24. Change de camp je t'en prie

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  J'arrive enfin à bouger quand Drago et moi entrons dans une salle de classe vide, et je me sens de nouveau respirer normalement.

Mes pieds touchent le sol et je m'appuie contre le mur pour me remettre les idées en place, alors que le blond se met face à moi, croisant ses bras contre sa poitrine, son regard gris rivé vers moi.

J'inspire profondément et m'adresse à lui d'un léger soupir.

- Je suis tellement désolé.

Ma tête se lève doucement et je rencontre enfin son regard, si intense mais voilé d'une colère dont je suis à l'origine.

C'est vrai que je n'ai pas pu lui parler depuis que je lui ai lancé le sort Sectum sempra, mais je ne trouvais pas le courage de m'imposer à lui, j'étais persuadé qu'il me détestait et que plus jamais il ne voudrait me voir.

Mes yeux commencent à s'humidifier alors que ma voix continue, brisée par un sanglot que je n'arrive pas à retenir.

- Je n'ai jamais voulu te blesser, je m'en veux terriblement.

Mon cœur se serre au souvenir de la peur que j'ai ressenti en voyant son corps se vider de son sang à cause de moi. Je m'en voulais tellement, j'en ai oublié pourquoi j'en suis arrivé au point de lever ma baguette.

Puis le collier me revient en mémoire.

La tristesse et le désespoir sont toujours présent, mais mon ton devient amer, les évènements devenant un peu plus clairs dans mon esprit.

- Pourquoi tu as fait ça Drago ?

Je lis dans ses yeux qu'il sait à quoi je fais référence. Le Serpentard ferme les yeux durant un instant, puis les ouvre soudainement, un air déterminé dans son regard.

- Parce que je n'avais pas le choix.

- On a toujours le choix !

Le blond fait un pas vers moi en secouant la tête. Il porte son masque, et ça me brise le cœur de le voir se refermer devant moi. Les semaines sont passées si vites, j'ai appris à le connaitre beaucoup plus en presque deux mois alors que nous nous connaissons depuis 6 ans déjà. Je n'ai pas vu le temps passer, temps durant lequel je suis tombé amoureux du blond, de ses lèvres, de sa peau. Mais me voilà de nouveau confronté au mur de glace qu'il impose à quiconque qui s'intéresse un peu à lui.

Mais je refuse de me laisser faire.

Je m'approche brusquement de lui, mes mains attrapant son visage pour qu'il me regarde sans pourvoir me fuir, puis je parle d'un ton suppliant, ne voulant pas le voir partir.

- Je t'en prie, abandonne. Tu ne peux pas aller au bout de cette mission, peu importe ce qu'elle est. Je suis si brisé de t'avoir fait du mal, je ne pourrais jamais m'imaginer sur un champ de bataille face à toi, jamais.

Mon ventre se tord et des images de lui allongé dans son propre sang viennent me hanter tout à coup. Ma gorge se serre et une nausée grandit doucement en moi. Je ferme les yeux, essayant de contrôler mes émotions qui m'envahissent brutalement, détruisant tout sur leur passage.

Drago soupire puis me répond, d'un ton dur et ferme que je n'aurais jamais voulu de nouveau entendre.

- Il le faut pourtant. Nous ne sommes pas dans le même camp. Nous le savions depuis le début.

J'ouvre les yeux puis plonge de nouveau dans ses yeux gris si ombrageux, ne pouvant lire que son abandon pour se battre. Je sais qu'il y a un espoir, quelque part, il faut seulement que je l'amène à moi.

Mes bras passent autour de lui, je viens nicher mon nez dans son cou, inspirant cette odeur qui m'a manqué depuis plusieurs nuits déjà.

Bien qu'il hésite un moment, il finit par m'envelopper de ses bras, me serrant un peu plus fort contre lui. Et immédiatement je me sens apaisé, comme si j'avais finalement retrouvé ma place.

Puis je le supplie, si faiblement que ma voix me semble irréelle.

- Change de camp.

Le corps du blond se raidit contre le mien, et il s'éloigne peu à peu de moi.

Mais dans un dernier espoir je le retiens, mes bras l'entourent un peu plus fort dans un mouvement désespéré. Puis mes lèvres déposent un baiser contre la peau fine de son cou. Je meurs alors que je sais qu'il va faire un choix, celui de se battre de mon côté ou celui de m'abandonner.

Il s'éloigne un peu de moi, pour faire en sorte que nos visages soient face à face, puis son pouce vient caresser légèrement ma lèvre inférieure.

Je reste en haleine, suspendu à ses lèvres, ne respirant que rarement. Puis sa bouche se rapproche de la mienne, puis il m'embrasse. Tout d'abord notre baiser est léger, mais très rapidement il devient un peu plus appuyé, me montrant son amour mais aussi la tristesse qui le traverse alors que ses mains pressent mes épaules.

Finalement il s'éloigne de moi, m'arrachant un sanglot. Et des larmes silencieuses coulent sur mes joues alors qu'il me répond enfin, sa voix douce que j'aime tant.

- J'aimerai tant, mais c'est impossible.

- Non...

Ses mains me lâchent et tombent négligemment le long de son corps fin, puis il tourne la tête, des larmes roulant sur sa peau si pâle.

Mais ça ne peut pas se passer comme ça, il en est hors de question.

- Tu ne peux pas abandonner comme ça, je t'en prie ! Tu n'es pas obligé de faire ce qu'il te demande.

Drago tourne brusquement la tête vers moi et il se met à hurler, explosant de colère et de tristesse, trop longtemps cachés au fond de lui.

- Tu penses que j'ai le choix ? Non je ne l'ai pas. Je n'ai jamais voulu de cette guerre, pourtant elle arrive, bien trop vite. Je suis mis au pied du mur, devant obéir à des ordres que je ne veux exécuter. Je voudrais fuir, mais si je le fais il tuera ma mère, il me tuera ensuite.

Je comprends et je vois de plus en plus les possibilités se réduire, jusqu'à devenir inexistantes.

Drago Malefoy est un monstre, il n'aime pas beaucoup de personne, et je me demande encore comment j'ai fait pour qu'il tombe amoureux de moi, mais je sais que sa mère est la personne la plus importante pour lui, et que jamais il ne la laissera tomber.

Je secoue la tête et essaye de lui toucher la main, mais il se recule, sa colère s'étant un peu apaisée.

Il se mord la lèvre ardemment, puis détourne les yeux en reprenant la parole sérieusement.

- Je suis désolé mais j'ai une mission, et je dois la terminer.

- Drago je t'en prie.

Ses yeux gris se posent une dernière fois sur moi, puis il secoue doucement la tête.

- Non Harry, tu ne peux rien faire je suis désolé.

J'avance d'un pas, ouvrant la bouche pour essayer une énième fois de le convaincre d'abandonner, mais il m'arrête en parlant d'une voix douce et faible.

- Je suis désolé, mais sache que je t'aime, vraiment. Je t'aime à en mourir, et j'espère que tu t'en souviendras. Souviens toi aussi que j'ai toujours été sincère avec toi dans cette salle, là-bas j'ai enfin pu être moi-même. Je t'aime Harry, pardon.

Puis sans que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, sa baguette se lève et un éclair bleu m'éclaire tout à coup.

Et enfin, je me sens tomber sur le sol, mon esprit s'évanouissant tout à coup, la chaleur de l'obscurité m'enveloppant comme un drap de satin alors que mon cœur sait qu'il s'en va, et que je ne le reverrai peut-être jamais en vie.


AudreyPh18

Je te sauverai, Potter.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant