Treizième chapitre

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Mars 2165 - Age d'Octave - 23


Le cœur du jeune Octave tambourinait dans sa poitrine.

Il poussa la porte de la salle d'audition, où un jury perplexe attendait le prochain candidat. Il se sentait si raide en pénétrant dans la pièce vide, qu'il se les figurait déjà en train de se moquer de lui.

A peine arrivé, il aurait voulu s'enfuir.

La salle était illuminée aux couleurs bleu-ciel de l'émission, dont le titre apparaissait autant sur les murs qu'au plafond : La meilleure loi ! En face de lui, les membres du jury occupaient trois imposants sièges, destinés à sublimer leur réussite.

Un délégué de la Guerre se trouvait parmi eux, au centre et sur un plus grand siège. De son côté droit, un vieil homme à la chevelure argentée campait habituellement le rôle du critique bienveillant, tandis que de l'autre, une femme aux lèvres pincées jouait celui du mauvais flic. Pour faire grimper l'audimat, un jury cassant s'avérait indispensable.

L'émission était regardée par près d'un demi-million de personnes en direct. De même qu'un holo-crochet musical recherche les talents vocaux, La meilleure loi ! voyait défiler les candidats avec des propositions de lois.

N'importe quel citoyen militant avait le droit de soumettre son idée par le biais de l'application dédiée. Mais avant d'être débattue à l'Assemblée, elle devait passer une série de tests de pertinence. Des tests si nombreux que la probabilité de voir une proposition publiée était plus que dérisoire.

L'émission permettait d'accélérer le processus, en convainquant un délégué de la sponsoriser. Les délégués de moindre importance profitaient ainsi de l'audience pour travailler leur image. C'était le cas de Petrol Valentine, qui portait déjà sa fameuse moustache et présidait le casting ce jour-là.

D'une timide touche de bracelet, Octave le salua en premier, concentré pour ne pas trembler. Il fit de même avec le vieil homme, et termina par la femme guindée, laquelle lut son bracelet à haute voix.

― Octave Banks, vingt-trois ans, grade de cinq... Vous avez probablement une proposition très pertinente, pour qu'on vous ait laissé passer avec un grade si... modeste !

— Je...

— On vous laisse nous l'exposer !

Même sous sa tunique thermo-régulée, il sentait la moiteur envahir sa colonne vertébrale, augurant d'une éloquence minimale.

Il balbutia.

― Voici ma proposition...

― Je n'entends rien de ce que vous dites, l'interrompit Petrol. Pourriez-vous parler plus fort.

Octave s'éclaircit la gorge et s'efforça d'affirmer sa voix.

Voici ma proposition... Je souhaite l'interdire l'émigration de nos citoyens vers l'Orient. L'interdire pour une durée supérieure à deux années... deux années en cumulé dans sa vie, pas à la suite...

« Très bien Octave, fit Brian. Ne donne pas l'impression de t'excuser d'être là. »

La pimbêche dodelina de la tête pour marquer son scepticisme d'entrée.

― J'imagine que vous n'avez pas songé à passer par le circuit habituel ?

― Si, en fait... je l'ai fait.

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