Chapitre 5

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J'observe discrètement ceux qui nous ont pris en otage. Ils sont grands et suffisamment musclés. L'un d'eux doit faire deux têtes de plus que moi. J'arrive aussi à distinguer des tatouages sur leur bras et leur torse. Mais je suis trop loin pour voir ce qu'ils représentent.

Mais dans quoi je me suis fourrée ! A l'heure qu'il est je devrais être en train de lézarder sur la plage ! Au lieu de ça je suis dans un bus en plein milieu du désert Mexicain en compagnie de dangereux kidnappeurs.

Contrairement aux autres, personne ne sait que je suis au Mexique, je suis supposée passer de bonnes vacances sur les côtes Californiennes !

Et puis je réalise qu'ils doivent certainement vouloir une rançon. Sans ça pourquoi enlever un bus plein de gosses ! Ils ne se sont pas attaqués à ce bus par hasard, ça se voit. Ils savaient ce qu'ils voulaient, ils sont méthodiques et organisés.

Qu'est-ce que je vais devenir ? Je n'ai rien à leur donner ! Même si ils me prennent pour une autre personne ne voudra payer pour moi. Je suis encore plus en danger que les autres.

Le bus s'arrête me stoppant dans mes réflexions maussades. Je regarde par la vitre et constate que nous sommes arrivés à côté d'un complexe de plusieurs grands entrepôts. Des hommes s'affairent un peu partout, d'autres se rapprochent du bus, jusqu'à l'encercler pour prévenir toute tentative de fuite.

De toute façon nous n'aurions aucune chance dans ce désert et ils sont bien trop nombreux (et armés !). Ils nous font descendre du bus un par un, je suis Megan à l'extérieur. Ils nous placent en file indienne et nous font avancer jusqu'à un entrepôt, encadrés par les hommes armés. Sans un mot nous nous retrouvons enfermés dans une sorte de cage géante avec des barreaux solides.

Assise près de Megan, je regarde ce qu'ils font. Certains gardes armés sont chargés de nous surveiller, d'autres fouillent dans les sacs à dos, à la recherche de quelque chose de précis. Les derniers sont autours d'une table avec un ordinateur. Il y a quelques ventilateurs mais ça ne suffit pas à diminuer la chaleur, étouffante.

Je me demande ce qu'ils peuvent bien chercher quand je vois un des hommes tendre un portable un passeport et une carte d'identité à un autre homme. En observant de plus près les hommes autours de la table je constate qu'ils notent des choses sur une feuille. Sans doute la liste avec le nom des élèves que la prof avait.

Mes heures sont donc comptées, lorsqu'ils comprendront que je ne devrais pas être là ils n'auront aucun scrupule à me tuer. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas le sort qu'ils ont réservé à la prof et au chauffeur. Même si ils étaient encore en vie, je doute qu'ils puissent survivre dans le désert.

***

Les minutes passent, des heures peut-être... Nous commençons à avoir faim, la soif nous tiraille le ventre depuis un moment mais personne ne se plaint. La peur de se prendre une balle surement.

Nos ravisseurs ne nous ont pas accordé un regard, ni une parole. Nous sommes des fantômes, mais des fantômes pris au piège, enfermés dans une cage. Ils savent ce qu'ils font, ils nous affaiblissent.

Les hommes autours de la table s'agitent, parlent entre eux en espagnol, l'un d'eux est au téléphone, surement leur chef qui discute avec leur boss. Ça y est, je suis surement découverte. Ma vie est entre les mains d'un homme sans scrupules. Quoi qu'il décide je n'en sortirais pas indemne.

Pourtant il ne se passe rien. Personne ne vient me tirer une balle dans la tête ou me tirer hors de la cage. L'agitation retombe et les heures continuent de s'écouler. Lentement.

***

La nuit est passée, nous n'avons rien eu, ni à manger ni à boire. Le garçon blessé ne se plaint plu, il s'est surement habitué à la douleur. Tout est silencieux, les gardes font leurs rondes, échangent de place régulièrement. Personne ne sait ce qu'il va nous arriver, ils ne nous disent rien.

Je ne sais pas combien de temps est passés mais soudain trois gardes entre dans la cage, ils observent chacune des personnes avant d'en prendre deux par le bras pour les sortir. Un garçon et une fille, des faux jumeaux m'a expliqué Megan. Certains élèves protestent mais l'un des gardes sort une arme et tire dans le bras d'un fauteur de trouble. Les murmures retombent et plus personne ne parle. Les amis du garçon se précipitent pour lui venir en aide.

Les faux jumeaux sont sortis de l'entrepôt et j'espère qu'ils ne leur feront pas de mal. Dans l'après-midi cinq autres personnes ont étés sorties. Et de l'eau nous a été donnée. Megan est partie dans la soirée, je prie pour qu'elle rentre saine et sauve chez ses parents.

Je ne parle à personne, ils pensent surement que je vais être tuée, remarque je suppose la même chose. Assise dans un coin de la cage je réfléchis à un moyen de m'en sortir mais j'ai peu d'espoir. Impossible de s'échapper, impossible de prévenir quelqu'un, impossible aussi de payer la rançon. Je suis mal partie.

Les heures passent et bientôt nous ne sommes plus que quatre. Les trois élèves discutent tous ensembles en faisant le moins de bruit possible. Deux jours sans manger dans cette maudite cage, je me sens faible et je sais déjà que quoi qu'ils fassent je ne pourrais opposer aucune résistance.

Un par un ils partent et me laissent seule dans cette cage maintenant bien trop grande. Une larme m'échappe, ça y est, mon heure arrive. Un garde me jette une petite bouteille d'eau que je m'empresse de boire.

Ils ne sont toujours pas venus me chercher, mes yeux sont de plus en plus lourds et je ne tarde pas à tomber de sommeil.

Kidnappée par erreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant