1. Sa tristesse

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  Je n'arrive pas à dormir. Mes nuits sont ponctuées de cauchemars, Voldemort choisissant ce moment pour profiter de s'infiltrer dans mon esprit, pour me mettre plus bas que terre, m'anéantir sans même me toucher. 

Donc je sors, je marche dans les couloirs silencieux, évitant Rusard et tout autre professeur, me cachant de ma cape d'invisibilité.

Je n'ai pas de but, mais j'ai seulement besoin de faire une pause, de rester seul. Même si Hermione et Ron sont de vrais amis, parfois leur présence est pesante. Je vois bien dans leurs yeux qu'ils ont peur pour moi, ils ont peur que je ne défaillisse. Et moi aussi j'ai peur. Mais je ne peux pas leur montrer, je n'ai pas le droit. Donc je profite de ces nuits pour avoir peur, car c'est à ce moment-là que je peux me laisser aller.

Je monte tout en haut de la tour d'astronomie, car c'est là que la vue est la plus belle.

J'ai l'habitude d'aller là-bas, je me sens bien, et je peux enlever ma cape sans avoir peur qu'on ne me voit. Là-bas je respire.

Mais ce soir, je ne suis pas seul.

Alors que j'arrive à la dernière marche je m'apprête à enlever ma cape comme à mon habitude, or un bruit m'en empêche.

Je tends l'oreille, et là encore j'entends des bruits. Comme quelqu'un qui pleure. Donc je garde ma cape sur moi, puis m'avance doucement, évitant de faire le moindre bruit pour ne pas attirer l'attention de la personne.

C'est alors que je le vois. Je reconnais ses cheveux, si facilement identifiables, il est assis sur le sol, en boule. Sa tête blottis dans ses genoux, alors que son corps tremble au fur et à mesure que ses sanglots s'échappent.

Je reste un moment interdit, ne sachant que faire.

Jamais je ne l'ai vu pleurer, jamais je ne l'ai vu succomber à une si grande tristesse. Il se contentait de sourire. Des sourires narquois à vouloir le frapper, des sourires moqueurs quand il lançait une énième insulte. J'ai vu plusieurs sourires de Drago Malefoy, mais je ne l'ai jamais vu pleurer.

Alors je reste là, immobile. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de l'observer, d'essayer de comprendre ce qu'il se passe.

Je devrais être satisfait de le voir dans cette position. Je le hais, c'est mon ennemie depuis le premier jour, il insulte mes amis chaque jour, se moquant de nous, s'immisçant avec plaisir dans nos histoires pour que les fautes nous retombent dessus. Depuis le premier jour nous savons que jamais nous ne pourrons nous entendre, et le temps nous l'a bien prouvé.

Je le hais, il me hait, c'est ainsi.

Mais pourtant je n'arrive pas à être satisfait de le voir plongé dans sa tristesse. Peut-être suis-je trop gentil, que j'éprouve beaucoup trop d'empathie envers quelqu'un qui ne sait que de cracher de la haine. C'est sûrement cela. Ron me dirait que je suis fou, que je suis complétement perdu, que je ne devrais jamais me sentir mal de voir Malefoy dans cet état. Mais pourtant je suis intrigué.

Je m'assis doucement sur le sol, faisant attention de ne pas me dévoiler, puis je reste là, à la regarder.

A un moment il lève la tête, regardant la lune qui illumine l'obscurité de la nuit.

J'aperçois alors ses grands yeux gris emplis de larmes, ses joues devenus humides. Il se passe la manche de sa chemise sur son visage pour enlever les larmes, mais bientôt de nouvelles viennent se glisser sur sa peau.

C'est étrange. Je ne vois plus de moquerie, ni même de rage sur son visage, et c'est étrange car je n'avais jamais vu Malefoy comme cela. Là maintenant, il semble vulnérable, à la merci de la douleur, comme s'il avait baissé les bras. Et je ne le reconnais pas.

Il inspire profondément, essayant de se calmer peu à peu.

Tout à coup il tourne la tête vers moi, juste durant quelques secondes. Je cesse de respirer en voyant son regard gris me transpercer, et mon cœur rater un battement.

Mais il ne fait que de balayer la pièce.

Malefoy se met soudainement debout, mais il ne part pas tout de suite. Au contraire il se penche vers l'extérieur, posant ses mains sur la rambarde puis il observe le vide.

Je me lève à mon tour et me permets d'avancer un peu plus près, pour pouvoir voir son visage plus en détails.

Il ferme les yeux, et respire doucement. Puis il regarde une nouvelle fois le vide, et son visage semble s'apaiser, comme s'il pensait à une échappatoire à sa tristesse. Je me demande à quoi il pense, ce qui peut le rendre heureux à ce moment-là. Mais je ne peux pas, donc je reste silencieux, à l'observer.

Au bout de quelques minutes je vois son visage se refermer, un air impassible se dessinant sur son visage.

Puis il se tourne, son air sûr de lui étant dorénavant revenu.

C'est à ce moment-là que je me souviens de ma haine envers lui, que tous les souvenirs de ces cinq années passées me reviennent en mémoire. Et tout à coup je revois l'ancien Malefoy, le connard.

Je le regarde sortir de la tour, puis descendre les escaliers sans faire le moindre bruit.

J'attends quelques instants, puis je finis par enlever ma cape d'invisibilité, soufflant enfin, l'air frais de la nuit me gelant les joues.

Je me penche à la rambarde pour comprendre ce qu'il regardait, mais je ne vois que le vide, et le sol en pierre du château.

Je ne comprends pas.

Un soupir s'échappe de mes lèvres et je m'assis.

Pas à un seul moment je n'aurais pensé que ma sortie nocturne ne se passerait comme cela. Il n'y avait jamais personne ici, et je n'attendais pas à y voir un Malefoy totalement démuni et si fragile. C'est quelque chose que je n'aurais jamais pensé voir, et je ne sais si j'aurais ou non aimer ne l'avoir jamais vu dans cette position.

Je suis resté une vingtaine de minutes, assis, le regard perdu dans l'obscurité du ciel.

Mais au lieu de penser à mes doutes, à ma peur de ne pas réussir ma mission, de ne jamais trouver tous les Horcrux, j'ai pensé à Drago Malefoy. Et j'ignore si ça a été une bonne chose ou non, mais je sais que, ce soir-là, je suis parti me coucher sans la boule au ventre qui s'installait chaque soir dans mon estomac.


  Voilà pour le premier chapitre, il est court, les autres seront un tout petit peu plus longs. Je vais essayer de publier un chapitre par jour ! Merci

AudreyPh18

Je te sauverai, Potter.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant