Algocratie

Huitième chapitre

Janvier 2185 - Age d'Octave - 43

Un hologramme apparut juste à côté du document que lisait Octave.

« Votre rendez-vous de 15h est arrivé ; David Lescott (35) attend devant la porte ; Il est accompagné de Petrol Valentine (21). Souhaitez-vous leur autoriser l'entrée ? »

Accompagné de Petrol...

Octave soupira avec lassitude, et referma son document holographique, avant de le ranger à sa place. Autour de son bureau, toute la surface des murs était couverte d'étagères virtuelles, supportant des milliers de documents numériques. L'intégralité de son patrimoine intellectuel était consignée dans cette bibliothèque à l'aspect bordélique. Lui seul pouvait y accéder, et nul autre n'y avait jamais mis les pieds.

En un mouvement codifié, il fit disparaitre son jardin secret, au profit d'un environnement plus classique : une seule étagère, un faux feu de cheminée, et des tableaux.

La porte coulissa et David Lescott pénétra dans le bureau, devancé par sa célèbre canne. Celui qui le suivait portait une longue moustache aux extrémités en spirale. Octave le considéra d'un air mauvais.

— Tu ne m'en voudras pas d'avoir fait venir Petrol, fit David.

― Bien sûr que non, tu plaisantes...

Sans réagir au ton ironique d'Octave, Petrol vint s'asseoir dans le dernier fauteuil disponible.

— David a insisté pour que je vienne, clarifia-t-il. Ca a piqué ma curiosité...

Ils se sourirent avec hypocrisie, ce qui n'échappa pas à leur mentor commun.

― Commençons, suggéra-t-il. Vous aurez tout le temps de vous entrainer ensemble à la diplomatie, une fois cette réunion terminée. Octave, tu voulais nous parler. On t'écoute.

― Je voulais te parler, rectifia-t-il.

Maitre de l'attention, il s'installa au fond de son siège, et joua un instant avec une balle holographique. Etait-il bien judicieux de discuter de tout cela devant Petrol ?

Comme si Brian avait lu dans ses pensées, il reçut un message avec la réponse à sa question : « Tu peux parler ». Aussi, il se décida.

― Karim pense que le moment est venu.

Petrol observa l'un et l'autre de ses interlocuteurs, en quête de plus amples explication.

— Le moment de quoi ? demanda-t-il.

— Je t'en parlais il y a de cela quelques mois, David. Karim va demander au peuple d'Afrique de se prononcer sur son indépendance !

― L'indépendance, répéta Petrol avec dédain. Depuis quand le Prince d'Afrique peut faire ça ?!

― He bien il en prend la liberté. Le Sahara lui assure l'abondance en ressources, et la ville qu'il a construite sous le sol accueille déjà un milliard d'africains. Ca fait des années qu'il construit les bases d'un système comme le nôtre, adapté à la culture africaine. C'est un habile politicien et un fin stratège. Croyez-moi, ce référendum n'est pas une improvisation, et il n'aura rien d'anecdotique.

Petrol soupira, cachant son intuition qu'Octave parlait en connaissance de cause.

― Le Roi ne laissera jamais un continent entier s'en aller. Pourquoi est-ce qu'il accorderait la moindre valeur à un vote ? Il ne prétend pas vivre en démocratie, que je sache !