"Que s'est-il passé ?"

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Pdv Taehyung


Mon regard encré dans le sien, cette vitre de bus qui nous sépare l'un de l'autre, métaphore même du mur que j'ai mis entre nous en partant. Je suis incapable de bouger, paralysé par ses prunelles émeraudes traversées par des milliers d'émotions : peine, haine, douleur, colère... Et cet enfant assit sur ses genoux qui enlace sa peluche. Il a sourit, ses yeux qui me fixaient un bref instant avant que le bus ne s'échappe totalement de ma vue. Ce petit garçon avait le même sourire qu'elle.

Elle est mère. Elle a refait sa vie. Elle m'a oublié, définitivement. Ce constat me brise davantage et je serre les poings pour ne pas pleurer. Si quelqu'un parvenait à me reconnaître malgré mon accoutrement, on se poserait des questions à mon sujet. L'image du souriant et célèbre Kim Taehyung se briserait pour une image pleine de tristesse et je refuse de que cela arrive. Si elle est parvenue à tourner la page, alors je dois le faire également de mon côté.

Les mains dans les poches de ma veste, je me remets en marche, le sang dans mes veines brûlant de colère. Il faut que j'élimine toute cette rage qui me ronge et me détruit. Et quoi de mieux pour ça que la danse. Je m'empresse de rejoindre BigHit pour m'enfermer dans la salle de danse. Je retire ma veste, la laissant tomber vulgairement sur le sol en parquet puis j'allume une musique au hasard, le volume relativement élevé. Mon corps se met en mouvement, j'improvise, je n'ai rien d'un robot comme me l'a reproché Dongsoo hier. Chaque geste effectué est fluide, rempli d'émotion que j'extirpe de mon corps ainsi. J'ai chaud, je transpire mais je n'arrête pas pour autant de danser. Il le faut, j'en ai besoin.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, le temps m'est égal. Ma tête tourne un peu, ma gorge est sèche mais, je ne trouve pas la force de cesser ma danse pour m'hydrater. C'est plus fort que moi. Je ne fais qu'un avec le parquet et la musique, comme si j'étais une part de tout ça. Mais mon corps finit par me rappeler à l'ordre, mes vertiges s'intensifient et je m'écroule au sol, plongé dans le noir.

***

Lorsque j'ouvre enfin les yeux, trois paires d'yeux m'observent avec une certaine inquiétude. Il me faut quelques secondes pour reconnaître Soyoung, Dongsoo et mon manager.


-Omo, Taehyung, nous avons eu tellement peur !


Je crois qu'entendre l'horrible voix de crécelle de Soyoung après avoir fait un malaise est la pire chose qui puisse arriver à quelqu'un. Je plisse les yeux, me redressant en position assise.


-De l'eau, s'il vous plaît.


Ma gorge me brûle, c'est la seule chose dont j'ai réellement besoin en ce moment, un peu d'eau. Mon manager s'empresse de me tendre une bouteille et je me jette presque dessus pour la vider de moitié. Je me sens déjà bien mieux.

Sans ajouter un mot, ni donner la moindre explication, je me lève et commence à me diriger vers la sortie. C'est mon manager, ou plutôt sa voix, qui m'interrompt dans ma démarche.


-Que s'est-il passé ?

-Je dansais, je n'ai pas fait attention à l'heure, j'ai fais un malaise.


Explication brève mais ce n'est pas un mensonge. Il n'a pas besoin de connaître les raisons qui m'ont poussé à venir ici pour me dépenser autant. J'ai le droit d'avoir mes propres secrets. 


-Je peux y aller maintenant ?


Ma voix est posée et mon supérieur me répond par un hochement de tête positif. Je sors donc de la salle de danse, capuche sur la tête et masque pour couvrir le bas de mon visage car j'ai l'intention de m'aérer un peu. 

La rue est toujours aussi bondée de monde. Je ne sais pas vraiment où me rendre, je me laisse simplement guider par le sens du vent et mes jambes. Les mains dans les poches, la tête basse, je pris pour que personne ne me reconnaisse car j'ai besoin d'un peu de tranquillité. Mon visage se relève par instant pour faire face à une foule pressée ou bien encore des vitrines de magasins décorées à l'occasion de la Saint Valentin. Et je déprime de plus bel. Elle ne m'offrira aucun présent mais le père de son fils en aura sans doute un. Quel chanceux.

Je ne connais pas ce type mais j'éprouve une haine immense à son égard. Il a la chance de se réveiller à ses côtés chaque matin, d'élever leur enfant en sa compagnie, de la rendre heureuse. Elle a une famille, une chose que j'aurais voulu construire avec elle si je n'avais pas fuit pour poursuivre mon rêve. Je ne suis qu'un idiot plein de regret.


-Merde !


Par colère et profond désespoir, je donne un coup de pied dans une canette de soda vide et abandonnée là sur le trottoir. Puis, par bon sens, je la ramasse pour la jeter dans une poubelle située non loin de là. En levant les yeux vers le ciel, mon regard croise l'enceinte du fastfood : McDonald. Premier lieu où je l'ai vu pour la toute première fois. Pourquoi faut-il que mes jambes m'aient conduite jusqu'ici ? Des tas de souvenirs me submerge et cacher la tristesse de mon visage devient bien plus compliqué que prévu.

Je détourne donc mon regard en direction du café d'en face mais, quelle n'est pas ma surprise lorsque nos regards se croisent pour la troisième fois de la journée. Une nouvelle vitre pour nous séparer en plus de la route, l'écart est de plus en plus grand, de plus en plus douloureux mais nous restons là, à nous fixer longuement. Les miettes de mon cœur s'affolent une par une dans ma poitrine, les larmes me montent mais je les empêche de couler. Que faire ? La rejoindre ? Rester ici comme un lâche à la contempler de loin pour me punir ? 

Je n'ai décidé de rien encore mais mes jambes se mettent en marche d'elles-même en direction de se petit café. Je viens de traverser, je pousse la porte et elle n'a pas bouger de sa place. Je déglutis à mesure que mon corps approche de la table à laquelle elle est assise, tremblante. Pour toutes personnes présentes ici, les tremblements de son corps sont imperceptible mais pas pour moi, c'est comme si je pouvais analyser chaque détail de sa personne. . Le souffle court, mon coeur qui bat follement et douloureusement, ma voix n'est qu'un murmure brisé :


-Elisa.


Sa réponse est froide, tremblante et incertaine. Mais le son de sa voix est toujours le même, si clair, si pure, si innocent... Si douloureux à entendre.


-Taehyung.

Promise Me 2Where stories live. Discover now