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Paris,
Amalia.

Aujourd'hui cela faisait près d'une semaine que je n'avais parlé avec aucun membre de mon cercle d'amis. Seule Aleyiah avait le privilège de m'entendre parler de temps à autre vu qu'on partageait le même toit.
Elle ne m'en voulait presque pas et comprenait parfaitement qu'avec ce qu'il s'était passé ces derniers temps je n'ai pas envie de sortir.
A quoi bon finalement?
Hier soir j'ai reçu un message d'Idriss qui tenait à me voir loin, à l'abris des regards des autres.
Je ne m'étais pas attardée sur ma tenue en pensant qu'un simple jean et un pull noir feraient parfaitement l'affaire.

Moi: c'est là que tu veux qu'on aille?

Nous étions face à un dépotoir.
Framal rigola légèrement et prit ma main, m'incitant à poursuivre la marche.
Une dizaine de minutes plus tard, le dépotoir franchit, nous nous retrouvions devant un petit banc prit entre plusieurs arbres et pas un seul bruit autour.
Il n'y avait plus que nous deux.
Une boule d'un certain je ne sais quoi s'était invitée en moi, me glaçant à quelques moments le sang.
Pas un mot, nous ne disions pas un mot.
Nous nous assîmes sur le petit bout de bois.

Moi: je... suis désolée. Si je ne parle plus et me porte disparue comme dirait Hélène.

Il ne disait rien.
Nous étions chacun à une extrémité différente du banc comme deux parfaits inconnus.
Je savais que si il n'insistait pas là, il n'allait pas lâcher l'affaire et reviendrait à ce sujet un autre moment de la journée.

Moi: j'suis perdue enfait. Je ne sais plus ce que je fais de bien et ce que je fais de mal. Et puis...

Il tourna sa tête vers moi et posa son regard brûlant sur moi. Je me sentais bien car malgré son insistance, il montrait qu'il ne me jugeait pas.

Moi: il me manque. C'est terrible de voir une personne tous les jours sans pouvoir lui adresser la parole.
Idriss: personne ne t'oblige a ne plus lui parler à ce que je sache.

Son ton était devenu froid. Pas méchant non, mais rempli de reproches et de sous entendus.

Moi: je ne sais même pas pourquoi il fait ça.

Idriss se redressa et se mit devant moi.

Idriss: ah bon? Mais tu ne vois pas que c'est à cause de nous tout ça? De toi et de moi? Avant que t'arrive à nouveau dans sa vie tout était cool. Il nous parlait des fois de toi au début mais on lui a fait comprendre que c'était mort, mais évidement il a fallut que vos chemins se retrouvent.
Moi: dis que c'est moi le problème aussi...
Idriss: bah ouais c'est toi le problème. Le problème c'est aussi le fait que madame n'arrive pas à comprendre que ce sera soit moi soit Ken mais jamais les deux. Putain comprends le ça!
Moi: j'ai compris merci.
Idriss: bah apparement non.
Moi: ça je l'ai bien compris Idriss merci. Mais pourquoi? Pourquoi toi ou lui hein?

Des larmes menaçaient de s'échapper de mes yeux, certainement des larmes de nerf.
J'étais fatiguée, j'avais froid et j'étais confrontée à une situation que j'aurais préféré éviter.

Idriss: pourquoi? Tu demande encore pourquoi?

Il passa ses mains dans ses cheveux puis s'accroupit. Très vite il se releva et fuyait mon regard.

Idriss: parce qu'une relation amoureuse ça se construit à deux et pas à trois.

   Je ne savais pas quoi dire ni comment réagir, ce qui dû le rendre terriblement fou vu qu'il tapa son poing sur le banc.

Moi: eh! Tu crois que c'est facile pour moi tout ça? C'est mon kiff à moi d'être partagée entre deux personnes? Tu sais ce que ça fait toi de se dire qu'aujourd'hui tu vas passer encore une journée près mais loin à la fois de la personne que t'aime bien plus que d'autres? Et tout ça pourquoi? Parce qu'un ptit gars se prend pour je ne sais quoi en t'interdisant de parler avec celui que tu as le plus envie de voir? Non je pense pas que tu sache ce que ça fait. T'es tellement important pour moi Idriss.

    Son regard vide me glaça le sang une fois de plus.
Je décidais de me lever et partis en direction de chez moi.
Sans le voir, je sentais qu'il me suivait mais personne ne parlait, jusqu'au moment où nos chemins devaient se séparer.
Alors, il était partit à gauche et moi je partis à droite, aucun de nous ne parlait, ne se retournait ou ne s'arrêtait.
C'était comme ça, c'était nous et c'était tout.

Instagram//FramalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant