partie 08

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Après le départ de Mounas et Omar, Aziz s'était retrouvé seul face à sa conquête.
Assis côte à côte, chacun meditait profondément sur l'autre sans s'imaginer pour autant que sa situation puisse être réciproque.

Mamy Ndiaye

Il faut que je rentre chez moi avant que je ne commette une bêtise incorrigible. Je m'énivre face à cet homme et l'avoir si près de moi me fait perdre tous mes moyens.
Je suis consciente que ce qui me lie à lui est loin d'être ordinaire mais lui il me voit simplement comme une amie ou la soeur qu'il n'a jamais eu alors il est hors de question que je mette cet amitié en danger pour des futilités.

Abdou Aziz Gueye

C'est idiot mais j'ai vraiment la trouille. Je n'ai jamais paniqué devant une conquête ou même hésité avant de me lancer dans l'aventure de la séduction.
Mais hélas je ne me reconnais plus. Mamy est le genre de fille avec qui on ne badine pas, elle est très serieuse en plus d'avoir un fort caractère qui fait peur à tous les mecs.

Depuis quelques mois on est devenu, avec Mounas, les meilleurs amis du monde. On se promène partout ensemble au Lycée mijotant,complotant ensemble et attirant ainsi les regards jaloux et envieux des camarades. Les garçons de la classe en avaient de fait après moi au point de me taxer de garçon efféminé ou même de Goor-djiguene ( homosexuel).
Qu'ils sont lamentables ces gars, parce que j'ai à mes côtés la fille la plus convoitée de la classe qui les aura presque  tous envoyé balader à chaque requête aussi romantiques et séducteurs furent-ils, et maintenaient ils me traitent de tous les noms d'oiseaux car j'ai réussi à gagner son attention.
Mamy se faisait un plaisir de me raconter comment elle se debarrassait de tous les garçons qui lui couraient après. J'avoue que rien qu'à l'entendre ça me faisait peur. Je comprends mieux maintenant pourquoi certains garçons préfèrent souffrir en silence et faire taire leurs émotions plutôt que de se voir rejetté par une femme.

Djiguene yi daniou xadié nak ( les filles sont féroces) des fois.

Néanmoins je ne me le pardonnerai jamais si je ne tentais pas le coup. Aujourd'hui je vais lui faire entendre les cris de mon coeur qui jusque là lui sont inédits mais avant je dois vérifier quelque chose.
Le courage ce n'est pas l'absence de peur mais le triomphe sur elle nous disait Nelson Mandela.
Alors souhaitez moi bonne chance car j'en aurai vraiment besoin face à ma tigresse.

Je sentais son regard pointé sur mon visage et je lui en volais aussi de temps en temps.
Puis d'un coup nous fûmes pris au piège et nos regards se croisèrent, c'était flippant et irrésistible en même temps.
Je prends ses deux mains qui tremblait encore et les serrent contre les miens, mon visage se dirigeais lentement mais sûrement vers le sien. De file en aiguille je finis par déposer mes lèvres sur les siennes.
Plus tard je me retrouve en train de l'embrasser timidement et elle semblait répondre positivement à ma tentative jusqu'à ce qu'une gifle bien méditée me retentisse sur la joue après un petit mouvement de recul de sa part.

Sacré Mamy, elle ne cessera jamais de me surprendre!  Elle savoure mon baiser, l'apprécie, le  déguste avec gourmandise et résultat; elle me gifle.

J'avais encore la main posée sur ma joue qui venait de payer le lourd tribut de ma témérité quand j'aperçois Mamy, irritée, se diriger vers la sortie.
Je me mis de suite à sa poursuite et la rattrape juste à temps alors qu'elle venait de franchir le seuil de la porte. Je pus retenir sa main malgré sa réticence.

-Mamy s'il te plaît écoute moi, ce n'est pas ce que tu crois.

- Si ce n'est pas ce que je crois c'est quoi alors? Tu me prends pour une idiote ou quoi?

-Mamy je t'aime, c'est pourtant évident. Je t'aime de tout mon coeur et ces mots battent dans mes veines, dans mon corps, circulent dans mon sang depuis le premier jour où j'ai posé mes yeux sur toi.
Mon coeur si j'ai osé t'embrasser c'était pas pour profiter de toi comme tu le penses si bien mais juste parce que je voulais savoir si nous étions sur la même longueur d'onde. Et, apparemment je ne suis non plus pas indifférent à tes yeux. Alors sois pour moi ce que je suis pour toi. N'ayons qu'une seule âme, un seul but, un seul rêve, s'aimer et vivre ensemble pour l'éternité. Si tu m'apprivoises tu seras unique pour moi comme je serais unique pour toi alors acceptes d'être l'amour de ma vie Mamy!

- Même pas en rêve, retorque-t-elle furieuse. Comme si j'étais née de la dernière pluie, ton plan A n'a pas marché et maintenant tu vires vers un nouveau plan.
En fait mon père avait raison de te traiter de coureur de jupons car tu ne vaux pas mieux que ça.
Maintenant tu lâches ma main avant que je ne perde mon sang froid.

- D'accord, tout ce que tu voudras ma belle si ce n'est de te laisser nous priver de ce bonheur qui nous attend.

- shiiiip.... tu es pathétique!

Mais qu'ai-je fais de mal? Est-ce devenu un crime que de dire ce que l'on ressent envers quelqu'un ou m'y suis-je mal pris dans ma façon de le dire?

J'ai décidé de raccompagner Mamy chez elle puisqu'il faisait nuit. Elle était suffisamment courageuse et remontée pour oser branler toute seule les rues de Sofraco mais mon instinct de protection me disais de ne pas l'abandonner face à son égo même si elle m'insupportait.
Sa maison était juste à quelques mètres de la mienne.
Sur le chemin, elle accélérait la cadence de ses pas pour m'empêcher de la rattraper et me décourager. Je la suivis quand-même jusque devant chez elle.

-Bonne nuit mon coeur, reposes-toi bien et penses à ce que je t'ai dit.

- yow manoo am touti diome té bayima ( tu ne peux pas t'armer d'un tant soit peu de fierté et me laisser tranquille) ? Et puis je ne suis pas ton coeur alors fous  le camp d'ici avant que mon père ne me facilite la tâche et vienne te décapiter la tête.
De ces mots elle claque la porte de sa maison sous mon regard pitoyable et désespéré.
Elle est vraiment décidée à me rendre la tâche difficile. 
Mais nak je n'ai pas encore dis mon dernier mot. Tant que je n'aurait pas ce que je veux je ne vais lâcher prise.

Mamy Ndiaye

Je me suis levée du lit d'un bond. C'était Dimanche donc j'ai sommeillé jusqu'à 10h. J'avais l'impression d'avoir reçu des coups durs au dos tellement j'étais fatigué par la soirée d'hier.
Elle avait bien débuté à vrai dire et je m'étais régalé et amusé comme je ne l'avais pas fait depuis si longtemps. Mais à cause de cet idiot d'Aziz j'ai pleuré tout le reste de la nuit. Il m'a vraiment surpris car je ne pensais pas être autre chose à ses yeux qu'une amie et voilà qu'il m'apparaît en Roméo. Et le pire c'est que j'ai du mal à me comprendre, je ne sais plus où j'en suis. Ce combat qui se livre en moi entre mon coeur et mon alter ego risque de me détruire.
Je me sens faible et abbatue, je frétille comme un malade aguerri , je fouine et creuse dans mes pensées sans pouvoir trouver de reponses  adéquates à mes questions, je frime avec ma fausse apparence de  fille heureuse et comblée qui pourtant pleure en silence face à son désarroi.
Dois-je laisser mon cœur prendre le volant et accepter mon amour en perdant mon autonomie  ou la réfuter et rester libre de mes agissements mais dans la souffrance?

Pourtant, depuis l'enfance,  je rêve de cette rencontre vertigineuse et passionnée qu'est celle avec l'amour mais aujourd'hui que ça me frôle je n'ai envie que d'une chose: prendre les jambes au cou et ne plus jamais me retourner.

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L'Amour, l'Amour,  que c'est compliqué ces histoires de cœur. Si j'étais Mamy je solliciterai Damon Salvatores pour qu'il me transforme en vampire et me fait taire mon humanité 👿👿
Quant à vous, que feriez-vous à la place de Mamy?

UNE DÉCOUVERTE INATTENDUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant