Chapitre 8 : premier regard

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J'entre. Enfin.

Je jette un coup d'œil, le stress m'envahit aussitôt, Chloé me pousse légèrement au bas du dos pour me faire avancer vers le pupitre du professeur et lorsqu'il se retourne je reconnais le professeur Clement qui me dit discrètement d'aller me mettre en place au fond, je le remerciais intérieurement. Je ne voulais pas attirer l'attention directement. Je commence à l'apprécier, l'air de rien, ce professeur...
- Le pupitre au fond, c'est ma place. Me dit Chloé ne cherchant pas le moins du monde a cacher la joie qui se faisait clairement ressentir dans ses mots. Je souris à Chloé avant de la suivre, au moins je suis rassuré au sujet de ma voisine.

Les élèves continuent d'affluer et se placent, apparemment aux mêmes places que l'année précédente. Je parle avec Chloé qui me renseigne sur le fait que la fille qui était à ma place a été internée dans un hôpital car elle a été diagnostiquée anorexique. Je ne sus que dire ; m'excuser peut-être ? Cependant Chloé m'assura bien rapidement qu'elle ne venait déjà pratiquement pas en cours puisqu'elle passait le plus clair de son temps chez une psychologue.

Une deuxième sonnerie retentit et tout le monde se leva, après avoir reçu un discret coup de pied de Chloé, j'en fis de même rapidement. 

- Bonjour à tous, je suis votre professeur de français comme vous le savez presque tous. Dit le professeur en jetant un coup d'œil dans ma direction. Plusieurs élèves se retournèrent sûrement pour juger l'élève du fond, le nouveau, le bleu, l'étranger, la nouveauté,... Je leur fis un sourire timide puis baissai les yeux, je déteste qu'on me réserve trop d'attention.

Le professeur me regarda...

Ho non, pitié, pas ça.

- Vous pouvez vous assoir et Nathan, si tu veux bien te présenter... Me dit le professeur émettant une phrase plus déclarative qu'interrogative, il fit ensuite un petit signe de la main pour me faire comprendre de m'avancer à l'avant de la classe.

Ho non... ma seule envie est de me mettre en petite boule et de me cacher dans un coin de la salle, ou de m'enfuir en courant. Je jetai un regard de détresse à Chloé qui hausse les épaules l'air de dire « désolée mon gars, je peux plus rien pour toi ».

Gêné, je me lève et avance. Je traverse les rangés sous les regards pleins de jugements de mes nouveaux camarades de classe.

Je respire enfin face au tableau avant de me tourner vers tout le monde et repensant aux conseils de mon père.
« Fais passer ton regard sur tous, balaye la salle et prends une position décontracté, un air calme, mets-les a l'aise et si tu as peur, garde tes émotions pour toi ! »

Ok. Je me tourne vers ma nouvelle classe et commence sur la première rangée à droite, une brunette assez banale me sourit comme m'encourageant.

- Salut, ben moi c'est Nathan Krecioch, je viens de... partout et nul part en même temps car je voyage tout le temps avec mon père, je fais passer mon regard sur les élèves tout en parlant, je souris. passant d'un noiraud à une blonde puis à un garçon dont le visage est parsemé d'acné à une jolie rousse aux tâches de rousseurs adorables. J'aime beaucoup le français, repris-je, mais déteste l'allemand, j'espère n'offenser personne en disant que c'est une langue grossière. J'émis un petit rire suivit de quelques personnes dans la classe. J'arrive gentiment sur la dernière ligne après être passé sur Chloé qui me sourit. Et là... je me bloque. Il est beau, très beau même. Ses yeux verts émeraudes me rappellent les champs et en même temps une eau cristal. Sa mâchoire, carré juste ce qu'il faut et ses doigts qui tapotent le bureau à un certain rythme comme stressé, me donnent envie de les prendre dans ma main pour les calmer, les caresser, les enfermer dans les miennes pour ne jamais les relâcher. Je refixe ses yeux, tellement beau, un frisson me parcourt le dos, un sentiment m'envahit, je ne saurais dire lequel. Ses yeux accrochent les miens, mais je me reprends rapidement. Cette échange n'a duré à peine quelques secondes mais elles m'ont parues une éternité. Je me force à détourner les yeux et finis mon tour de classe avec un sourire puis me tourne vers mon professeur de français.

Le reflet du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant