Partie 03

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Je dormais tranquillement dans ma chambre quand je sautai subitement du lit. J'avais les yeux rouges, le visage enflé et je transpirais profondément comme si j'avais couru pendant un bon moment. Je me suis retrouvé en face de mes parents qui semblaient être alertés par les cris que j'ai dû faire et parraissais toute confuse.

-Mamy lou xew ( que ce passe-t-il)? S'interrogeait Maman.

-Y'a...y'avait une fille avec les yeux tous rouges qui s'était assise sur moi et me fixait horriblement  en tenant mes deux mains, je me sentais impuissante et pleurais en recitant hayatoul koursiyou (une invocation ) mais elle refusait de me lâcher jusqu'à ce que je me réveille d'un coup.

-Calme toi ma chérie c'était un simple cauchemar, me rassura Papa en me serrant contre sa poitrine.

-Je vais appeler ta grand-mère pour qu'elle nous vienne en aide parce que là je ne sais plus où j'en suis avec tes cauchemars dit Maman, say mbirr moudjinama eupi loxo( ton cas commence à me dépasser).

En effet, ce n'était pas la première fois que je faisais ces cauchemars et la dernière fois c'était une vache toute noir qui courrait après moi. Papa me disait toujours que ce n'était pas grave et que je devais juste faire une invocation avant de dormir mais là ça empirait.
J'ai demandé à Papa de rester dormir dans ma chambre pour me tenir compagnie. Il passa le reste de la nuit avec moi.
Maman était quant à elle retournée se coucher mais je la sentais perturbée et inquiète car depuis tout ce temps que je fais des cauchemars elle n'a cessé de répéter à Papa que c'était pas naturel mais il répondait à son tour que ce n'était que des superstitions. Je suis néanmoins convaincue que lorsque Grand-mère arrivera on saura ce qui se passe réellement.

Le lendemain je n'était pas allée à l'école puisque Papa m'avait conseillé de rester à la maison pour me reposer et qu'il se chargerait d'avertir l'administration de mon absence. J'aurais quand-même préféré être en classe puisque je tenais physiquement et je n'aime pas cesser les cours car je ne suis jamais tranquille quand il m'arrive de le faire.               Maman n'est pas allée à sa boutique comme elle le faisait d'habitude, certainement qu'elle attend la visite de Grand-mère. D'ailleurs j'entends justement sa voix je crois qu'elle se dirige vers ma chambre. Quelques instants après j'en eu la certitude quand j'entendis ses claquements à la porte puis la voix de ma mère qui la demandait d'entrer et que je dormais sûrement.
À leur entré je fis semblant de dormir profondément; je ne suis pas une comédienne mais je ne voulais quand-même pas que Grand-mère me donne encore de ces potions et poudres qu'elle trouvait chez les guérisseurs traditionnels et qui me degoutais. J'écoutais sagement leur discussion puisqu'elles avaient pris place sur mon lit en train d'analyser mon état.

-Mom dale moguini boubou ba legui day tite goudigui nan ay nakk lay guissak, yap, lounekdembaci moudji té Pape so waxé mouni dou dara waayé man manouma deukk si yété goudi yi (depuis des jours elle enchaîne cauchemar sur chauchemar, des vaches, de la viande... et ce depuis pas plus qu'hier. Son papa pense que ce n'est rien mais je sais pertinemment que y'a quelque chose et surtout j'en ai assez de ses cris les nuits).

-Yaw dale diaxalngama loutax owoma bobou ba legui nga bayi sama tourando bi nii. Pape iow la yape mais pas mane. Na diouk niou deme legui si sama Gorgui ( pourquoi ne m'as-tu pas averti depuis tout ce temps que mon homonyme dans un cet état. Pape ne s'opposera jamais à mes décisions donc reveille la, on ira chez mon marabout).

Adjia Salma Fall

Je sais que Pape m'en voudra s'il apprend que j'ai amené notre fille chez un marabout comme il le déteste. Je me rappelle que la seule fois depuis notre mariage où on s'est cruellement disputé au point que je retourne m'installer chez moi était ce jour où il avait découvert que je mettais dans sa nourriture des gris-gris pour qu'il me soit docile.
Alors là j'ai vraiment de quoi m'inquiéter mais puisqu'il y va du bien être de sa fille et comme sa mère a décidé qu'on y aille peut-être serait-il plus compréhensif.
Je réveillais ainsi Mamy pour qu'on y aille ensemble bien qu'elle ne semblait pas s'en réjouir, comme son père elle déteste les histoires de marabout mais elle oublie qu'on est en Afrique et ici on doit toujours se prémunir contre les êtres supranaturels.

Nous prîmes un Taxi en direction de Fandene, un village Serere qui se trouvait à quelques kilomètres de la ville de Thies où nous habitâmes. Après une trentaine de minutes sur la route, nous y étions enfin arrivée. La maison était en paille mais très propre, le sol tamisé et l'ambiance très calme. Une femme qui devrait avoir la quarantaine nous accueillit et nous invita à entrer dans la chambre du marabout après y être allé avant nous pour le prevenir de notre présence.

-As salamou haleikoum Serigne bi( salutations) fit ma belle-mère et je m'y rejoins ensuite.

-wahaleikoum salam soxna yi ( que la paix soit sur vous chères dames).

-Serigne bi mane dale dama diaxle (j'ai un problème qui me trouble), reprit Ya Mareme qui  commença à tout lui expliquer. Avant même qu'elle ne finisse le vieux l'interrompt en la rassurant qu' il comprenait la situation de ma fille car il aurait eu à traiter des cas similaires dans le passé.

-mbiri saytané la (ce sont des sorts démoniaques) conclut-il. Mais remerciez dieu d'avoir pu me trouver car je vous assure que si vous suivez mes instructions à la lettre tout ira bien par la grâce du seigneur.
Je le regardais avec attention et intérêt car je sentais qu'il maîtrisait bien ce qu'il faisait. Il donna une poudre à Mamy et lui demanda de l'inspirer profondément, ce qu'elle fit.
Elle n'aura ensuite pas cessé d'éternuer jusqu'à rejeter du nez un liquide un peu collant et très noir que le vieux disait être le mal qui seyait en elle. Je remarquait qu'elle respirait profondément comme si elle venait de se libérer d'un lourd fardeau, ce qui me rassura.
On réglait ensuite la somme qu' on devait au marabout, Ya Mareme s'était proposée de payer mais j'ai finalement pu la convaincre de me laisser m'en charger.
Le muezzin appelait à la prière quand entrions enfin chez nous.
Mon mari était déjà revenu du Lycée et se détendait dans le Salon. Il fut surpris de nous voir accompagné de sa mère qui s'annonçait déjà par un salamou haleikoum (Que la paix soit sur vous) qui allertait tout le monde.

-wahaleikoum salam (qu'elle soit sur vous également), depuis quand es-tu là maman? demandais mon mari alors que Néné et Khadija qui étaient toutes heureuses de revoir leur grand mère se jetèrent sur elle. J'en profites pour aller vérifier ce que cuisinait Nogaye ( ma domestique) et Mamy, fatiguée rejoint sa chambre quant à elle.

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UNE DÉCOUVERTE INATTENDUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant