha du goal, je me mît devant lui pour défendre mon équipe, il continua à avancer et tout à fait dans les règles du jeux lui donnai des petits coups d'épaules, il me cria dessus.

- Ne me touche pas toi ! Espèce de sale pédé va ! M'insulta-t-il.

Moi, pas du tout embrouilleur reculai sans dire un mot mais Chloé était déjà devant lui et lui criait dessus.

-Toi tu fermes ta gueule ! Espèce d'enfoiré d'homophobe, tu veux mon poing dans ta gueule ?! Hurla-t-elle.

Le prof siffla mais plusieurs élèves se levaient déjà ou s'approchaient pour prendre part au débat.

- Ok ! Les trois là vous allez au vestiaire et vous n'en sortez pas avant la fin du cour ! nous désigna du doigt le prof.

Mathieu lança le ballon derrière lui, énervé pendant que je tentais de tirer Chloé derrière moi alors qu'elle voulait s'en prendre seule contre tous ceux qui acclamaient mon départ.

Arrivé devant les deux portes des vestiaires, je laissai Chloé et me dirigeai vers la porte de gauche, les gars. Mathieu est assis sur le banc et semble plus passionné par son portable que par mon arrivée, je pris mes vêtements et passai devant lui sans un regard, j'allai discrètement à l'autre bout du vestiaire afin qu'un mur nous sépare, parfait ! Je m'habillai avant d'attendre moi aussi sur le banc en connaissant la règle ; si l'on quitte le cours afin sa fin, une heure de colle nous tombe dessus.

Après  une demie heure, le reste des garçons entrent ainsi que lui... à y repenser, durant le «débat» il n'avait rien dit, se contentant de garder les yeux baissés. Ni une parole, ni un regard. Comme durant toute la journée quoi... okay, si ce n'est ce matin. Un pincement au cœur me fit voir trouble, je respirai prudemment et lentement afin de ravaler mes larmes, ce n'est pas du tout le moment de craquer. J'espère de tout coeur qu'une sonnerie quelconque ne retentisse pour pouvoir fuir mais la sonnerie que j'attends ne vient pas et la situation perdure.

Quand, soudain, une poigne me prend par le col, je me retrouve alors face contre terre sans avoir compris comment j'y étais arrivé ou plutôt... grâce à qui. Des coups de pieds frappent mon corps, j'essaie de me relever mais c'est mission impossible car à chaque fois il y en a toujours un pour me remettre à terre.
Les insultes pleuvent ; contre nature, suppôt de Satan, monstre, déviance, pédé,... 
Je croise son regard, il me regarde l'air désolé, mais lorsque Mathieu le regarde puis me regarde, passant de l'un à l'autre, je vois alors le visage de Louis se fermer et ses yeux se dénuder de toutes émotions. Trop tard, Mathieu semble avoir compris.

- Dis Lucas... ce ne serait pas toi le gars de la photo ? À ta coupe de cheveux j'oserais l'affirmer mais bon... et Laura dans tout ça... tu ne lui ferais pas faux-cul par hasard ?

- Ta gueule bouffon. lui répondit Lucas d'une voix grave qui me fit frissonner, il faisait peur, là tout de suite.

Il se leva et se mit à califourchon sur mon ventre tout en poussant les autres pour passer. Le premier coup de poing m'arriva dans la lèvre inférieur, un goût métallique me remplit la bouche, du sang.

Le deuxième toucha ma joue, puis mon arcade sourcilière qui saigna à son tour. À chaque coup je voyais son poing se maquiller de sang et ses yeux devenir de plus en plus orageux, mais je crois bien être le seul à voir cette larme solitaire aussi rare qu'une perle de diamant couler sur sa joue.

Les autres garçons nous regardent. Lui qui me frappe déchargeant toute sa colère dans ses coups et moi ne réagissant pas...  abandonnant définitivement l'idée d'une quelconque relation emplit d'amour pour nous deux.


Au bout d'un moment, les autres garçons de notre classe se jettent des regards puis tirent Louis en arrière.
Nos regards restent bloqués l'un à l'autre, je ne vois plus rien désormais, la rage et la colère l'a entièrement envahit, il s'est enfermé dans une cage entourée de barbelé et dans cette cage il 'y a pas de place pour deux.
Je me relève alors doucement pendant que tous me regardent et c'est le corps complètement ravagé, le sang recouvrant mon visage ainsi que mon coeur totalement détruit que je sors. Ses poings n'ont pas fait qu'atteindre mon enveloppe charnelle apparemment... 

Je vois du coin de l'œil Chloé qui abandonne son amie pour courir dans ma direction. Moi, le boiteux qui saigne de partout.

-  Nathan ! Que s'est-il passé ? Pourquoi ont-ils fait ça ? La panique dans son regard, les larmes au coin de ses yeux et ses mains tremblantes me font à mon tour flancher, elle est comme une soeur et je ne veux pas qu'elle se mette dans un état pareil pour moi. Je prends son visage entre mes mains et lui chuchote doucement.

- Ça va Chloé, ne t'inquiète pas. Je tente de lui sourire mais ma lèvre fissurée me fait faire une grimace.

- Hors de question que tu rentres comme cela ! On y va à pied, je pousserai ton vélo ! Me dit-elle sévèrement.

Le soir, Chloé se transforma en infirmière et me soigna. Elle pouvait bien soigner mon corps mais mon coeur, lui, je ne suis pas sûr qu'il ne soit un jour à nouveau opérationnel.

Un pansement recouvrait ma lèvre et mon arcade tandis que mon corps était recouvert d'ecchymoses. Elle me souhaita bonne nuit et me laissa rentrer en m'ordonnant de lui envoyer un message une fois arrivé chez moi.

- Chloé j'habite la porte en face c'est pas comme s'il pouvait m'arriver quelque chose. Lui fis-je remarquer.

- Bon si tu veux pas m'envoyer un message, je t'accompagne. Répliqua-t-elle me faisant sourire mais encore une fois, ma lèvre me fit souffrir et j'abandonnai l'idée.

La connaissant et savant donc parfaitement à quel point elle pouvait être têtue j'abandonnai, sans pour autant oublier de lever les yeux au ciel ce qui me fit également souffrir, j'avais oublié mon arcade sourcilière.

Je rentrai donc avec Chloé et elle attendit que je sois dans ma chambre après m'être lavé les dents avant de rentrer chez elle, elle m'embrassa la joue et me dit que tout irait bien. Non, tout n'allait pas bien, tout n'irait pas bien. Je feins cependant un minuscule sourire avant de la remercier. Je la regardai partir puis me mît en boxer et me couchai.

Je ne savais pas si je devais être soulagé ou alors paniqué. Avaient-ils fini de se défouler ou allaient-ils recommencer ?
Mon père était policier, je savais que c'était du harcèlement et que tant que la personne ne réagit pas, ils n'arrêtent pas.

C'est décidé, demain j'irai à l'école pour leur montrer qu'on ne me coule pas si facilement.

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Le reflet du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant