Neuvième chapitre

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Avril 2185 - Age d'Octave - 44


Les mille délégués entrèrent un à un dans le grand hémicycle, rejoignant chacun le siège qui lui était attitré.

L'Assemblée de la Guerre était majestueuse. La plus belle de toutes. Ses boiseries constituaient l'un des rares vestiges du temps où la richesse et le pouvoir allaient de pair. Une exception à la sobriété oxydrienne en matière de ressources, tolérée par ses fondateurs.

Octave pianotait sur la lumière de son bracelet. Ses propositions étaient rédigées depuis des lustres, fin prêtes à intégrer l'application dédiée.

A l'heure exacte du début de la séance, David apparut en hologramme sur le siège voisin, et salua d'un geste chacun de ses voisins. Petrol, délégué de moindre importance, était relégué au second rang, juste derrière eux.

La lumière de la salle se tamisa et un hologramme apparut au-dessus de la scène.

« 9 Avril 2185 – Referendum en Afrique ; Audience première. »

La voix familière du Cerveau débuta son exposé, tandis qu'une carte géante de l'Orient chassait les caractères en lévitation. Le ton était solennel, et le spectacle de son et lumières parfaitement mis en scène. Les délégués ne pouvaient que se sentir impliqués.

« Sept millions de citoyens ont demandé la convocation de l'Assemblée, afin qu'elle apporte son jugement sur un évènement.

» Il y a presque une heure, le Prince d'Afrique Karim Mouttak, a annoncé la tenue prochaine d'un référendum en Afrique. Il propose l'indépendance du continent face à la fédération des Trois-Royaumes. En ce qui nous concerne, la question est la suivante : « Quelle attitude l'Oxydria doit-elle adopter, suite à l'annonce de ce référendum ? »

L'animation holographique illustrait son propos grâce à des images de synthèse. La hiérarchie Orientale s'y matérialisa en commençant par la base : des milliards de citoyens. Puis l'animation remonta l'organigramme en accéléré pour aboutir à son sommet : Un Roi et trois Princes.

« L'Afrique constitue l'un des Trois Royaumes, et c'est la famille des Abdelmariks qui l'administre. Karim Mouttak en est le Prince. Il n'a qu'un seul supérieur : le Roi, qui se trouve être son cousin. »

Les bustes du Prince d'Afrique et du Roi d'Orient s'animèrent dans leurs cases de l'organigramme. Le fait d'appartenir tous deux au clan des Abdelmariks les liait d'un air de famille certain.

« Comme le reste des Trois Royaumes, l'Afrique est à la fois capitaliste et féodale. Capitaliste car ses entreprises privées sont en concurrence. Avec les années, les parts de marché se sont agglomérées dans les mains d'une caste indélogeable de bourgeois, qu'on appelle les héritiers. Ils concentrent l'écrasante majorité des richesses.

» Féodale par son système d'allégeances entre citoyens. En se reconnaissant entre eux comme inférieurs ou supérieurs, les orientaux s'échangent protection contre soutien. »

Un zoom arrière de l'animation révéla l'étendue de la hiérarchie orientale, faisant apparait ses principaux embranchements.

« Comme en Oxydria, la production est automatisée en Afrique. A de rares exceptions près, aucun travail ne permet au citoyen de subsister par ses propres moyens. Lorsqu'il ne nait ni riche, ni noble, il n'a d'autre choix que de prêter allégeance à un héritier, duquel il devient alors le vassal. Il reçoit vivres et logement, en échange de la promesse de son engagement à son service en cas de besoin. Cela comprend le conflit armé. Le niveau de confort offert dépend du suzerain.

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