Dix-septième chapitre

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Novembre 2186 - Age d'Octave - 45


Les généraux d'Oxydria avaient rejoint la salle de commandement sur convocation de l'Interprète.

L'endroit était doté d'une spécificité peu commune : enfoui à plus d'un kilomètre sous le sol, nul ne savait le situer sur une carte. Pas même ceux qui s'y trouvaient. Le Cerveau avait décidé seul de son emplacement, et entrepris les travaux lui-même, par le biais des machines dont il avait le contrôle. On s'y rendait par le système de transport en canalisations, dans une cellule atube. Sous réserve d'habilitation.

― La puissance militaire du Roi, déclara le généralissime, provient de ses vassaux les héritiers, et de ses prémiums.

McLyster exposait les faits d'une manière qui plaisait à Octave. Contrairement à ses collègues politiciens, le militaire était factuel et ne lui donnait pas l'impression de le tester.

― Les prémiums, répéta Octave. On dit qu'ils sont invincibles. Qu'en pensez-vous ?

McLyster secoua la tête d'un air dubitatif.

― Je ne sais pas. Les premiums constituent l'armée personnelle du Roi. Ils ne sont pas tout à fait humains. On les a élevés à la guerre dès leur plus jeune âge, triés parmi des millions de candidats... Leur gros point fort, c'est surtout leur niveau de robotisation.

― On peut dire que c'est carrément une armée de robots, précisa le général de l'air. On n'aurait pas le droit d'en avoir une comme ça en Oxydria.

— Et pourquoi pas, d'ailleurs, si c'est ça leur point fort ?

— Ce serait donner trop de pouvoir à l'IA, répondit le seul amiral du conclave. Sans compter que ça coute une blinde en métal et en énergie...

— Mais c'est efficace, le coupa Octave. Puisque c'est ce qui a fait basculer la guerre de trente-neuf. Comment voulez-vous qu'on se batte si notre armée est moyenâgeuse ?

— Vous prêchez un convaincu, abonda le généralissime.

— Au-delà d'un certain degré, la robotisation devient dangereuse, insista l'amiral.

C'était exactement le genre de discours qui exaspérait Octave. L'Oxydria avait le don de négliger l'urgence du court terme, au profit de la stabilité à long terme. Sans doute était-il sage de procéder ainsi, mais avec un ennemi aux aguets, le pragmatisme s'avérait plus efficace que la sagesse.

― Ce sont des règles d'un autre temps, dit-il. Il y a des sécurités informatiques maintenant, non ?

La réponse ne sembla évidente à personne.

― Je veux un rapport de chacun d'entre vous sur la possibilité de robotiser son armée.

Les généraux se regardèrent incertains. Le plafonnement de la capacité militaire des robots était inscrit dans la constitution depuis la fondation de l'Oxydria.

― N'est-ce pas à l'Assemblée Générale de décider de cela ?

L'insolence du général des souterrains fit bouillonner Octave, si bien qu'il préféra l'ignorer.

― Continuez votre exposé, McLyster.

Le généralissime fit apparaitre la carte holographique du monde, sur toute la surface de la table, et en désigna une région.

― Nous avons établis des zones franches dans quatre grandes villes de la côte africaine, et depuis un mois, nos forces tiennent sans difficulté. En fait, on n'a essuyé aucune résistance d'envergure.

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