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Paris,
15h30,
Amalia.

Yeux gonflés,
Vue troublée,
Souffle saccadé,
Pensées évadées.
La peur du vide, celle de tomber et de ne jamais se relever,
Crainte permanente de l'inconnu, confrontée à celle de l'aventure.
Toutes ces sensations, je les vivais depuis que j'avais franchie le seuil de la porte du centre médical de mon quartier.
Peu de gens devaient comprendre mon état mais je ne pouvais trop rien dire, même moi je ne me comprenais pas vraiment.



Renouveau appréhendé


J'allais devoir tout avouer à tout le monde, mettre à nu la phobie qui m'envahissait depuis que je l'aimais, depuis que je l'avais rencontré lui.

J'avais,
Peur de honte.
Peur d'avouer.
Peur d'échouer.
Peur de pleurer.
Peur de leur réaction.
Peur de tout, mais surtout peur de moi.

C'était stupide, dans le fond, de se tordre de peur pour quelque chose qui ravirait plus d'un de mes amis, mais ça faisait partie de moi, d'avoir peur pour pas grand chose finalement.


Peur de la stupidité


En tournant la clef dans la serrure, ma main tremblait tellement que je dus m'y reprendre plus d'une fois.
Ça va aller Amalia me répétait ma stupide mentalité.
Elle n'avait sûrement pas tort, ça va aller, comme tout le temps, ça ira.

Idriss: c'est toi Amalia?

Aucune résonance ne daignait sortir de ma bouche, simplement ma tête bougeait de haut en bas, mais Idriss ne le voyait pas.
Il passa alors sa tête au dessus du canapé afin de me voir apparaître dans le salon.

Idriss: bébé? T'as quoi?

Toujours rien.
En me voyant immobile devant lui, je sentais mon âme devenir vanité, insignifiante et illusoire.
J'aurais aimé qu'il comprenne sans que je ne dise rien, en vain.

Idriss: t'es enceinte ou quoi?

Il pensait le dire pour me faire rire et détendre l'atmosphère sûrement, mais ce fut tout l'inverse.
Je me mis à laisser couler plus d'une dizaine de petite perle d'eau de mes yeux.
Idriss comprit très vite puisqu'il vient me prendre délicatement dans ses bras en baisant mon front.
Il me chuchotait de me calmer, ça va aller me disait il, tout comme ma conscience d'avant.
Non, ça n'allait pas aller cette fois ci.

Idriss: tu... tu vas le garder?

Il pleurait.
Il savait ce que je m'apprêtais à lui dire, ce que j'avais tant de mal à lui montrer.
Il sentait que je n'étais pas à l'aise et savait que je le remerciais silencieusement d'avoir pris la parole à ma place.
Émotions glacées.

Moi: pleure pas...
Idriss: il... il est... je...
Moi: oui.

Il me serra plus fort contre lui.
J'étais heureuse de le sentir vers moi, de le savoir présent même dans ce genre de situation.
Je l'aimais plus que tout au monde et plus les secondes passaient plus j'en étais consciente.

Idriss: si tu le garde, alors je serais là pour l'élever avec toi. Et si tu ne le garde pas, alors j'attendrais que tu sois prête pour t'en refaire un qu'on élèvera ensemble.
Moi: tu... tu veux le...?
Idriss: je veux te voir heureuse Amalia. Et si te voir heureuse c'est me savoir père de ton enfant, alors oui je veux le garder.
Moi: et tu l'aimeras?
Idriss: je l'aimerais comme je t'aime toi, du plus profond de mon âme.
Moi: et le rap?
Idriss: je pense pouvoir lier ma passion pour le rap avec l'amour que je porte à la femme de ma vie et à mon enfant tu sais.
Moi: alors...
Idriss: je m'en sens capable. Et toi?
Moi: je crois... mais...
Idriss: je sais que tu es jeune et que tu as sûrement peur... mais moi aussi j'en ai peur tu sais? On peut le faire, je sais qu'on en est capable alors s'il te plaît Amalia arrête de pleurer comme ça.
Moi: je t'aime tu sais.
Idriss: je vous aime aussi.

Il posa sa main droite sur mon ventre et ses lèvres sur mon front puis sourit contre celui ci.


Plénitude absolue

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