Let's Play Together-DOUBLE JEU

20~Problems...Lots Of Problems...

Skinhead, deadhead
Everybody gone bad
Situation, aggravation
Everybody allegation
In the suite, on the news
Everybody dog food
Bang bang, shot dead
Everybody's gone mad

J'accélère encore plus et sprint jusqu'à la prochaine borne. La chanson résonne dans mes oreilles et je suis le rythme avec ma tête. Je passe à coté du drapeau fluo et ralentis le rythme. Je me sens libre et légère. Je n'ai jamais ressenti cette sensation, toujours oppressée par le fait de devoir jouer mon personnage. Mais ce n'était pas moi. Je sens une goutte me tomber sur la tête et relève la tête. Le ciel est orageux. Mais cela ne me fera pas reculer. Je remonte la capuche de mon sweat sur ma tête et la chanson change.

Je murmure la chanson en même temps. Au bout d'un moment, emportée par l'adrénaline, je ne me gêne plus pour donner de la voix. La plus tombe dru, mais je n'en ai cure. Mes Nike rencontrent des flaques, mais c'est à peine si elles semblent les effleurer.

Le vent s'y met aussi et le voilà qui fouette mes cheveux. Ma capuche se rabat sur mon sweat, et ma chevelure se trempe. Je sens ma tignasse emmêlée et mouillée coller à mon visage. J'accélère. Toujours plus vite, toujours plus fort.
Je m'arrête à côté d'un abri de bus inhabité. Je défais mon élastique et secoue mes cheveux mouillés en les essorant avant de refaire ma queue de cheval.

Je m'assois quelques minutes pour regarder l'actualité sur mon téléphone.
Alors que je fais défiler les stories Instagram sans y prêter attention, je m'arrête sur l'une d'entre elles. Une fille pose avec Antoine. Je ne suis pas jalouse loin de là, non, ce qui m'attire ce sont les trois saphirs qu'elle porte au doigt. Les zéphiras, trois pierres issues d'une mine il y a plus de mille ans, selon la légende, valant 4 milliards d'euros chacune, et ayant été récemment volées au musée où elles étaient exposées. Je reste sidérée.

La mafia Piratando est l'une des plus puissantes au monde, même LA plus puissante. Mais je ne pensais pas qu'elle serait aussi douée.
Assez douée, pour pénétrer les murs du musée le plus sécurisé de Pékin, car c'était là que les joyaux étaient conservés, franchir toutes les barrières sans aucune effraction et ne déclencher aucune alertes, s'emparer de trois des bijoux les plus précieux au monde et ressortir comme si de rien n'était. Et les exhiber en Amérique deux mois après montées sur une bague.
Une copie? Impossible. Leur image n'est connue que de 46 personnes dans le monde, elle n'est sur aucun réseau. Enfin n'était.

Je soupire quand soudain mon portable vibre et m'avertit de la réception d'un message provenant d'un numéro inconnu.

Je clique dessus, et la photo qui s'affiche me donne envie de vomir.

Amy, enchainée sur une chaise, ligotée et bâillonnée. Je serre les dents et suis avec attention l'homme cagoulé qui se déplace derrière elle. Il place un couteau sur sa gorge et me regarde dans les yeux à travers la caméra.

- Jennifer Walles. Vous avez deux mois pour me rapporter la tête d'Antoine Cavallo, ou votre amie sera morte.

Amy pleure, elle sanglote, et j'ai envie de détruire ce mec. Ses mains sont en sang.

- Un mois. Un mois et pas un jour de plus, où ta chère amie sera réduite en morceaux.

Tuer Antoine, sauver Amy, et condamner la mission, ma vie, et des milliers, voire des millions d'autres gens ?

Ou sacrifier Amy et continuer ma mission comme si de rien n'était ?

Je souffle un grand coup et regarde la pluie tomber et la rue vide devant moi.

Ça va aller, il faut juste positiver.

Positiver.... me répétais je avec une grimace en voyant un SUV noir débouler au coin de la rue à toute vitesse, des hommes pointant des mitraillettes vers l'extérieur.
Fais chier!!

Ma dernière fusillade remonte à trois ans. Je me suis enfuie de justesse, en observant de ma cachette, des innocents se faire tuer. Je ne pouvais rien faire, je n'étais pas armé. Une fois capturés, je m'étais contentée de lentement et douloureusement faire payer les responsables. Mais j'étais à l'abri des balles. Aujourd'hui non. J'entends les cris des rares personnes qui étaient là en retenant mon souffle.

Je ne bouge pas d'un millimètre, espérant qu'ils ne me verront pas, et ne tirerons pas dans un abri bus vide.

C'était sans compter leur idiotie. Une balle me frôle le crane, et fait décoller le banc. Je n'ai plus de protection. Aussitôt, je me relève et cours.

J'accélère au maximum pour tenter de les semer, eux et leurs armes, mais le crissage des pneus de leur voiture lancée à pleine vitesse derrière moi m'indique que je suis loin du compte. Je sens et j'entends des balles passer autour de moi. L'une d'elles me frôle et je retiens mon souffle. Je ne l'ai évitée que par miracle.

Soudain, par je ne sais quel coup du destin, je les sèmes.

Quelqu'un en a visiblement après moi. Mais c'est chiant franchement.

Un peu plus loin je rejoins ma moto à bout de souffle mais je n'ai pas le temps de me reposer. Je dois m'en aller d'ici.

Ces hommes sont des pros.

Je démarre et tourne à droite. Aussitôt je fais demi-tour en voyant le SUV foncer droit sur moi.

120km/h

130km/h

140km/h

150km/h

160km/h

200km/h

Le compteur monte.
Je sens ma moto s'enrailler légèrement. Je n'ai jamais pris une telle vitesse. Je suis à présent sur une autoroute campagnarde. Le SUV me suit toujours. Et alors que les tirs s'étaient arrêtés, les voilà qui reprennent. Plus fort.
Je zigzague en espérant les semer.

Enfin, je les vois ralentir et tourner à une intersection. Je fronce les sourcils en me demandant ce qui les a fait s'arrêter. Je sens une violente douleur à l'estomac et regarde mon abdomen.
Tâché de sang.
Je me glace. Et je perds le contrôle.
Ma moto vire vers la droite. La dernière chose que je vois avant de sombrer dans l'inconscience, c'est un arbre.

Et puis plus rien.