Dangerously - Kim Taehyung & Jung Hoseok

A mon tour

                   

CHAPITRE 9   8 septembre 2015

            Le soleil vint me réchauffer la peau.

Je me tortillai dans mon lit, engourdie. J'entrouvis les yeux pour admirer un Suga endormi. Nous nous étions écroulés d'épuisement après des heures de larmes. Mon frère de cœur ne m'avait pas lâché un seul instant, et me serrait toujours dans ses bras.

Je posai mon regard sur ce visage.

En quelques mois, il s'était imposé dans ma vie, et avait pris une place considérable dans mon cœur.

Je tendis la main pour caresser sa joue du bout des doigts.

Taehyung m'avait avoué ses sentiments et la vérité, mais je restais indécise.

Hoseok m'avait chamboulé et bouleversé d'une manière que je ne pouvais toujours pas admettre.

Sarah m'avait abandonné.

Namjoon, Jin, Jungkook et Jimin m'importaient tout autant, cependant je n'avais jamais eu la chance de m'ouvrir à eux comme aux autres.

Yoongi était tout ce qu'il me restait.

La gorge nouée, je m'extirpais des draps. Je me faufilai hors de la chambre, il fallait que je me change les idées. J'étais encore trop à fleur de peau.

Alors que je posais le pied dans le salon, j'entendis quelqu'un toquer.

            Les poils de mes bras se hérissèrent. Qui cela pouvait-il bien être ?

Je m'approchai lentement. J'avais un mauvais pressentiment. Inspirant un grand coup, j'ouvris la porte.

-Hum... hésita Taehyung, salut ?

            Je me figeai instantanément.

D'un geste nerveux, je remis une mèche de cheveux en place. C'était le pire moment où il pouvait tomber.

-Tout va bien ? demanda-t-il en scrutant mes yeux irrités.

-Oui, répondis-je d'une voix rocailleuse, ne t'inquiète pas. Que fais-tu ici ?

-Vous n'étiez pas rentrés hier soir, expliqua-t-il en s'appuyant sur l'encadrement de la porte, je voulais m'assurer qu'il ne s'était rien passé.

Je le dévisageai. Quelque chose avait changé, je ne saurais dire quoi, et cela me faisait paniquer.

-On est rentrés plus tard que prévu, bafouillais-je, on a donc décidé de dormir ici pour ne pas vous déranger.

Il pencha la tête sur le côté, sans me lâcher des yeux, une lueur d'incompréhesion dans les pupilles.

-Pourquoi me mens-tu ?

Je me tendis brusquement. Il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Epuisée, mal réveillée, et sous pression, je décidais de jouer la carte de l'honnêteté.

-S'il te plaît, je ne me sens pas bien, peux-tu revenir plus tard ?

Il s'arrêta comme si je l'avais frappé. Il me jeta un regard qui me glaça le sang.

-Très bien, lâcha-t-il avant de s'éloigner.

            Une main invisible emprisonna mon cœur pour l'étouffer.

Je m'avançai dans le couloir.

-Je t'en prie ! lançais-je, ne le prends pas mal... C'est juste...

Les deux mains collées contre ma poitrine comme pour me protéger, les yeux baissés, j'entendis V revenir vers moi d'un pas rapide.

-Juste quoi ? m'urgea-t-il.

Je n'avais pas le droit de l'embêter avec Sarah, je n'avais pas le droit de le blesser avec Hoseok, je n'avais pas le droit de lui montrer que j'hésitais. Je ne pus me résoudre à soutenir ses yeux, et me contentai de coller mes bras contre mon torse, incapable de répondre.

Il poussa un râle de frustration.

-Bordel, s'énerva-t-il, Romane, parle-moi !

Choquée par son vocabulaire, je relevai le visage, et n'eus pas le temps de réagir qu'il enchaîna :

-Eh bien, enfin ! Tu daignes me regarder !

Il accompagnait ses paroles de grands gestes qui me forcèrent à reculer.

-Quoi ? se moqua-t-il, t'as peur ?

Il émit un son, un petit bruit léger que je n'avais jamais entendu auparavant, une mélodie glauque qui me marqua. Il riait, il riait sans joie, sans amusement, sans amour. Il riait avec haine et cruauté. Il ricanait.

Il s'arrêta brusquement et bloqua l'air dans ma gorge d'un simple coup d'œil.

-Je me suis ouvert à toi, m'accusa-t-il, je t'ai avoué mes sentiments, j'ai pleuré pour toi.

Il me pointait de son index, tel un juge pointait le coupable.

-Et c'est comme cela que tu me remercies ?

Il croisa les bras et me jaugea de haut en bas.

            La haine m'emporta à mon tour.

-Te remercier ? commençais-je, tu es sérieux ?!

Il s'éloigna d'un pas, ne s'attendant pas à un tel changement d'émotions de ma part.

-Et pour quoi alors ? scandais-je, pour m'avoir laissé tomber au moment où j'avais le plus besoin de toi, seulement parce qu'un vieux te l'a demandé ? pour m'avoir brisé le cœur ? pour m'avoir traîné dans la boue ? pour m'avoir fait verser des torrents ?

         Je portais la main à mon oreille.

-Tiens ? baissais-je d'un ton, je ne t'entends plus, tu es sûr de capter ?

Il secoua la tête.

-Tu as raison, articula-t-il, je ne suis pas complètement blanc non plus, mais moi, au moins, je n'ai pas peur.

Je couvrais ma bouche de mes mains, bouche bée parce ce qu'il venait de sous-entendre.

Il plongea les mains dans ses poches, me dévisageant, en l'attente d'une réponse.

Il expira pronfondément.

Il se détourna vers l'ascenceur.

-Au revoir, Romane.

A ces paroles, je sus que je l'avais perdu.