Let's Play Together-DOUBLE JEU

4~Un dernier baiser

La journée du lendemain se résuma rapidement.

Faire les courses, s'installer, vérifier les inscriptions à l'université.... Tout un tas de choses assez ennuyantes.

Je n'ai rencontré personne, non pas que je ne m'y attendais pas cela dit. Mais j'aurais néanmoins aimé rencontrer des gens, me faire quelques amis. Je vais vivre ici pour toujours alors....

Il faut que je me rappelle que ce n'est pas une mission comme les autres. Que je suis beaucoup plus libre que je ne l'ai jamais été. Que j'ai le droit de m'attacher un minimum.

C'est assez difficile de se souvenir que cette fois ci je ne repartirais pas. J'ai toujours eu des réflexes que j'ai pris dès ma première mission, pour éviter de m'attacher aux gens et aux choses. A peine la mission était elle commencée, que je mettais déjà tout en œuvre pour mon départ. Mais aujourd'hui je ne repartirais pas. Ou du moins, je ne quitterais pas les personnes que j'aurais fréquentés.

C'est déstabilisant.

L'heure de se préparer pour le grand gala de charité arriva vite, et je me rendis rapidement à la salle de bains. Suite à ma rencontre mouvementée avec Antoine, j'allais mettre le paquet et il en oublierait ma petite insulte. Ou du moins, je l'espérais. 

Je restais dans la douche longtemps. Les gouttes d'eau qui tombaient sur mon corps et rafraichissait ma peau avaient quelque chose d'apaisant, réconfortant. Désormais, cet appartement, cette maison, serait chez moi jusqu'à que je réussisse à approcher suffisemment Antoine pour habiter avec lui. Et de ce que j'ai vu, ça risque de prendre un sacré bout de temps.

Alors que je me détendais, je laissais mes pensées divaguer vers Thomas. J'avais 15 ans quand on s'est rencontrés.

On était sur une mission classée secret défense, on était censés jouer les frères et sœurs. Pour Thomas, c'était sa première mission importante. Moi, je revenais des six mois de mission qui avait suivis ma....reprogrammation, si on peut l'appeler comme ça. Deux ans d'isolement où on m'avait conditionnée pour ne plus ressentir que des émotions. Que je ne sois plus capable d'éprouver de réels et profonds sentiments. A quinze ans je ressemblais plus aux mafieux que j'emprisonnais plutôt qu'à n'importe quelle adolescente de mon âge. Thomas ne faisait pas partie de la troupe d'élite surnommé « cœur de pierre » contrairement à moi. Mais il était doué pour se servir des faiblesses des autres contre eux et c'est justement ce dont on avait besoin à l'époque. Notre mission a duré un an. J'ai redécouvert le monde réel, mais je n'avais plus le même point de vue. J'en étais détaché, comme si tout ça n'était qu'un simple jeu vidéo. Et c'était vrai, en quelque sorte. J'ai toujours ce sentiment de détachement, mais il est moins profond. A l'époque, j'étais perdue. Dans l'incapacité d'éprouver des sentiments, je n'arrivais pas à nouer de solides amitiés ni à éprouver un quelconque intérêt pour les garçons.

Et puis il y a eu ce jour. Tout a changé. Deux mois avant l'arrêt de cette mission, je me comportait en réelle sœur devant le public pour maintenir la couverture, mais de retour entre quatres murs, j'ignorais royalement Thomas. Je suis partie me chercher un verre d'eau en pleine nuit, mais la scène qui était en train de se dérouler sur le canapé m'avait totalement immobilisée. Amélie, l'une des filles de qui je devais me rapprocher et qui, dans le scénario, me faisait office de meilleure amie, était en train de coucher avec Thomas. Ils dégageaient de l'amour. De l'amour pur . Ces deux là s'aimaient, c'était évident. La deuxième chose qui était évident c'était mon incompréhension. Leur reation était fichu d'avance. Pourquoi Thomas s'obstinait-il à comme même sortir avec elle ?