J'aurais bien aimé l'entendre crier mon nom quand vous vous envoyez en l'air. Je compatis ta peine, ça ne devrait pas être facile de faire l'amour à sa femme pour qu'elle te chante le nom de celui qu'elle aime tant. Quelle mélodie !
Ces paroles tournaient en boucle dans sa tête, il ne pouvait tout simplement pas croire que ce dont lui parlait Diegane Senghor dans le passé ait lieu. Et le pire dans tout ça, c'est arrivé au moment où il commençait à avoir de l'espoir sur sa relation avec Soumaya.
Il espérait tant qu'elle lui ouvre son coeur !
Mais après ce qui c'était passé dans leur chambre, il a compris que Diegane était encré en elle et aucune force ne pourra amortir cet amour.
Son orgueil ne lui permettait pas de rester une minute de plus dans cette pièce où sa femme venait de hurler haut et fort le nom de son ex en plein ébat. Ahmadou Faye roulait en silence, tapant le volant parfois, voulant crier toute sa rage mais une force indescriptible l'en empêchait. Il se stationna dans l'hôtel le plus proche, il risquait de refaire un accident si jamais il continuait de conduire dans cet état. C'est ainsi qu'il se gara au bord de l'hôtel le plus proche où il passa la pire nuit de sa vie.
C'est avec un mal tête atroce que Soumaya s'est réveillée. Elle avait passé presque toute la nuit à pleurer; Non parceque son mari a levé la main sur elle, mais parcequ'elle avait honte et qu'elle a réalisé qu'elle venait de donner raison à ceux-ce qui la traitaient de femme indigne. C'est le qualificatif le plus approprié qui peut être attribué aux femmes qui sont avec leur époux physiquement mais avec quelqu'un d'autre spirituellement.
Elle s'était barricadée dans sa chambre, elle ne voulait parler à personne ni manger, ni boire. Elle insistait parfois sur le numéro de son mari mais se heurtait toujours à son répondeur.
Ce jour là Soumaya n'était pas partie au bureau, ni le lendemain, ni ne surlendemain. Elle ne voulait pas voir la tête de Diegane Senghor, elle en avait assez de sentir son corps trembler à chaque fois que leur regard s'accrochait, marre de supporter le rythme anormal qu'adoptait son coeur toutes les fois où Diegane l'observait avec tellement d'amour.
Une semaine plus tard, Eva Lena fit appel à leur grande-soeur Aïcha Lena Diop car l'état de Soumaya s'aggravait de jour en jour. Elle refusait de s'alimenter, et les rares fois où Eva réussirait à lui faire avaler un truc, elle gerbait tout à la minute qui suit. Ahmadou ne faisait plus signe de vie, il avait complètement disparu de la circulation.
_ Alahou Akbar ! Eva Lena appelle un médecin vite fait, elle ne pourra pas tenir longtemps. Soumaya ? Chérie stp parles moi.
Pendant qu'Eva composait le numéro d'Abdel, Aïcha essayait de faire réagir Soumaya qui s'était couchée en position foetale. Elle lui caressait la tête, passant parfois sa main sur ses joues pour effacer les quelques gouttes d'eau qui échappaient de ses yeux. Sa soeur était enclin à la pitié et elle ne supportait pas de la voir ainsi. Le corps fébrileux, les yeux cernés, les cheveux en désordre totale et le regard triste et lointain, Soumaya souffrait en silence, incapable de se prononcer sur son problème avec Ahmadou. Elle avait honte !
Un quart d'heure plus tard, Abdel fit son entrée et demanda à Aïcha de les laisser seuls. Après consultation, il a remarqué que cela faisait un bon bout de temps que Soumaya ne s'alimentait plus.
_ Dans ton état, les vomissements sont appelés à être fréquents. Alors tu ne dois pas badiner avec la nourriture Soumaya. Je vais te prescrire des vitamines, tu vas les prendre après avoir mangé.
La mine désintéressée, elle prit la feuille d'ordonnance puis se coucha à nouveau.
_ Tu devrais faire un effort pour le bébé.
